Ce roman est la suite de l'Enfant et fait partie de la trilogie Mémoire d'un révolté. On retrouve le Vallès proche des miséreux et farouche républicains dans ses premiers combats politiques. Alors qu'il aurait pu faire carrière dans l'éducation nationale et avoir une vie confortable, il a choisi de vivre selon ses convictions, jusqu'au-boutistes, vivant dans la misère et la faim. Les événements du récit évoquent le coup d’État de Napoléon III qui met fin à la Seconde République, à une époque où être républicain n'avait pas la même signification qu'aujourd'hui.
Résumé complet
Après avoir échoué au baccalauréat, Jacques Vingtras est de retour à Paris en 1850, enfin libre du joug de ses parents. Ceux-ci l'entretiennent, mais ce n'est pas suffisant et il va devoir faire des petits boulots pour survivre.
Depuis tout petit, Vingtras a vécu avec la violence de ses parents, a évolué dans un monde d'hypocrites dénigrants les pauvres. Ces sentiments gardés en lui ont eu un écho à Paris. il fait la connaissance de camarades républicains communistes avec qui il assiste au cours de Michelet :
Le cours de Michelet est notre grand champ de bataille. Tous les jeudis, on monte vers le Collège de France. On a fait connaissance de quelques étudiants, ennemis des Jésuites, qu’on ramasse en route, et nous arrivons en bande dans la rue Saint-Jacques. […] Je sais bien que Michelet est des nôtres et qu’il faut le défendre. […] Quelle belle tête tout de même, et quel œil plein de feu ! Cette face osseuse et fine, solide comme un buste de marbre et mobile comme un visage de femme, ces cheveux à la soldat mais couleur d’argent, cette voix timbrée, la phrase si moderne, l’air si vivant ! Il a contre le passé des hardiesses à la Camille Desmoulins ; il a contre les prêtres des gestes qui arrachent le morceau ; il égratigne le ciel de sa main blanche.
L'époque du récit est tumultueuse. Vingtras est revenu à Paris deux ans après la proclamation de la Deuxième République (1848-1852) qui succède à la Monarchie de Juillet (1830 – 1848). Une République encore très fragile donc. En mars 1951, l'administration du président Louis-Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III) fait interdire les cours de Michelet. Des élèves vont alors manifester subissant la répression du pouvoir. Certains vont essayer de s'organiser en comité en nommant Vingtras comme représentant.
Le 2 décembre 1851, Bonaparte réussit un coup d'État grâce auquel il mettra fin à la Seconde république et restaurera l'Empire un an plus tard à cette date anniversaire. Les étudiants échoueront à rallier les ouvriers contre le coup d'État. Les parents de Vingtras demandent à leur fils de revenir sur Nantes. Des rumeurs courent disant qu'il a pris part aux manifestations contre Bonaparte, ce qui pourrait être préjudiciable pour la carrière de professeur de son père. Il quitte sa petite amie qu'il retrouvera à son retour prêt à se marier avec un argenté
À Nantes, les relations avec son père ne sont toujours pas meilleures qu'avant son départ pour Paris. Comme par miracle, Jacques reçoit un héritage inattendu d'une voisine qui le protégeait des sévices que lui faisait endurer sa mère lorsqu'il habitait encore en Auvergne. Le climat familial n'étant pas au mieux et Jacques étant encore mineurs, son père décide de lui distribuer 40 francs de l'héritage par moi pour qu'il puisse subvenir à besoins à son retour Paris.
À la capitale, il retrouve Legrand avec qui il avait renoué contact à Nantes. L'argent vient à manquer d'autant que Jacques va aider Legrand à subvenir à ses besoins. Ils vont se retrouver à habiter à deux dans une chambre mansardée où ils ne peuvent même pas s'allonger complètement...
Vingtras va à nouveau cumuler les petits boulots. Il va se rendre dans des familles bourgeoises pour enseigner le latin aux enfants ou dans la rédaction de dictionnaires, mais ces boulots ne sont pas réguliers et Vingtras passera beaucoup de soirées sans manger.
Côté politique, la répression de Bonaparte a calmé les velléités des républicains. Les camarades font profil bas suspectant le moindre inconnu d'agent du pouvoir. Mais ce calme apparent n'empêche pas une tentative de régicide à laquelle participera Vingtras. Il se fera arrêter puis relâcher dans la foulée. Par la suite, il va vivre de métiers alimentaires autour de l'édition. Ses textes seront systématiquement refusés, car trop polémiques, les journaux ne voulant pas d'ennui avec le pouvoir.
Du côté familial, ses parents se séparent. Le père part dans le nord avec son amante et sa mère retourne en Auvergne. Vingtras va finalement abdiquer, celui qui voulait "brûler les collèges" va devenir pion dans son Auvergne natale. Un aveu d'échec pour celui qui c'était juré de ne jamais exercer cette profession.
La trilogie Mémoire d'un révolté :