La Routeburn Track

Une fois n'est pas coutume, je suis allé à Queenstown en bus. En effet, il fallait réserver le camping pour la randonnée du Routeburn et l'autostop n'est pas le moyen le plus fiable pour arriver à temps. Le bus emprunte la même route que celle prise trois semaines plus tôt avec les filles. Il s'est arrêté 30 minutes au lac Tekapo, puis a pris la direction du Lindis Pass et ses collines jaunies par la sécheresse.

Du côté de Wanaka, quelques arbres s'ajoutent au décors, mais le paysage reste sec. Curieusement, quelques champs verdoyant, grâce à un arrosage intensif provenant des rivières avoisinantes, viennent dépareiller le paysage. À partir de Wanaka, le bus rejoint Cromwell en longeant le Lac Duntan. Ensuite, à partir de cette ville, nous longeons les Kawarau Gorge et les collines deviennent plus rocailleuses.



À Queenstown, j'ai rejoint Mélodie et quelques Français. Nous avons passé la nuit au camping Twelve Mile Delta situé à 11 km de la ville en direction de Glenorchy à proximité du départ de la Routeburn Track.

Le lendemain matin, je ne traîne pas trop et commence vers 9 h à faire de l'autostop. Au bout de 5 minutes, une famille australienne s'est arrêtée et m'a déposé à Glenorchy une ville où les alentours ont servi à filmer des scènes du Seigneur des anneaux. La route était ensoleillée et est encore plus belle que trois semaines auparavant. Je n'ai eu à attendre que 20 minutes avant qu'un couple m'emmène jusqu'à l'abri Routeburn, point de départ de la marche.

La Routeburn Track fait partie d'une des neuf grandes marches de Nouvelle-Zélande et est souvent listée dans les 50 , parfois des 10, meilleures randonnées du monde. Elle traverse à la fois le Mont Aspring National Park et le Fjordland National Park. Le temps étant très incertain en Nouvelle-Zélande, j'ai réservé le camping au dernier moment. Dans cette marche, seulement deux sont disponibles et celui situé en milieu de parcours était plein. J'ai donc du me rabattre sur le premier, le Routeburn Flat, situé à 6.5 km du départ...

La première journée a donc été très courte. Avec un début de marche à 11h30 et une arrivée au Routeburn Flat deux heures plus tard. Ce début de parcours traversait une forêt de hêtres et d'autres types de feuillus que l'on connaît en Europe, ainsi que le même type de fougères, le tout en longeant la rivière du même nom que la marche.

Rien de transcendant jusqu'à l'approche du camping et son étendue d'herbes haute et les montagnes Humbolt du Mont Aspring National Park dont certains sommets étaient encore enneigés. Arrivé au camping Routeburn Flat, j'ai tenté en vain de trouver le chemin du Routburn Norh qui démarrait du camping. J'ai appris plus tard qu'il fallait simplement traverser la rivière...



Comme à leur habitude les sandflys sont venus jouer les troubles-fête, car c'est quand on ne bouge pas qu'ils passent à l'attaque. Le soir, un joli coucher de soleil est venu clôturer la journée. Ça a été une des nuits les plus froides de ma vie. Au réveil, ma tente était couverte de glace. La température a atteint le zéro durant la nuit et je n'étais pas équipé pour vivre ça.

Par contre, la brume au lever du soleil rendait l'endroit mystique. C'est à 8h30 que j'ai pris le départ. Les premières minutes ont été assez dures avec une montée qui a duré plusieurs kilomètres toujours dans la forêt. Tout de même à quelques endroits des glissements de terrain nous permettent de profiter des montagnes d'Humboldt.



Soudain, quelques mètres avant le refuge "Routeburn Falls", je suis tombé nez à nez avec trois gros oiseaux qui étaient autour d'un tronc d'arbre à s'empiffrer de son écorce. Interrogé par ces étranges volatiles, je questionne le ranger présent au refuge et il m'informe qu'il s'agit de Kéa, un grand perroquet vivant uniquement dans les montagnes de Nouvelle-Zélande. Leur plumage est vert avec de l’orange sous les ailes et peuvent atteindre près d'un mettre d'envergure. Peu craintifs, ils se laissaient prendre en photo et n'avaient pas peur de s'approcher de moi, puis ils sautillaient un peu plus loin sans jamais fuir. Ils semblaient s'être habitués à la présence des randonneurs. J'aurais bien voulu faire une séance photos plus longue, mais les contraintes de temps m'empêchaient de trop traîner.



C'est à partir de ce refuge, que le majestueux Routeburn se dévoile. En effet, la forêt s'est effacée pour laisser place à un paysage alpestre de toute beauté fait de plaines d’herbes et de roches et surtout de lacs, jusqu'à l'abri Harris Saddle le point culminant du chemin principal (1255 m).

À cet endroit, on peut déjà apprécier la vue de la vallée, mais un court chemin d'une heure avec le retour permet de monter plus haut (1515 m) et d'avoir une vue plus large et profonde sur les montagnes Darren et plus largement le Fiordland.



Au retour de ce chemin, une petite pause déjeuner s'est imposée pour alléger le sac, enlever le reste de glace encore présente sur la tente et pour gérer mon effort n'ayant pas encore fait la moitié du chemin après pourtant 4 h de marche...

Le plus dur de la Routeburn a été fait. La suite du parcours a été relativement plat ou en descente même si quelques petites montées subsistaient. Après Harris Saddle, le chemin est parsemé de marguerites, de gentianes, d'edelweiss, de petits ruisseaux et en guise de décors : les montagnes Darren, le Fiordland et la mer de Tasmanie.



Plus loin, après avoir pris un virage le lac MacKenzie apparaît en contrebas. Pour le rejoindre, il a fallu descendre à travers une forêt de mousse et de lichens. Arrivé en bas, j'ai fait une pause au refuge du lac. Les près de 8 h de marche et la mauvaise nuit passée commence à se faire sentir, mais je n'ai pas le choix et doit repartir pour na pas avoir à marcher durant la nuit...



La suite est un chemin traversant une forêt de hêtres après avoir eu une vue sur la vallée Hollyford et les pointes enneigées des montagnes Darren. La fatigue était bien là, je ne profitais plus vraiment de l'endroit, mon objectif étant d'arrêter de marcher le plus vite possible. Dans la forêt, il y aura tout de même les impressionnantes chutes d'Earland et leur 174 mètres de haut.

Plus loin, loin je suis passé devant le lac Howden, sans vraiment m'arrêter, d'où commence une montée, courte, mais qui après plus de 9 heures de marche fait mal. En haut, j'avais la possibilité de prendre un chemin vers le Key Summit pour avoir une vue panoramique du coin, mais n'ayant qu'une chose en tête, finir la marche, j'ai continué mon chemin.

Je suis arrivé au point d'arrivée, à The Divide, du côté de la Milford Road, à 19h30 donc un peu avant le coucher du soleil. Par chance, une voiture a accepté de me déposer au camping Smithy Creek à quelques kilomètres de là.

Comme bilan, je dirais que le Routeburn track est superbe. J'ai eu un excelent ciel bleu tout au long du parcours qui n'est pas trop compliqué, même si pour les deux dernières heures de marches ont été plus compliquées (avec 10h30 de marche, les jambes s’alourdissent).
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