Au début du XXe, l'Angleterre et la France détiennent une grande
partie des colonies. Des tensions sont apparues avec des nations se
sentant lésées et deviendront une des conséquences de la Première
Guerre mondiale. Avant que le Maroc soit sous protectorat français,
l'Allemagne avait essayé de s'approprier ce territoire avec des
discours anti-français de la part de Guillaume II en personne.
D'autres incidents diplomatiques du même type vont se succéder jusqu'à
l'assassinat de l'archiduc d'Autriche François-Ferdinand le 28 juin
1914 par un nationaliste serbe à Sarajevo. Durant cette guerre, la
France va envoyer 200 000 tirailleurs sénégalais et, en promettant le
droit de vote et des conditions plus favorables, 600 000 individus des
colonies africaines pour se battre et 300 000 autres pour faire
tourner les usines. Après la guerre, les colonies allemandes sont
partagées entre l'Angleterre, la Turquie et la France qui obtiendra le
Togo, le Cameroun, et la Syrie (dont le Liban faisait encore partie en
tant que région autonome).
Entre 1921 et 1926, la guerre du Rif a éclaté. Elle opposait les
Espagnols et les Français contre les tribus de la République du Rif
(située au nord du Maroc, sous protectorat espagnol). Dans ce conflit
participeront deux hommes qui prendront plus tard le pouvoir dans leur
pays respectif : Francisco Franco et Philippe Pétain. La République
du Rif sera dissolue à la fin de la guerre qui aura coûté la vie à 150
000 hommes, dû notamment à l'utilisation massive du gaz moutarde.
Plus tard, c'est la guerre du Kongo-wara qui éclate entre 1928 et
1931. Elle s'étend à plusieurs colonies de l'AEF et les causes sont
multiples : régime de concession (un état délègue l'administration du
pays à une puissance étrangère qui investi, en théorie, pour le
développement du pays), l'impôt indigène, les réquisitions d'hommes,
les constructions de routes et du chemin de fer Congo-océan qui
déracine la population. Cette insurrection sera supérieure en nombre
que les militaires français, mais moins armée. Cette guerre aboutira à
l'extermination de 10 % de la population.
Après ces différents accrocs, il a fallu redorer le blason de la
colonisation. Alors, à Paris est organisée en 1931 l'exposition
coloniale internationale qui présente ce qui a été rapporté - pillé -
dans les différentes colonies. Puis arrive la Seconde Guerre mondiale.
De Gaule parvient à rallier plusieurs colonies à sa cause plutôt qu'à
celle de Vichy. Il doit cependant concéder l'indépendance de la
Syrie. En 1942, il fonde le comité français de libération nationale à
Alger et en 1944 il fait un discours lors de la conférence de
Brazzaville où il promet l'éducation, l'égalité, la santé au sein de
différentes colonies françaises. Des paroles qui ont porté leurs fruits
puisque 350 000 indigènes viendront combattre sous les couleurs
françaises. Après la guerre, lors de la Constitution du 27 octobre
1946 (de la IVe république) le terme d'empire colonial est remplacé
par celui d'Union française et les colonies par celui des départements
et territoires d'outre-mer.
À la fin de la guerre, les différents empires coloniaux vont
s'effondrer. Pour la France, ça commence dès le 8 mai 1945. Ce jour-là
à Paris tout le monde est dans les rues et fête la Libération. À
Sétif, en Algérie, a également lieu une marche du même type. Des
nationalistes algériens en profitent pour revendiquer l'indépendance.
Tout dérape lorsqu'un policier tire sur un jeune scout musulman tenant
un drapeau de l'Algérie. Des émeutes se déclenchent, l'armée
française réplique fermement. Les chiffres sur le nombre de morts
varient énormément selon les parties. Les historiens évoquent une
fourchette entre 8 000 et 15 000 morts. Cette journée sera la prémisse
de la révolution algérienne 10 ans plus tard.
C'est en Indochine que la guerre de décolonisation débute
véritablement. En 1941, Hô Chi Minh créer le Viêt Minh, une
organisation politique paramilitaire créée par le Parti communiste
indochinois et regroupant différents groupes nationalistes qui
s'oppose à la fois à l'occupation japonaise et la colonisation
française. Craignant un débarquement allié en Indochine, les Japonais
quitte le territoire en août en accordant l'indépendance au Laos et au
Cambodge. À la suite de cette révolution d'août, Hô Chi Minh déclare à
son tour l'indépendance de la République démocratique du Viêt Nam.
Début 1946, les troupes françaises menées par le Général Leclerc
reprennent le Laos, la Cochinchine et le Cambodge. En 1949, l'arrivée
de Mao en Chine permet au Viêt Minh d'être moins isolé. La guerre
s'enlise ensuite. Les villes sont reprises par les Français, tandis que
les zones rurales continuent de résister. En métropole, le conflit
n'est pas bien vu dans l'opinion publique.
Les États-Unis qui ne voulaient pas intervenir dans un conflit
colonial, sont inquiets de la résistance communiste et vont financer
la France à 80 %. La bataille de Diên Biên Phu perdu par les Français
mettra un terme à cette première guerre d'Indochine et par la
ratification des accords de Genève du 21 juillet 1954, mais non
acceptée par les États-Unis et l'État du Viêt Nam Sud. L'Indochine
éclate alors en quatre pays : Cambodge, Laos, République démocratique
du Viêt Nam (Nord), État du Viêt Nam (Sud). Ces deux derniers pays
devaient organiser un référendum pour l'unification du pays. Mais Diem
le chef de L'État du Viet Nam l'a refusé et entrait en guerre —
soutenu par les États-Unis — contre le nord dirigé par le Parti
communiste et Hô Chi Minh. Ainsi éclate la guerre du Viêt Nam. Le
bilan de celle d'Indochine est de 100 000 morts côté français
(métropole, Indochinois, Africains, légionnaires) et 500 000 côté
civils. Celle du Viêt Nam verra la défaite des États-Unis et la
réunification du pays un an plus tard. Aujourd'hui encore, le parti
communiste est à la tête de ce pays.
En Algérie, la contestation réprimée à Sétif s'est organisée dans la
clandestinité durant près de dix ans. Le 1er novembre 1954, 30
attentats sont perpétrés simultanément dans le pays par un groupe
alors inconnu : le Front de Libération National (FLN). En conséquence,
le ministre de l'Intérieur François Mitterrand fait dissoudre le
Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, le plus
important parti nationaliste algérien, et envoie 26 000 hommes en
renfort. Le 20 août 1955, le FLN organise des manifestations dans
différentes villes du pays. Des émeutes éclatent et feront 123 morts,
dont 71 Européens. À la fin de l'année 1956, les forces françaises en
présence seront constituées de 350 000 hommes. À cette période, les
différents partis nationalistes se sont ralliés au FLN, sauf le
Mouvement national algérien (MNA). L'affrontement entre ces deux
partis, aidés par la France qui propageait de fausses informations,
aboutira à la mort de 10 000 personnes. Dans sa communication, le
gouvernement français va jouer sur les mots. La guerre deviendra
"opération de maintien de l'ordre" ou bien la révolution algérienne
deviendra les "événements algériens", afin de dédramatiser la nature de
la guerre auprès de l'opinion publique.
La loi du 3 août 1955, signé par le ministre de l'Intérieur Maurice
Bourgès-Maunoury et le ministre de la Défense, le général Koenig,
permet la saisi des textes dénonçant les agissements français et donne
carte blanche sur les procédés d'interventions : « la lutte doit
être plus policière que militaire (…) Le feu doit être ouvert sur tout
suspect qui tente de s’enfuir (…) Les moyens les plus brutaux doivent
être employés sans délai (…) Il faut rechercher le succès par tous
les moyens. » Un autre signé par le ministre de la Justice,
Robert Schuman, en août, confer une sorte d'immunité aux agissements
français : « une action supprimant la responsabilité pénale de ses
auteurs (…) [Sera suivie] d’un refus d’informer (…) Les plaintes
devront faire l’objet d’un classement sans suite, dès lors qu’il
apparaîtra incontestable que ces faits sont justifiés par les
circonstances, la nécessité, ou l’ordre de la loi. »
Durant cette guerre, l'immigration passe de 200 000 à 400 000
individus. La situation était paradoxale. Les immigrants faisaient
tourner les usines, dont certaines d'armements, et finançaient le FLN.
En 1958, une fois de plus la France ne s'en sortait pas. En Algérie,
le contingent français atteindra 500 000 hommes. Le Général de Gaule
accepte de revenir au pouvoir si on lui permet de revoir la
Constitution, avec un exécutif plus fort que le législatif et le
judiciaire, qui étaient tous égalitaires dans la IVe République. Dans la
foulée, il met en place un referendum par lequel les Français
acceptent que les Algériens soient consultés sur leur indépendance. En
Algérie, quatre généraux en désaccord avec la politique de de Gaule
tentent alors un putsch qui n'aboutira pas. Un peu plus tard apparaît
l'Organisation Armée Secrète (OAS, extrême droite) et ferra plus
d'attentats en un an que le FLN durant toute la guerre. À Paris un
couvre-feu est instauré pour les Algériens afin d'éviter les
affrontements avec les membres de l'OAS. Pour protester, le 17 octobre
1961, 30 000 personnes ont défilé dans les rues. Maurice Papon —
condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l'humanité pour son
rôle dans la déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale —
alors préfet, ordonna la répression qui fera 200 manifestants tués,
plusieurs milliers blessés et 12 000 arrêtés.
Les accords d'Évian du 18 mars 1962 aboutissent à un cessez-le-feu
immédiat. Ils ont été approuvés par 90 % des Français de métropole. Le
5 juillet 1962, à la suite d'un référendum, l'Algérie accède à
l'indépendance. Un million de pieds-noirs reviennent en France, ainsi
que de nombreux Harkis — Algériens engagés dans l'armée française. Il y
a eu 20 000 morts côtés français et 500 000 côtés algériens. Les
membres de l'OAS ont été amnistiés et réhabilités au sein de l'armée
française. Cette guerre a permis à la France d'exporter son
savoir-faire en matière de guerre contre-insurrectionnelle,
particulièrement auprès des dictatures d'Amérique latine.
L'indépendance du Maroc a été plus "simple". En 1947, le sultan
Mohammed Ben Youssef réclame l'indépendance du pays. En 1953, il sera
envoyé en exil et remplacé par Mohammed ben Arafa, répondant mieux aux
intérêts étasuniens et français, mais la population n'en veut pas
engendrant émeutes et attentats. En 1956, Mohammed Ben Youssef revient
dans un Maroc indépendant et se fera appeler Mohamed V. Il
sera rapidement succédé par le despotique Hassan II. La Tunisie
devient indépendante le 20 mars 1956 et vivra sous la dictature de
Bourguiba. Les Malgaches paupérisés et maintenus dans un niveau
d'inculture se révoltent une première fois le 29 mars 1947 contre les
intérêts des colons. Pour les stopper, des tirailleurs marocains et
algériens sont envoyés faisant plusieurs milliers de morts. Le pays
accédera finalement à l'indépendance le 26 juin 1960. Durant cette
période, les colonies africaines obtiendront leur indépendance plus ou
moins facilement.
Mais cette décolonisation africaine a été remplacée par de bonnes
relations qui permettent à la France de conserver ses intérêts
économiques dans ses anciennes colonies en maintenant au pouvoir de
ces nouveaux pays des individus acquis à sa cause. C'est la
Françafrique.
Résumés des différents tomes :