En 1805, la défaite de Trafalgar est un nouveau coup dur pour
Napoléon suivi 10 ans plus tard par celle de Waterloo. Pour redorer
son blason après cette succession de déboire, la France décide de
s'attaquer à plus faible qu'elle, l'Afrique, en commençant par
l'Algérie. Les différentes campagnes napoléoniennes ont endetté la
France et entre 1793 et 1798 elle se procure du blé à crédit. 30 ans
plus tard, le dey d'Alger n'a toujours pas été remboursé et impose un
ultimatum en 1827. Le consul de France Pierre Deval le refuse et excédé
le dey lui donne un coup d'éventail, incident diplomatique majeur. La
France impose alors un blocus maritime à Alger. Après d'autres
entrechoques, l'armée française envoie sa flotte et prend Alger en
moins d'un mois et pille les villes qu'elle traverse. C'est la France
qui va procéder aux premiers gazages de masse de population, bien
avant les nazis donc. Les militaires français réunissaient les
récalcitrants dans des grottes et allumaient des feux pour les
asphyxier. L'enfumage a été inventé le 8 mai 1945 par le général de
Cavaignac et utilisé par le colonel Pellisier, faisant 45 000
victimes.
Le chef militaire algérien Abd el-Kader va mener le Djihad contre
l'occupation française et pratiquera le harcèlement permanent, propre
aux mouvements de résistance, pendant 15 ans. Il déposera les armes en
1847 et sera emprisonné.
Dans un rapport de 1947, Tocqueville écrivait : « nous avons
rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée,
plus ignorante et plus barbare qu’elle n’était avant de nous connaître
». Avant la colonisation de l'Algérie, la terre appartenait aux
tribus. La France s'est approprié les terres et les a revendus, la
plupart du temps à des colons qui devenaient de grands propriétaires
qui exploitaient les autochtones. L'ancienne aristocratie algérienne
bénéficiait de largesse en travaillant par exemple pour les impôts. En
conséquence des millions de paysans ont été déplacés dans des
endroits peu propices à l'agriculture. La classe bourgeoise pouvait se
pavaner sans difficulté puisque les colons de la classe ouvrière et
les indigènes ne s'alliaient pas. En 1881, la France met en place le
code de l'indigénat qui interdit aux indigènes de circuler librement,
de se réunir sans autorisation et leur laisse un droit de vote,
mais limité.
La Tunisie acquerra un statut différent de celui de l'Algérie
(département français) : le protectorat. À la différence d'une
annexion d'un territoire, le pays sous protectorat conserve et gère
ses institutions. En revanche, la diplomatie, le commerce et l'armée
sont gérés par la puissance coloniale et officieusement, celle-ci
influence très largement la politique intérieur. Avant l'arrivée des
Français, la Tunisie était dirigée par un préfet (bey) sous les ordres
de l'Empire ottoman. La Tunisie avait contracté des prêts auprès de la
France et pouvait difficilement refuser le protectorat français
instauré par le Traité du Bardo le 12 mai 1881. De la même façon, au
début du XXe, le Maroc s'endette auprès de la France. Le traité de Fès
est signé le 30 mars 1912, mettant le Maroc sous protectorat
français.
C'est lors de la conférence de Berlin — clôturée le 23 février 1885
— que les puissances coloniales s'accorderont dans le partage de
l'Afrique (avec une règle et un crayon, sans prendre en compte la
situation sur le terrain) et sur les règles de colonisation, dont la
condition indigène (qui n'aura aucun impact). Les colonies africaines
françaises se divisaient alors en deux : l'Afrique-Occidentale
Française (AOF) et l'Afrique Équatoriale Française (AEF). Mais sur le
terrain, les autochtones résistent... un peu... Dans ses colonies, les
militaires français commettent d'incessants pillages. Le plus grand
massacre aura lieu à Birni-N'Konni au Niger où les 15 000 habitants
sont tués par la mission Voulet-Chanoine en route pour le Tchad. Là
encore, les nazis n'ont pas le monopole de la cruauté.
La Réunion est découverte en 1642. Sa colonisation se fera de la même
façon qu'aux Antilles avec des immigrants de la métropole et des
esclaves d'Afrique. Après la seconde abolition de l'esclavage, celle
de 1848, et la création du Canal de Suez en Égypte, l'ile est en
déclin. Pour relancer son activité économique, un protectorat est
instauré aux Comores et à Madagascar. Dans cette deuxième ile, la
reine Ranavalona III, non concertée dans la décision s'en prend aux
intérêts français. Mais très rapidement, 15 000 hommes sont envoyés
pour annexer le territoire.
Les dernières acquisitions françaises se feront à la fin de la
Première Guerre mondiale. Les Allemands défaits doivent céder le
Cameroun et le Togo à la France.
En Océanie, Tahiti est visité pour la première fois par des Français
en 1768 (Bougainville). Mais ce ne sera pas avant 1842 que l'ile sera
sous protectorat français. Après avoir tenté de coloniser en vain la
Nouvelle-Calédonie avec des missionnaires, la France envoie son armée
pour en faire une colonie le 24 septembre 1853. En 1872, les
communards arrêtés y sont envoyés (dont Louise Michel) et seront
victimes d'une révolte indigènes. La France va s'évertuer à détruire
la culture canaque. La Population va être divisée en deux entre 1853 et
1878. Les intérêts de la France sont ailleurs, pour le nickel.
La France n'a jamais pu avoir une grande influence en Inde, due à la
présence des Britanniques. Le pays se contente alors de l'Indochine où
il avait envoyé des missionnaires dès le XVIIe. La conquête militaire
se fera à partir de 1852 jusqu'à 1896. L'Indochine française
comprendra le Tonkin, l'Annam et la Cochinchine — regroupés en 1949 au
sein de l'État du Viêt Nam — le Laos et le Cambodge.
Résumés des différents tomes :