2009 - Christian Poveda
La vida Loca est un documentaire sur les gangs en Amérique Latine. À San
Salvador où a eu lieu le tournage du documentaire, la Mara 18 et la Mara
Salvatrucha s'affrontent. Les gangs des maras sont originaires des États-Unis,
lorsque les immigrés salvadoriens fuyaient la guerre civile dans les années 80.
Ils s'y étaient rassemblés en bandes se considérant ainsi comme une famille.
Après avoir été renvoyé chez eux par l'oncle Sam, ils se sont renforcés et ont
continué les activités qu'ils avaient mis en place : trafique en tout genre,
conquêtes de territoires, meutres... Aujourd'hui, l'Amérique centrale est
considérée comme la région la plus violente du monde, hormis les zones de
guerres.
Christian Poveda a choisi de suivre la Mara 18. Cependant, il a dû demander
l'accord des chefs des deux clans avant de commencer à filmer. La Mara 18
comporterait plus de 14 000 membres, dont la moitié sont en prison.
Le réalisateur va suivre la mise en place d'une boulangerie par le gang.
Cette boulangerie est un moyen de réhabilitation pour les membres qui sortent de prison
et qui doivent avoir une activité légale. Ce projet est mis en place par des
membres du gang qui travaillent également pour l'ONG "Homies Unidos". Cette
boulangerie n'est en aucun cas une planque, pourtant ceux qui y travaillent se
sentent harcelé par la police qui se méfie de voir les membres d'un gang réunis
ainsi.
Leur signe de reconnaissance d'un membre du gang est le tatouage. Mais on est
loin du petit sigle qui montre l'appartenance d'un "méchant" à un gang, comme
dans les séries américaines. Ici, ils en ont partout du beau, du moche. Ce n'est
pas pour décorer comme l'est devenu aujourd'hui le tatouage chez nous, ça fait
partie de leur identité. Il y a une gamine de 18 ans qui va jusqu'à porter un
gros 18 qui recouvre entièrement son visage, c'est assez stupéfiant de voir ça.
Maintenant, elle n'a pas d'autre alternative que de rester dans le gang toute sa
vie.
De toute manière, quand quelqu'un intègre la Mara 18 c'est pour toujours
: "Il n'y a pas de retour possible.
Les assassinats des membres du gang s'enchaînent pendant tout le film. La
police encadre les enterrements afin que la Mara Salvatrucha ne profite de
l'occasion pour faire un massacre. À cette occasion on constate le paradoxe
entre la Foix chrétienne très forte et le désire de vengeance qui ne
devrait pourtant pas être compatible entre eux.
On ne nous dit rien sur les
raisons de ces assassinats. On ne voit pas non plus les représailles qui doivent
surement avoir lieu, mais que le gang a sans doute refusé de filmer.
La famille, et les mères sont impuissantes quant aux agissements de leurs
gamins. Elles sont complètement démunies puisqu'ils n'obéissent qu'aux gangs.
Quand le juge les accuse de ne pas s'occuper de leurs enfants, on perçoit dans
leurs yeux une forme d'impuissance même si elles ne disent rien.
Les différents gangs des Maras sont présents en Amérique centrale (le
Salvador, le Honduras, le Guatemala et le Nicaragua), au Mexique et aux
États-Unis (Californie et l'État de Washington).
Depuis quelques années, les
dirigeants des gouvernements des pays qui subissent la violence des gangs ont
mis en place des politiques de sécurité afin de tenter d'enrayer ce phénomène
de gangs, sans succès pour l'instant. Après avoir été un état fasciste durant 48
ans (1931 à 1979) et vécu une guerre civile entre fasciste et marxiste (1980 à
1992), le Salvador mettra du temps à apaiser les moeurs.
Ce film laisse la parole au gang des Mara 18, sans ajouts de commentaires.
C'est une photographie du climat de violences que vivent de nombreux bidonville
d'Amérique centrale.
Un peu avant la diffusion de ce film, Christian Poveda a été retrouvé
assassiné à quelques kilomètres au nord de San Salvador. Des copies pirates de
son documentaire commençaient à être diffusées...