Dans le bas Mouffetard, station Paris-Village Comment être à la fois au Fer et au Moulin ? J’ai vécu des années sur l’étrange rivage Aux berges de béton, d’un cours d’eau souterrain Un kébab à midi, midi à 18 heures, pour l’expresso Saint Médard guidera bien nos pâles humeurs jusqu’au bistrot
Quatre ans, dix ans, cent ans, si loin De mon vieux chez moi parisien Ils coulent encore sur mes nerfs Les étranges remous de l’obscure rivière
Place du Panthéon dans le petit matin Se lève l’aube grise des débuts d’hiver Étudiant dilettante, quelques cours en main J’hésitais entre Kant et la première bière Les portails du Lucos aux quatre coins ouverts, des Sorbonnards Comparant les rapines chipées à Gibert rayon beaux arts
Dimanche humide et froid sur le jardin des plantes D’ici à Austerlitz, même brouillard épais Pas vraiment réchauffé par le thé à la menthe On longe les façades de la rue Cuvier Arènes de Lutèce et Monge sous l’orage, les volets claquent On insulte les bus nous trempant au passage à chaque flaque
Quand je suis accoudé sur le pont Saint-Michel Que la Seine sous moi roule ses eaux boueuses Aussi trouble que la morne lavasse du ciel C'est toujours la même question dans ma tête fiévreuse
Combien de noyés de sont jamais remontés ? Les poches remplies de plomb, ou lestés d'un pavé Ils continuent de pourrir au fond de ces flots sales C'est ce courant immonde qui a étouffé leur râle
Sans doute sont-ils bien plus nombreux qu'on ne l'imagine Ces cadavres gonflés d'eau amère et de vase Bouffés par les poissons, rongés par la vermine Les paupières mi-closes comme au cœur de l'extase
Et c'est dans le flux de ces vagues maladives Que l'âme des suicidés part à la dérive Et continue de pourrir au fond de ces flots sales C'est ce courant immonde qui a étouffé leur râle
Vierge un peu espagnole, au visage blafard Aux yeux clairs éperdus, azur brûlant l’ivoire Vous bercez, moitié triste et moitié terrifiée La sainteté étrange d’un Jésus mort-né Votre châle se perd en longs plis de satin Pourpre moirée d’ébène aux froissements sanguins Dans la pénombre humide des vieux oratoires Le sifflement du vent pour unique offertoire
Notre-Dame des fous, Mère des sept douleurs Grande Madone en pleurs Ce soir, priez pour nous
Vous êtes l’ombre noire qui, au soir tombant Quand le dernier soldat a regagné le camp Bénit l’horrible moisson du champ de bataille Apaise les mourants aux béantes entrailles Et clôt les yeux des morts qui pourrissent déjà. Implacable compagne des brutaux trépas, Sereine, agenouillée dans la boue des carnages Vous priez sous les ciels déjà chargés d’orages
Notre-Dame des peines Mère des sept souffrances Pardonnez nos offenses Et chez nous soyez Reine
Vous êtes la chandelle au chevet du vieillard Qui crève lentement, imbécile et hagard Dans un morne hôpital sinistre et solitaire Et ne sait trop s’il doit appeler l’infirmière Vous êtes la voix douce et feutrée qui murmure À l’oreille du prisonnier que l’on torture « Bientôt mon cher enfant prendra fin le supplice » Et lui, dans un hoquet, hurle : « ora pro nobis ! »
Notre-Dame des gouffres Mère des agonies Soyez l’astre qui luit Dans l’œil de ceux qui souffrent
Notre-Dame des gouffres Mère des agonies Soyez l’astre qui luit Dans l’œil de ceux qui souffrent
Reine des aliénés, reine des cauchemars Des asiles déserts, des morgues, des mouroirs Des réveils en sueur au milieu de la nuit Des angoisses, des peurs et des neurasthénies Des fantasmes malsains, des larves chimériques Des blasphèmes criés en langage hystérique
Priez pour nous ! Priez pour nous ! Priez pour nous !
Après cette si longue nuit, se réveiller enfin Tant d’années de ténèbres chassées en un matin Voir se dissiper dans un clair ciel d’hiver Cette rage sans espoir, cette anxiété amère Ne plus avoir de comptes à rendre qu’à soi-même Chasser d’un seul coup les dernières migraines Se réveiller sans crainte, sans ce tonnerre sourd Qui ébranle le cerveau à chaque nouveau jour
Une aurore éternelle Une aurore éternelle Une aurore éternelle Une aurore éternelle
Ne plus rien ressentir qu’un apaisement froid Avoir évité la peste et le choléra Se relever enfin dans une aube glaciale Ne plus s’encombrer, ni du bien ni du mal Ni remords ni rancunes, un oubli sans appel Des années d’aigreur jetées à la poubelle Ne plus rien attendre, se laisser glisser Sans appréhension
Une aurore éternelle Une aurore éternelle Une aurore éternelle Une aurore éternelle
Se diluer, se dissoudre Ne plus jamais chercher à en découdre Calme plat, écho sourds S’accommoder pour une fois de ce mortel séjour
Pas un bruit, pas un souffle sur la plaine liquide Qui s’étend, grise et sombre, comme une plaque d’acier Elle frissonne un peu, plissée de quelques rides Qui effleurent à peine la surface argentée Mais du cœur du silence une rumeur s’approche Comme un grondement sourd, un orage étouffé Faisant trembler l’écume qui déjà s’effiloche Et s’agite, et bouillonne, prête à se soulever
Refrain : Les poissons abyssaux remontent De leurs monstrueuses profondeurs Entends-tu la clameur qui gronde Derrière leurs visages d’horreur ?
Soudain le ciel se fane, prend des tons de tempête Et des vagues immenses se dressent et déferlent Les flots hurlent et s’éventrent, le vent courbe les crêtes L’étrange bruit se fait roulement de tonnerre C’est d’en bas qu’il provient, des grands fonds insondables Des lugubres abîmes, des froids enfers marins Ténèbres inconnues, grandioses, redoutables Où l’eau est presque givre, où la nuit est sans fin
Et puis on aperçoit comme une masse noire Qui semble s’avancer sous l’onde tourmentée Tout à coup surgit une vision de cauchemar Mille formes atroces sortent de l’eau glacée Des crocs démesurés et des yeux de mercure De toutes parts jaillissent et crèvent la surface Et une noire légion d’affreuses créatures Commence à défiler, long cortège d’angoisse
Un vent lugubre de fin de règne Souffle sur nos sociétés mourantes Qui se convulsent et qui saignent Dans leurs contorsions décadentes L’homme cède la place au code barre La procréation au clonage Et un jeune millénaire hagard Naît dans un puant marécage
Toutes nos croyances les plus fortes Et tous nos plus profonds symboles N’étaient-ils que vaines idoles Déjà tombées et bientôt mortes
Le libéralisme à tout prix Paie celui de sa démesure Préparant sa propre agonie Dans sa chute effrénée et sûre Vache folle, OGM Ou guerre bactériologique Ne sont que les prolégomènes D’une fin apocalyptique
Toutes nos croyances les plus fortes Et tous nos plus profonds symboles N’étaient-ils que vaines idoles Déjà tombées et bientôt mortes
Un autre symptôme infaillible Des grands déclins continentaux Les masses devenues insensibles Les arts devenus commerciaux C’est cette noyade culturelle Cette esthétique de l’insipide Vénale autant que superficielle Mêlée à l’attrait du sordide
Toutes nos croyances les plus fortes Et tous nos plus profonds symboles N’étaient-ils que vaines idoles Déjà tombées et bientôt mortes
Et nous entrons dans l’âge de glace Et nous entrons dans l’âge de glace Et nous entrons dans l’âge de glace Et nous entrons dans l’âge de glace
Que sera le monde de demain Engendré par ces tristes ruines Ni surhumain ni inhumain Une ère froide et cristalline Que George Orwell ou Aldous Huxley En leurs si justes prophéties N’auraient pas même imaginé Dans sa pathétique folie
Toutes nos croyances les plus fortes Et tous nos plus profonds symboles N’étaient-ils que vaines idoles Déjà tombées et bientôt mortes
Et nous entrons dans l’âge de glace
Nous les forces vives de la nation Sur la place du même nom On regardait se lever le brouillard Un bras posé sur le comptoir Et pendant que le jour déclinait Nous on déclinait aussi Et puis les années ont passé Et tous les potes sont partis
Et nous de guerre lasse On en est resté là Bloqués à marée basse Sans trop savoir pourquoi
Quand la neige couvrait Bel-Air Et la rue Fabre d’Eglantine On regardait baisser les bières Mais jamais baisser la déprime Pendant que le ciel s’assombrissait On s’assombrissait aussi Et puis les années ont passé Et tous les potes sont partis
Et on ressassait nos rancoeurs Nos rêves déçus, nos faux espoirs Nos fausses joies, nos vrais malheurs Nos débauches et nos déboires Au moins on se comprenait Toujours ça de gagné sur la vie Pourtant les années ont passé Et tous les potes aussi
Traîner jour après jour, une errance sans fin Toujours les mêmes bars, toujours les mêmes coins Quartiers chauds qui scintillent dans la nuit glaciale Un ilôt de lumière, toute la beauté du mal Terminus sans appel de vies foutues en l'air Paradis artificiels aux arrières goûts d'enfer Se retrouver encore derrière les mêmes zincs Permancence nocturne entre quatre et cinq
Dans la tourmente
Traîner soir après soir dans des ruelles désertes Chercher désespérément une épicerie ouverte Montagnes d'ordures dans les vieilles arrières cours Et au fond du cerveau, comme des coups sourds Rester toujours branché sur le pilote automatique Cavaler au hasard dans les quartiers périphériques Et finalement se retrouver devant le Sacré-Coeur Comme un moucheron attire par un projecteur
Dans la tourmente
Pourtant certains matins, sur le pont de Caulincourt Tu regardes sans rien dire les premiers rayons du jour Pourtant certains matins, encore un peu ivre Tu te dis qu'amrès tout, il faut bien vivre
Avoir complètement perdu la notion du temps Que cette nuit immense Qui semble durer depuis vingt ans Et encore se débattre avec cette sale impression De se retrouver dans un décor de science-fiction Des couloirs souterrains Qui s'enfoncent dans la nuit noire Leurs murs blancs si froids comme ceux d'un abattoir Béton dégueulasse, brouillage des sens Câbles haute-tension, sale odeur d'essence
Etrange dérive lente et tranquille Déclin discret entre deux eaux Marais éteints, pentes faciles Parmi les massifs de roseaux Visions brouillées, évanescences Une léthargie maladive Les plus mortelles décadences Sont toujours les plus lascives
Même les immenses nénuphars Ont à présent l’air malade Dans cet à-peu-près cauchemar Tout en nuances maussades
Changer lentement de substance Virer peu à peu au végétal Sans chaleur et sans souffrance Dans l’aigreur d’un vent matinal Délirer sans discontinuer Savourer doucement sa fièvre En se laissant ballotter Dans ces demi-teintes un peu mièvres
S’abandonner dans ces eaux mortes Où frissonne un dernier courant Dont on ne sait trop où il porte Ni s’il existe vraiment Perdre encore un peu la raison S’engourdir sur ces ondes lisses Dans cette onirique flottaison Comme un éternel Osiris
Etrange dérive lente et tranquille Déclin discret entre deux eaux Marais éteints, pentes faciles Parmi les massifs de roseaux Visions brouillées, évanescences Une léthargie maladive Les plus mortelles décadences Sont toujours les plus lascives
On m'avait toujours dit, Quand j'etait tout petit, Que je finirait ma vie a la DDE, Je ne savait pas au juste, Qui etait ces gens la, Mais pourquoi tout le monde, Me comparaient a eux, Maintenant je suis dedant, Et seulement je comprends, Pourquoi les dieu, M'ont associés a eux, Le pack de 26, Passe dans la journée, Et les heures defilent, A ne rien branler,
Des bonhomes orangés, Sur les routes je t'ai croisé, Des bonhomes orangés, Toujours a rien branler, Des bonhomes orangés, Sur les routes je t'ai croisé, Des bonhomes orangés, Toujours a rien orangés,
A 4 pour tenir une pelle, A 10 pour jeter du sel, Sur la route des routes, Pas le temps de casser la croute, Nos costumes orangés, Ne sont pas souvent a laver, Et nos aiselles de ???????, Ne sentent pas la sueur, ET Dans notre camionette, On roulent toutes les minettes, ??????? t'as pour la grimpette, On pensent a nos minettes, Je ne comprend vraiment pas, Qu'on critique ces gens la, Toi si tu bois un peu, Un ptit coup a la DDE
Des bonhomes orangés, Sur les routes je t'ai croisé, Des bonhomes orangés, Toujours a rien branler, Des bonhomes orangés, Sur les routes je t'ai croisé, Des bonhomes orangés, Toujours a rien branler,
Quant au niveau Cp, Que personne ne peut rater, A ceux qui l'ont loupé, Je conseille d'etre pistoné, Une bouteille de ricard, Un ou deux trois quart, Sauvent les epreuves, Les plus raides a passer, Je suis rentré moi meme a la DDE, Je peut vous dire, Que je suis heureux, Je remercie cette institution, Pour son aimable collaboration,
Des bonhomes orangés, Sur les routes je t'ai croisé, Des bonhomes orangés, Toujours a rien branler, Des bonhomes orangés, Sur les routes je t'ai croisé, Des bonhomes orangés, Toujours a rien branler,
Tu rêvais de belles déprimes A noyer dans des nuits sans fin Comme dans les vieux polars français Du début des années 80
De bars glauques un peu enfumés De plongeons brutaux dans la fange De filles de nuit pour oublier Entre deux vodka-orange
Tu rêvais de nuits en bagnole A fond la caisse sur les périphs A soigner ton ras le bol En prenant les sorties au pif
A allumer tes blondes sans filtre A la lumière du tableau de bord En ouvrant de temps en temps la vitre Pour balancer ta clope dehors
Et tu te retrouves encore comme un con Au milieu des boîtes de cachetons T’avais envie de tourner dans ton film Et tu tournes seulement en rond
Tu voulais surtout un prétexte Pour oublier cette vie si terne Cette saloperie de tous les jours Qui t’assaillit et qui te cerne
Mais c’est pas si facile que ça De rayer passé et futur Tu te rends compte malgré toi Que la réalité a la dent dure
Qu’il va bien falloir y retourner Dans cette éternelle débandade Ca te fait plutôt un sale effet Comme si tu prenais une douche froide
Tout paraît forcément dégueulasse Quand on se met à regarder les choses en face Replonger dans ce monde si crade Ca te fait l’effet d’une douche froide
Tu te retrouves seul, comme toutes les nuits Au fond d’un bistrot de Pigalle Pour oublier tes insomnies Et tes humeurs de plus en plus glaciales De la banquette en skaï défoncé Tu reluques les macs, les travestis En alignant les whiskys bien tassés Les gin tonics et les kirs cassis
C’est pas ta faute si la vie fait pas de fleurs Et après tout c’est pas un drame C’est dans le sang qu’on lave son honneur Mais c’est dans l’alcool qu’on lave son âme Dur d’être un ange
Lumière jaune des soirées solitaires Dans les recoins cachés de la ville Là où c’est contre les réverbères Qu’on monnaye ses idylles A l’heure des règlements de compte Quand à la sortie des boîtes de strip On sent la tension qui monte Et les lames prêtes à déchirer la tripe
Toi, tout au fond du bar, tu attends Une rencontre ou une embrouille Pour bousculer ce quotidien navrant Pourtant tu sais que tu rentreras bredouille Dur d’être un ange
Alors faute de changer ta vie Tu regardes se perdre celle des autres Dans les sous-sols de Monoprix Entre deux deals pas très propres Ou dans les grands parkings déserts Où on donne des leçons de décence A coups de pompes ou de barres de fer A méditer dans l’ambulance
Toi, tout au fond du bar, tu attends De jouer toi aussi ton aventure Mais celles là, tu le sais pourtant Se finissent toujours au milieu des ordures Dur d’être un ange
Lorsque les ombres s'allongent, je reprends le goût têtu Des solitudes qui rongent et des ivresses qui tuent Des solitudes qui rongent et des ivresses qui tuent Qui tuent, qui tuent, qui tuent
J'aime errer le jour entier dans les avenues humides Parmi les foules livides qui passent les yeux baissés Et lorsque le ciel se zèbre de traînées aux couleurs fades J'aime cet éclat malade et ces clairs obscurs funèbres
J'aime le jade et le gypse L'élégance désuète Et sous les ciels de tempête Attendre l'apocalypse
Et encore et toujours j'aime regarder l'ombre tomber Dans un salon enfumé, sur un fond de requiem J'aime dans le soir maussade, boire les gorgées terribles De la plus sainte des bibles, celle du Marquis de Sade
J'aime le jade et le gypse Les longs cortèges blafards Et j'aime au fond d'un boudoir Attendre l'apocalypse
Certains fois je traîne en fin d'après midi Mon éternel ennui sur les bords de la Seine Et mes nerfs déréglés m'offrent le carnaval d'atroces bacchanales Des couples de mariés à visages de macchabées D'escadrons de rats volants aux ailes d'épervier D'immenses chrysalides accouchant de monstres sordides De grands serpents de mer morts nés, de mort à peine exhumée
J'aime aussi ces nuits impures où l'on brocarde son âme Offrande belle où infâme sur l'autel des sept luxures J'aime les poisons violents et les extases lugubres Les voluptés insalubres, orgies de chair et de sang
J'aime le jade et le gypse Et les beautés d'agonie Et puis le plaisir exquis Attendre l'apocalypse
J'aime enfin les aubes pâles et qu'une brise glacée D'un grand coup vienne effacer le goût de ces saturnales Et que j'aime alors sombrer dans un sommeil léthargique Plein de songes névrotiques et d'images déformées
J'aime le jade et le gypse La froideur des grands déclins J'aime du soir au matin Attendre l'apocalypse
Zone industrielle Tolbiac-Bercy
Entrelacs d'acier , de pylône et de câbles
Dédale ferroviaire sous un ciel gris
Miasmes chimiques insupportables
Zone dedans la zone, grand dépotoir
Trop plein de la Ville-Lumière
Transpercé de grands immeuble noirs
Enfer de misère ouvrière
Grisaille… (x4)
Désespoir périphérique
L'asphalte se perd dans le brouillard
Avec toute ces vies merdiques
Comme des fins de non-recrvoir
Flamme pâle des raffineries
Scintillement des grandes usines
Sidérurgie, pétrochimie
Sous un immense chape de spleen
Grisaille… (x4)
Affiches géantes sur les façades ternes
Coupée d'autoroutes embouteillées
Les gens baisse la tête
Comme un drapeau en berne
Et rasent les murs pour aller bosser
Gagnés par la fièvre froide de la zone
Qui a avalé les anciennes fortifs
engluant la ville dans sa fange monotone
Débordant maladivement sur les périphs
Tu sais il approche à grands pas Le jour du bail définitif Pour une piaule au plafond bas A l’ombre de deux grands ifs Une demeure en marbre noir Baignée d’un glacial silence Appuyé à la baignoire J’essaie de reculer l’échéance
Entre mes mains tremblantes Le lavabo est si blanc Pourtant dans un instant Il sera taché de sang
Mais je refuse l’absolution Je n’ai ni remords ni regrets Au diable vos accusations Si c’était à refaire Je le referais Je refuse l’absolution D’ailleurs où serait le péché Pas besoin d’extrême-onction Pour aller où je vais
Jamais laisser comme testament Qu’un cocktail de foutre et de sang Arrosé d’aigreur et de haine C’est ça la condition humaine Ne devenir qu’un souvenir Notre universel avenir Dès la première seconde de vie C’en est une de moins sur notre crédit
C’est vrai qu’on est bien peu de choses Qu’un agglomérat de viscères Que 3 chrysanthèmes et 3 roses Recouvriront dans un cimetière Mais bon sang qu’est-ce qu’elle est moche Cette silhouette drapée de noir Déjà je la sens qui approche Son reflet au coin du miroir
Je pensais pas que je crèverais Au fond d’une salle de bain Je serais bien resté encore un peu Parmi les humains
De la sous merde de série Z Sur grand écran et son dolby Ca excite bien les minettes Plus quelques millions d'abrutis Les foules baveuses se bousculent Pour aller claquer leur paye Devant les sourires ridicules De pouffiasses made in USA
Certifié non conforme Je me plierais jamais à vos normes Certifié non conforme Les masses réclament qu'on les endorme (2x)
On engloutit sans état d'âme Les goûts et les sensibilités Dans une grande mélasse infâme Uniforme et aseptisée Quant à tenter d'en placer une Autant demander la lune Notre soi disant culture N'est plus qu'une fosse commune
Certifié non conforme Je me plierais jamais à vos normes Certifié non conforme Les masses réclament qu'on les endorme (2x)
En pleine euphorie libérale S'agite la danse macabre Du pathétique carnaval D'un empire qui se délabre Et fringués comme des crétins Entre deux modes et deux tendances Tous ces moutons restent ravis De leur lugubre déchéance
Et ces obtus connards rigolent Ils trouvent tout ça quand même bien drôle Ils savent pas vraiment pourquoi Mais tout le charme vient de là Alors en boucle ils récidivent Dans leur hystérie collective A se tordre de rire A l'idée de tous mourir
Certifié non conforme Je me plierais jamais à vos normes Certifié non conforme Les masses réclament qu'on les endorme (2x)
Et on applaudit tous en choeur Dans la joie et la bonne humeur Devant le si charmant spectacle Des millénaires en débâcle Et on lève bien haut son coca En souriant aux caméras A l'inébranlable santé De qui viendra nous enterrer
Il tourne en rond dans sa cellule Sous l’œil placide des caméras Il n’a plus de nom, seulement un matricule Un lavabo, un lit de camp et quatre murs froids La seule pitance qu’on lui accorde chaque soir On la lui administre en intraveineuse Ce sérum acide qui décape sa mémoire Dissout ses neurones et ses fibres nerveuses
Dissident Dissident Condamné à finir ses jours En hôpital psychiatrique Dissident Dissident Les nuits sans lendemain D’un prisonnier politique
Ligoté à la table d’opérations Cobaye impuissant hérissé d’électrodes Il attend la mort comme une libération Dans ces couloirs blancs Empestant l’alcool et l’iode Chaque jour son cerveau se délite un peu plus Saturé de mixtures expérimentales Il se sent devenir légume ou incubus Perdant peu à peu ses capacités mentales
Dissident Dissident Condamné à finir ses jours En hôpital psychiatrique Dissident Dissident Les nuits sans lendemain D’un prisonnier politique
Bourreaux en blouses blanches aux tortures subtiles Clinique glaciale sans portes ni fenêtres Exécution capitale qu’à feu doux on distille Un magma végétal grandissant dans sa tête Sangles de cuir, aiguilles d’acier Folie inoculée, démence sur ordonnance S’efforcer d’obliger son esprit à fonctionner Quand on le sent s’évanouir dans d’atroces souffrances
Dissident Dissident Condamné à finir ses jours En hôpital psychiatrique Dissident Dissident Les nuits sans lendemain D’un prisonnier politique
Il tourne en rond dans sa cellule Sous l’œil placide des caméras Il n’a plus de nom, seulement un matricule Un lavabo, un lit de camp et quatre murs froids La seule pitance qu’on lui accorde chaque soir On la lui administre en intraveineuse Ce sérum acide qui décape sa mémoire Dissout ses neurones et ses fibres nerveuses
Dissident Dissident Condamné à finir ses jours En hôpital psychiatrique Dissident Dissident Les nuits sans lendemain D’un prisonnier politique
Que de sang a coulé en vain Dont se sont baffrés tous ces chiens Ces fossoyeurs impitoyables Larbins des flics et des notables C’est tout le Paris populaire Qui avait traversé tant de guerres Que froidement on décapite A partir de juin 48 Les barricades se levaient Au son du tambour qui roule Tandis que quelques vieux croulants ordonnaient De faire tirer dans la foule
Souviens toi, Parisien Souviens toi jusqu’à la fin Souviens toi, Parisien Souviens toi des journées de juin
Et Napoléon le petit Profitant du désordre ambiant Déclara sauver le pays En se proclamant prince président Les survivants reprirent les armes Les barricades furent remontées Et dans un immense vacarme On lança des assauts désespérés Vous verrez bien tout à l’heure Comment on peut mourir Pour vingt-cinq francs par jour S’écriait le député Baudin Juste avant que vienne son tour
Souviens toi, Parisien Souviens toi jusqu’à la fin Souviens toi, Parisien De la mort du député Baudin
Et la sanglante répression Ne se fit bien sûr pas attendre Exécution sans sommation Des insurgés venus se rendre On fit tirer sur les fenêtres Fusillades des boulevards Ordonnant de viser les têtes De tuer femmes, gosses et vieillards Bourgeois, soldats comme artisans Etudiants, jeunes gens et ouvriers Furent écrasés dans le sang On massacra les prisonniers
Souviens toi, Parisien Souviens toi jusqu’à la fin Souviens toi, Parisien Du 2 décembre 51
Et puis l’Empire s’effondra Comme s’effondrent tous les empires Sedan fut sa Bérézina La capitulation, son dernier soupir Le changement se fit en douceur La IIIe sut prendre le relais Massacrant avec bon cœur Quelques trente-cinq mille fédérés Souviens toi que les boulevards Sont rouges du sang des Communards
Souviens toi, Parisien Souviens toi jusqu’à la fin Souviens toi, Parisien Des fusillés du petit matin
On a que des cocktails Molotov
juste cet phrase qui cloche me semble t'il
Les dernières fumées se dissipent Sur les cratères encore brûlants Aux parois desquels s’agrippent Des bras figés dans leur élan La pierre, le sang et l’acier S’emmêlent à perte de vue Dans un grand chaos pétrifié Où la fureur soudain s’est tue Cette immense mer de décombres Se soulève les vagues immobiles Dont les couleurs semblent se fondre Dans un gris noir indélébile
Champs de ruine Hérissé de métal sanglant Champ de ruine Carnage battu par les vents
Un jour malade et sans lumière Suinte d’un soleil éteint Grand astre mort et solitaire Aux reflets pâles et malsains Et un silence profond Couvre la plaine dévastée Qui se perd sous un ciel de plomb En long sillons ensanglantés Des visages à jamais crispés Dans un rictus de terreur Fixent l’horizon désolé De leurs yeux vides presque rêveurs
Champs de ruine Hérissé de métal sanglant Champ de ruine Carnage battu par les vents
Passent les mois et les semaines Passent nos joies, passent nos peines Et tout se fond dans cette vague D’indifférence un peu maussade Coucher de soleil dans la cuisine Le vasistas donne sur les usines Tout passe, tout meurt, tout me rappelle Que seuls les regrets sont éternels Novembre dans le Luxembourg Lumière grise de fin du jour Souvenir d’une triste enfance Par bouffées de réminiscences Des virées au supermarché Ecole primaire, collège, lycée Gosse peu sociable, pas beaucoup de potes Passant ses récrés derrière la porte
Années de collège déjà cynique Adolescent peu sympathique Causant jamais, cognant souvent Collectionnant les avertissements Tirant la gueule dans les soirées Restant dans son coin sans danser Lisant des BD pendant les cours Violent parfois, morose toujours Années de lycée ni mieux ni pires 3 ans se faire chier sans rien dire Peu de gonzesses et seulement Un quart d’heure dans la chambre des parents Convocations chez le proviseur N’appréciant guère mes humeurs Ni ma façon de cogner les loquedus Qui tractaient devant le bahut
La suite fut pas vraiment meilleure On se console d’être un loser Plaisir d’obsédé sexuel En cabine individuelle Toujours les néons des boulevards Sueurs glacées, visages blafards Flip des dimanches après-midi A lire Céline dans le lit Pylônes sombres sur ciel pluvieux Banlieue-Paris, Paris-banlieue Encore un demi au bar du coin Pour tromper cet ennui malsain Toujours l’ennui, mortel ennui Qui éternellement me poursuit
Troisième nuit dans la bagnole Embusqué derrière le volant Avec une bouteille de gnôle Et un flingue dans la boîte à gants Surveillant dans ma somnolence A travers la buée du pare-brise L’entrée de la résidence Dans la pénombre indécise
L627 ou Le Choix des Armes A posteriori j’aurai préféré Une scène de biture dans un pub Si j’évite pas le sang et les larmes Dans quinze jours on s’arrache cette histoire Dans tous les vidéoclubs
Foutu blizzard, froid de canard Pour bien préserver l’atmosphère Du polar tendance série noire Avec Anconina ou Dewaere Je recompte mes cartouches En vidant le thermos de café Soixante douze plombes que je découche A ce compte là autant assurer
Troisième nuit blanche sur le compteur Entre les lumières vertes et rouges Et dans ce vieil immeuble de malheur Y a toujours rien qui bouge Je repasse toujours les mêmes cassettes Du Motörhead ou du LSD Si je ressors vivant de cette petite fête Promis j’arrête de picoler
Faut pas grand chose ces soirs là Pour se faire trouer le bidon Alors gaffe aux joyeux faux-pas Ou c’est six bastos pour l’absolution Un petit manque de sang-froid Ou mon pétard qui s’enraye Et je peux faire une croix Pour de bon sur ma carte Vermeil
J’essaie de pas voir ma tronche dans le rétro Depuis que je suis coincé dans cette caisse Ca doit pas être jojo Je vais sans doute décevoir ces dames Heureusement je risque de rencontrer Que des culasses et des lames
Troisième nuit enfin qui s’achève Dans le brouillard froid de sept heures Pas mécontent que le jour se lève Et que je sois encore branché sur le secteur Foutue migraine, j’suis dans l’coltard J’ai la gueule comme un punching-ball Je débraye direction le plumard Je suis frais comme un lendemain de picole
Police Python 357 Ces sympathiques débutants N’ont vraiment plus rien à m’apprendre Ca a bien plus de gueule en direct Si on a assez de présence d’esprit Pour pas se faire descendre
Trois aspirines, un coup de rasoir Et douze heures de pionce d’affilée Je fonce vers les boulevards Complètement déconnecté Si dans dix minutes je ne suis pas au pieu Je vais m’écrouler dans la caisse Exit de ce quartier poisseux Et pleins tubes sur mon deux-pièces
Fini le temps des tripots Des fumeries d'opium Des bordels, des clandés Des arrières cours paumées Plus que des grands entrepôts Et de la méthadone Des sacs de riz géants Dans les supermarchés Les cannettes de Tsing Tao Dans les salles d'art martiaux Ont remplacés l'encens Qui flottait dans les rues Puisque l'ANPE est commerce de gros La main d'œuvre bon marché et les larges avenues
Porte de Choisy, Y a combien de Chinois ? Un jour je les compterai peut-être, Lao Tseu l'a dit, il faut trouver la voie Alors je vais vous couper la tête
Spleen des immenses immeubles Dans l'averse du soir Quand les restos chinois Allument leurs enseignes Dont les néons éclaboussent Le sombre brouillard De couleur trop criarde Qui dégouttent et qui saignent Spleen des entrées égueulasses Des parkings souterrains Gouffre de béton sale Qui vient sonder l'enfer De l'asphalte sans fin Et du malaise urbain Et les télés s'allument Derrière les baies de verre
Tolbiac, Paris 13e Désespoirs sur fond de HLM Tolbiac, Paris 13e Mal de vivre en front de Seine
Pizzas à domicile Pizzas à emporter Vidéo location Tabac ouvert la nuit Boulevards embouteillés Et ruelles encaissés Stations de Métro Et stations de taxi Orage tropical Dans l'hiver Parisien Sur les feuilles des arbres De la résidence Nervosité de 20h Lotus bleu sans Tintin Et les fenêtres d'en face s'allument en cadence
Spleen le long des docks Comme dans les polards Ou dans l'appartement Toujours bien en bordel Spleen de salle de bain Ou spleen sur le plumard En envoyant le Pariscope Dans la poubelle Vertige des solitudes Pour la ville géante 10 millions de fourmis Dans la ville lumière Balcondés aux étages Et la chute te tente Aller oublie tout ça Et ouvres une autre bière
Porte de Choisy, Y a combien de Chinois ? Un jour je les compterai peut-être, Lao Tseu l'a dit, il faut trouver la voie Alors je vais vous couper la tête
Le baron chevauche à travers les steppes d’Asie Au gré de ses rêves de gloire et de folie Se sacrer souverain D’un Empire oublié Puis tracer ses frontières à coups d’épée Des cascades de sang jaillissent sur le passage De l’étrange division sauvage Et les cosaques chargent, un seul cri dans la voix « Ce soir nous aurons pris Ourga ! »
Et Ungern-Sternberg se jette dans la mêlée Le sabre pointé vers le couchant Ou contemple la plaine de la muraille enneigée Le visage fouetté par le vent
Dans son regard d’acier, un soleil qui se lève Rayonnant des brumes sibériennes Avec la beauté triste d’un songe qui s’achève A mille lieues des convulsions humaines
Ungern-Sternberg, chevalier romantique Tu attends la mort comme un amant sa promise Ungern-Sternberg, chevalier romantique Les rêves les plus fous sont les seuls que l’on réalise
Je voudrais bien essayer d'faire mon boulot Les autres avachis dans le canapé Se passent à fond des K7 vidéo Style matches de foot ou bêtisiers Je voudrais bien écouter des L.P. Mais la chaîne est en réparation Je voudrais bien essayer de pioncer Mais les voisins font trop de boxon Reste plus qu'à traîner sur les boulevards En espérant qu'il va pas flotter Ou me défoncer à la Valstar Sur le parking d'intermarché
Je voudrais bien aller au cinéma Ou aux Peep-shows de St Denis Mais j'ai pas assez de thune sur moi Et puis c'est à six stations d'ici De toute façon en ce moment Pas de dépenses inutiles Je suis trop à l'étroit financièrement Pour me ruiner dans ces conneries Reste plus qu'à me laisser aller A travers la jungle de béton En tripotant mon cran d'arrêt Pour si je fais une mauvaise rencontre
Planté contre une colonne à la sortie du bahut Les potes m'appellent je fais comme si j'avais pas entendu Je la vois pas sortir c'est pourtant bien l'heure Et puis elle apparaît derrière la porte vitrée J'essaie de pas bouger, c'est comme une apparition Je reste cloué sur place, je trouve pas de phrases Pour décrire cette si intense excitation Qui parcourt mon perfecto par vagues d'extase Je la rattrape je lui demande du feu, Je sais pas quoi dire j'ai l'air d'un con ! Je parle du temps, je regarde ses yeux J'ai du mal à contrôler mes pulsions Elle répond rien à mes conneries Je suis gêné et elle aussi Je suis accro, elle tourne le dos A ce rythme là ça marchera pas Encore zéro partout, encore perdu un jour J'attends lundi matin, j'attends le match retour En attendant en route pour quelques insomnies Je refuse de sortir et je fantasme à fond J'irai pas au resto avec mes cons de copains Je préfère rester at home à penser à après-demain Je vais tirer des plans pendant toute la nuit Je veux pas me rater, je vais faire un carton Je suis obligé d'avoir recours à des substances déconseillées Les effets ne se font pas attendre, je plane sur la voie lactée En smoke, en sniffe ou en bouteille, J'ai besoin d'un excès quelconque Pour quitter le système solaire quelques secondes ou quelques plombes Allongé sur le sol de la salle de bains, énergie à zéro Mais j'ai les choses en main J'essaie d'organiser ma prochaine offensive Ce coup-ci je suis grillé, faut à tout prix que j'y arrive Peut-être un plan kamikaze mais en dernier ressort Je pourrai pas attendre une semaine de plus Soit elle me dit ok Soit ça va être gore Je plonge dans le styx et je bois la cigûe J'essaie de calmer mon cerveau Mais je suis de plus en plus accro Il y a des circuits qui chauffent, Ca fume à mort dans mon moteur De plus en plus heure après heure Quelques chose comme une lampe dans le brouillard Perle de plaisir dans mes humeurs dépressives Le feu de ses cheveux qui déchire le noir Et tourne et m'éboulit et me défonce comme un fix
Fin de week-end merdique dans une banlieue merdique Pas de potes, pas de fric, que des désillusions Je traîne mon enfer mental le long des routes nationales Sous la pluie hivernale, tout seul et sans un rond Les grilles rouillées des pavillons défilent Géraniums au balcon, bagnole dans le jardin Grillages défoncés, stations service fermées, Hôpitaux immenses, usines dans le lointain Parfois la croix verte d'une pharmacie Se reflète sur le trottoir battu par la pluie Et toujours ces miasmes morbides Toujours ces relents de suicide Les yeux éteints, la tête vide Envie de se barrer.. partir sans jamais revenir Tourner le dos aux souvenirs Acheter un billet de train, pour un aller simple..
Parkings sans voitures, containers pleins d'ordures Et pas un chat bien sur, façades dégeulasses Mes tempes bastonnent, mes oreilles bourdonnent Mon cerveau déconne, encore ces angoisses Je me ramasse un poteau, je roule dans le caniveau J'ai du sang plein le blaire, et envie de gerber Trop de nuits sans sommeil, trop de jours tous pareils Que ces relents industriels qui ruinent ma santé Et “le ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis” Et toujours ces miasmes morbides Toujours ces relents de suicide Les yeux éteints, la tête vide, envie de disparaître.. Trop lâche pour pouvoir me flinguer Ni pour avaler ces cachets Qui m'auraient embarqué enfin pour un aller simple…
Les bras derrière la tête allongé seul sur son lit Submergé par les emmerdes, et la dèche qui sourit Ferninand Bardamu se dit ce coup-ci C'est terminé, c'est fini, je laisse tomber la vie Et puis soudain, et sans raison, Dans un élan incontrôlé d'amour propre Il a l'impression de se faire avoir comme un con Mais il ne veut pas servir la folie des autres Les voisins qui s'engueulent à longueur de journée Les clients de pire en pire qui veulent plus rien payer Le plafond qui fuit, les murs qui se lézardent L'odeur de l'arrière cour, la vie devient trop hard Mais il ne croit plus en rien depuis tant d'années La vie n'a pas de sens où la vie n'a pas d'enjeu Ces hommes tristes pions résignés Coincés à jamais sur un morose échiquier Attendant leur tour, sans réfléchir Sans avoir jamais su ce que c'était que l'avenir Sur leurs faces blêmes, les traces des coups du destin Et puis derrière, plus rien.. Bardamu cherche même plus à les faire chier Du moment qu'il a assez pour bouffer Il fait plus payer qu'une consultation sur trois Pourtant il fait son boulot, même s'il y croit pas Passablement aigri par la vie de banlieue Chaque journée, un nouveau coup de vieux Il peut plus supporter, il veut refaire sa vie Repartir encore, s'évader, s'enfuir…
Mais on attend plus rien de cette vie Qui schlingue les lendemains incertains Et puis tous ces efforts vains Et le visage aussi terne que ces vieilles façades Tachées d'une rouille presque noire Par une pluie toute aussi maussade.
Alphonse Larvis habite rue des Martyrs Entre ses poupées gonflables et ses snuff-movies Il a un sex-shop juste en bas avec un importe de 30 M² de fantasmes Le jour il ferme ses volets, il renifle des trucs toute la journée Et puis le soir derrière son comptoir, il se repasse ses vidéos de hard
Bienvenue au pays des complexes d'Alphonse Larvis en temps de crise Pourtant, certains soirs quand il en a marre De mener sa vie sous les cellophane Alphonse sort de son quartier nocturne et se fond dans la foule de Paname
Alphonse sait plus très bien ce qu'il fout là, quelles sont les causes et les conséquences Alors il va faire un petit tour en bas, passer une nouvelle nuit blanche Il a un peu peur de tous ces gens, pourtant y'a qu'ici qu'il se sente chez lui. Parmi les néons roses et les bordel fermés Peu à peu il se noie au cœur de la nuit…
Tintin s'est fait virer du “petit vingtième” Et Haddock a du vendre Moulinsart Ils se sont installés dans le IXe Et connaissent les joies du chômage Milou! Milou! Saptristi! Va taxer au capitaine Un peu de cet élixir dont les caves du château étaient pleines Tintin doit bosser les trois huits à l'usine Et milou est devenu chien de cirque assis devant son verre de rouge Il se passe la main dans la houpe Merde y reste plus un rond c'est tous les coups comme ça Va falloir tourner dans un film porno pour tenir jusqu'à la fin du mois Soudain réaliste il observe le ciel lourd par le petit carré qui donne sur la cour Il regrette les partouzes qu'ils faisaient à Moulinsart et le LSD sur les pelouses du parc Tintin fait des pompes dans la cuisine Il en à marre de se faire casser la sphère Un poing américain dans la poche de son jean Le pantalon de golf il sait plus quoi en faire Merde y'a comme un problème, ça fait 5 mois de loyer Qu'on doit au propriétaire, va bientôt falloir squatter! Avec ce qui lui restait dans le larfeuille Il s'est fait tatouer l'avant bras gauche le signe du Pharaon KIDSK Et le dragon du Lotus bleu sur l'épaule Capitaine rangez ce flingue y'a encore un peu d'espoir.. Milou lâche ces seringues tu ferais mieux comme moi de boire Soudain pessimiste il arrête le CD, arrache sa chemise et se met à gueuler Balance les bouteilles vides aussi loin qu'il peut, Regarde ses tatouages et se refout au pieux Mais il peut pas dormir et puis ça sert à rien Encore que c'est toujours mieux que le lendemain, Ou sont passés les autres ? Ma parole c'est pas vrai ! Ils se foutent de ma gueule ! Quelle bande d'enfoirés.. Tintin remet ça au nom des souvenirs en espèrent qu'en bas y feront toujours crédit Après il remet ça au nom de l'avenir Auquel faut penser le moins possible Putain Milou j'ai le machin qui répond plus aux ordres J'ai beau y aller des deux mains y'a comme un truc qui déconne Demain tout sera fini mais aujourd'hui c'est la fête! Un banquet! Faites monter des salopes! Rideaux rouges! Vin sanglant ! Tout est grand mes seigneurs! Sang du diable me réchauffe le foie ! C'est le top ! Ca y est c'est en marche, j'ai bien cru qu'il marchait plus.. Qu'il me restait au derche, qu'il me restait au cul Soudain très soucieux il sort du balcon Molarde un bon coup, se trouve un peu con Remet sa chemise, ses baskets, sales et merde il reste plus de pinard Il va faire un tour jusqu'à l'épicerie et merde c'est fermé Ah! C'est vrai c'est lundi Y'a rien à la télé et le ciel est couvert Ca le rend inquet.. ça le désespère..
C'est vrai qu'elle était si belle en projo individuelle Toujours meilleur quand c'est en fraude et si possible avec un gode Ouvert toute la nuit non-stop, central des plaisirs interlopes Chaque fois que j'ouvre le rideau ça fait des Ah! Et des Oh!
Un peu voyeur, on y peut rien, plaqué sur le miroir sans tain En direct ou en différé, ça a pas de prix mais faut raquer Ca s'enfile comme des perles, ça se roule pas que des pelles Très ingénieux, très bien trouvé, je prend note sur mon carnet
Dans l'ensemble toujours bien clean, comme toutes les histoires de pines Sex paradise des boulevards, l'encyclopédie du plumard Tous les auxiliaires pour la baise, en popper's ou en prothèses Rue fontaine ou rue frochot, en B.D ou en Vidéo
Fixation émotionnelle tendance obsessionnelle Pressé par le temps j'opte pour le Blitzkrieg Libertin libertaire, je ne sais plus que faire Substances chimiques, pour combattre la fatigue Je la relance à nouveau, je m'encaisse un râteau Comment trouver sommeil dans de telles conditions Je fais le compte à rebours et je repars à Zéro Sinon je suis prêt à emballer pour l'extrême-onction Je crois que je forme à moi seul une génération perdue Alors c'est à prendre ou à laisser je t'avais prévenue Pour être clair, c'est clair Plus de seau, de sex ni de sun Moi ma vie c'est no fun J'en perds mon vocabulaire Si j'oublie son numéro Tant pis pour ma carrière Ma foi, pas marrant! Ma foi, pas marrant! Pourtant elle se marre tout le temps No fun No fun Vidéo pour la transe, j'assume mes tendances Ne verra t'elle pas là quelque chose à redire je me suis encore embarqué pour le plantage assuré Déjà je peux m'attendre au pire D'habitude je me fais doubler, elle devrait changer d'objet Ma libido débordante qui commence à se faire maussade Pour être clair, c'est clair Plus de sea, de sex, ni de sun Moi ma vie c'est no fun Je me sers, feu vert Ce serait quand même la misère D'avoir plus que la bière Ma foi, pas marrant! Ma foi, pas marrant! Pourtant elle se marre tout le temps Je crois que je forme à moi seul un ghetto culturel Alors c'est à prendre ou à laisser Je resterai tel quel
ils te prennent dès le berceau T'es recensé, classé, fiché Ils te filent des flingues comme cadeaux T'imposent leur putain de télé T'es pas sorti du stade oral Qu'ils t'ont déjà foutu dans un bahut à la con Tu es un pion parmi des milliards De la société de consommation
Anywhere Anywhere Anywhere Out of the world
Ils fliquent ton boulot et tes plaisirs Pour voir si t'es bien calé dans leurs normes Et si t'as pas ta place ici Ils te pointent et ils te dégomment R.P.R, films d'actions, Mcdos Télé, revues, jeux vidéo Toute la gamme de la connerie Se résume en moins de dix mots
Anywhere Anywhere Anywhere Out of the world
Récupération, major compagnies Culture de supermarché Modes, rétros, novophobie Faut tout garder faut rien jeter Moi ce que je vois c'est pas tout rose C'est du béton et du temps paumé Moi je trouve le monde bien plus morose Qu'ils nous le montrent à la télé
Anywhere Anywhere Anywhere Out of the world
Ils etaient partis la rose au fusil, Reprendre l'Alsace et la Loraine, Et ils sont tombés sous le feux ennemis, Succombant au gaz ou à la gangrène, Ils avaient crus que pour l'automne Ils seraient tous de retour, Mais c'est dans les tranchés De Flandres ou de la Somme Qu'ils ont finit leurs jours,
A Verdum au chemin des dames X 3 s'achevait leur drame
Laissant leurs parents leurs enfants leurs compagnes Ils endossérent l'uniforme bleu, Et dans la plus sanglante des campagnes ils creverent sans qu'ont leur dise adieu, Fiers officiers au mousataches altiéres, Simples soldats et braves medecins Étaient accourus de la France entiére, Et moururent comme des chiens,
A Verdum au chemin des dames X 3 s'achevait leur drame
Ont ordonnait des assault perdus d'avance, Dont on ne pouvait tenir dans les tranchés, Sillons macabres dans le sol de France, Criblés d'obus et tendus de barbelés, 4 ans plus tard ils étaient restés dignes, Et attendaient une mort héroïque, Et c'est dans le chaos des premiéres lignes Que finit leur destin tragique,
A Verdum au chemin des dames X 3 s'achevait leur drame
Dix heures du soir sur les grands boulevards, Je prends la foule bouscule les passants, Je shoote dans les poubelles sur les trottoirs, Je gueule des obscenités pour faire peur aux braves gens, dix heures du soir il fait nuit noir, Je m'enfonce plus profond dans les rue de la butte, En quete d'un litre de blanc ou de Valstar, Ou de dix sacs pour me faire une pute,
Ce soir il faut pas me chier sur le froc, Je suis en rogne et fermé au dialogue, En reniflant je rase les murs de la ville,
11 heures du soir toujours dans le coltard, J'ai réussi a tirer le larfeuille d'un retraité, Je compte ses verts sur le comptoir du bar en traitant le patron d'enculé,
1 heure du mat dans les rues de Pigale, A la recherche d'un touriste paumé, Pour lui tirer sa belle camera ses carte postale et ses billets, J'en trouve un manque de bol, Les keufs débarquent et il me gaulent, Finalement c'est chez les bleues que je vais passer la nuit,
2 heures du mat le fourgon s'arrête pour une rafle de travestis, J'en profite pour me lever de la banquette, Et je file prendre l'air loin des queflis, Un bras d'honneur pour la force publique, Et je calte en quatrième, Finalement j'aurais du rester chez les flics, Parce que là déjà je m'emmerde, Décidément je suis un incompris, Et je replonge dans la nuit, Après même si tout le monde s'en tape , moi aussi.
Qui me souhaitera bonne nuit, Quand je descendrais au tombeau, Ai-je seulement 3 amis, Prets a me depaner d'un euro, Je ne compte plus sur mon monde, Rien de bien trop innatendu, Et bien loin que je m'en morfonde, La reciproque est bien venue,
La seule ombre au tableau c'est le tableau entier, En revers sans medailles en envers sans decors, Au moins on finira comme on a commencés, Et on en sourira le jour de notre mort,
L'amour ne m'a jamais deçu, Pour la simple et bonne raison, Que je n'en n'ai rien attendu, Il est de sages precautions, L'amitié m'a semblé plus vrai, Le choix n'était pas tres malin, Car c'etait trop vite oublié, Qu'un ami reste un etre humain,
La seule ombre au tableau c'est le tableau entier, En revers sans medailles en envers sans decors, Au moins on finira comme on a commencés, Seul consolation qui tienne encore au coeur ,
Si etre seul est execrable, Ne pas l'etre le lui rend bien, A trop frequenter ses semblabes, On se prend à aimer les chiens, Comme Ferdinand pourquoi pas, Ne parler qu'a son perroquet, Mais c'est bavard ces bêtes la, Et c'est plus joli empaillé,
La seule ombre au tableau c'est le tableau entier, En revers sans medailles en envers sans decors, Au moin on finira comme on a commencés, Cette logique la au moins n'a jamais tort!
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Ce coup si plus d'alcool pour noyer la tristesse Croire qu'on a eu du bol et oublier le reste Plus de bars à salopes et de boîtes de strip Plus de joies interlopes pour chasser tout le flip Ce coup ci plus de came pour calmer la tempête Plus la lueur diaphane de la p'tite fenêtre Ce coup ci plus de potes pour passer la soirée Plus de mots sur la porte je rentrerais pour bouffer
Sans espoirs (je vois la vie en noir) Sans regrets (plus rien a déplorer ) Sans rancunes (surtout sans une thune) Sans façons (Et je touche le fond) Et je touche le fond (Et je touche le fond) X 4
Passer des coups de fil rappeler tous les quarts d'heure Et toujours tomber sur le même répondeur Toujours le vent froid des matins de janvier Et peut-être que celui-là ça sera le dernier Toujours le petit jour après les nuit blafardes A regarder les tours calé sur la rambarde Même la peur se tire mais pour laisser la place A un machin bien pire la plus noire des angoisses
Sans espoirs (je vois la vie en noir) Sans regrets (plus rien a déplorer ) Sans rancunes (surtout sans une thune) Sans façons (Et je touche le fond) Et je touche le fond (Et je touche le fond) X 4
Ce coup-ci plus le temps de se dire qu'on a tord Le visage si blanc qu'un condamné a mort Ce coup ci plu d'échelle pour remonter la pente Finir en sac poubelle en rêvant de mort lente Plus de soleil hagard dans le beau ciel de France Plus que les gyrophares des premières ambulances Et la terreur qui monte quand la douleur s'en va Comprendre que ça veut dire qu'on va clasmer déjà Mais
Sans espoirs (je vois la vie en noir) Sans regrets (plus rien a déplorer ) Sans rancunes (surtout sans une thune) Sans façons (Et je touche le fond) Et je touche le fond (Et je touche le fond)
A ces générations baisées au nom des flux économiques envoyées crever par milliers dans la boue de tranchées merdiques A tous ces vaillants jeunes gens qui pour une poignée de vieux cons sont aller clamser à vingt ans à Verdun ou à Douaumont A ces existences bousillées à toutes ces familles détruites pour sauvegarder les intérêts de la machine capitaliste
A la mémoire aussi de ceux qui tombèrent au petit matin Sous les mécanismes ingénieux du charmant docteur Guillotin jeunes et fougueux idéalistes à l'éxécution capitale car leurs soupirs trop nihilistes faisaient trembler l'ordre moral Victimes de la bourgeoisie et de la bonne conscience française celle qui a acclamé Vichy et en 45 tournait sa veste
Aux victimes des dictatures et à celles des démocraties Tout gouvernant est une ordure tout gouvernement est pourri à la mémoire de tous nos potes et à celle des inconnus qui ne reconnurent aucun despote et qu'on a sommairement abattu à la mémoire de tous ceux qui n'ont plus que nous pour le dire car étant du même camp qu'eux un jour aussi on pourra les suivre
A ceux qui sont tombés sous les balles de la Gestapo ou de la Tcheka en Ukraine ou à Stalingrad au Vel d'Hiv ou à Treblinka A ceux qui se sont effondrés sous les projos des miradors la gueule dans les barbelés une rafale pour passeport Aucune page de l'histoire qui ne dégouline de sang Dès qu'un homme atteint le pouvoir il ne peut virer que tyran
Toujours soit bourreau soit faux cul, la pente humaine est carnassière et toujours l'individu est victime de l'humanité entière S'il a pas une balle dans le bide et les deux panards dans la tombe l'homme est un salopard putride, l'homme est un salopard immonde Tous les paysages se ressemblent, villes merdiques banlieues pourries Et les hommes aussi tous ensembles sont égaux dans l'ignominie