Démineur nous plonge dans les derniers jours avant sa relève d'une unité de
déminage américaine en
Irak. Le scénario n'est pas complexe. En revanche, les
différentes situations auxquelles sont confrontés les membres qui la constituent
l'est davantage. En effet, ils interviennent régulièrement dans des endroits à
découvert et peuvent donc être à la merci d'un sniper embusqué. Voilà pourquoi
il règne une énorme tension avec les habitants du coin. Les soldats ne veulent
pas se faire tuer (un sentiment humain) et se méfient de tout le monde. Chaque
irakien est alors un "terroriste" potentiel. Je mets se terme entre guillemets
puisqu'ils ont été envahis. En France, durant la Seconde Guerre mondiale, on les
appelait des résistants. Tout n'est qu'une histoire de point de vue et de
sémantique.
Il y a beaucoup de suspicion de la part des soldats, ce qui est légitime, par
contre je trouve regrettable que le spectateur en fasse de même. La façon dont
les situations sont mises en scène nous donne l'impression que les Irakiens sont
tous des assassins potentiels.
Ce film est éminemment politique. Aux États-Unis cette guerre d'Irak (et
celle d'Afghanistan) est souvent évoquée, surtout lors des élections. Je ne sais
pas si c'est voulu, inconscient ou involontaire de la part de la réalisatrice,
mais elle semble donner direction pro-guerre à ce film.
D'abord en mettant en scène une unité de déminage, elle donne une vision
bien angélique des soldats étatsuniens qui dans ce cas interviennent pour
secourir des populations et éviter si possible de nouvelle destruction
d'habitation. En ne choisissant pas les unités d'infanterie classiques qui sont
là pour traquer les résistants, voir les tuer, elle évite de montrer l'horreur
meurtrière de la guerre (dans les deux camps), et donne ainsi une image de
bisounours aux soldats.
Aussi, elle victimise les soldats qui sont pourtant les envahisseurs. Bien que
beaucoup d'entre eux ont été trompés par Bush au sujet des armes de destructions
massives, ils ont choisi de servir au nom de l'impérialisme étatsunien. Cette
victimisation donne un caractère héroïque au guerrier, et un sentiment affectif
nait chez le spectateur envers ce brave soldat.
Enfin, c'est pour moi un film de propagande pro américain, puisque qu'à aucun
moment on a le point de vu des Irakiens. Sur le mène thème, la guerre en Irak,
je recommanderais "Battle For Haditha" mettant en scène un des massacres
perpétré par les Américains en Irak - faits réels - mais surtout Redacted qui
apporte un regard plus neutre sur la situation et qui montre l'incompréhension
des deux camps l'un vis-à-vis de l'autre. Dommage que ce dernier film cité n'ait
pas été autant récompensé que Démineurs qui a reçu 6 oscars et qui peut se
vanter d'avoir battu Avatar un des plus gros succès du cinéma - à propos
d'Avatar, James Cameron est l'ex-mari de Kathryn Bigelow.
Déception.