Contexte économique et politique
La Thaïlande est réputée pour ces temples bouddhistes dont la capitale Bangkok regorge. C'est l'image d’Épinal que le monde s'en faisait jusque dans les années 1990. Entre 1985 et 1995, un boom économique a permis au pays d'accéder au rang des nouveaux pays industrialisés. Ces pays ont la particularité d'avoir une croissance forte, une classe moyenne qui se développe en même temps que le taux d'inégalité entre les citoyens.
De nos jours, bien que les temples bouddhistes soient une des attractions phares du tourisme thaïlandais, les complexes touristiques pour fonctionnent à plein. Mer, sexe et soleil dans des endroits paradisiaques sont le nouvel eldorado pour se faire des vacances de luxes et de luxures pour pas cher.
Ce tourisme (qu'il soit sexuel ou non) est un des poumons économiques du pays. C'est la vitrine du pays. Cependant, au-delà de ces lieux à part la vie en Thaïlande est plutôt précaire. La pauvreté est plus visible même comparé à un pays comme le Vietnam, notamment la mendicité. Cependant, les réformes économiques de ce dernier et le changement de certaines lois moins favorables aux petits agriculteurs risquent de faire évoluer cette perception.
Un des gros scandales ces derniers mois en Thaïlande a été une enquête du Guardian sur l'esclavage de migrants dans la pêche aux crevettes (dont Carrefour et Aldi sont parmi les acheteurs). D'ordre général les migrants sont souvent exploités et sous-payés dans ce pays.
Crise politique depuis 2006
Mais c'est surtout en novembre dernier que la Thaïlande a été évoqué dans la presse avec les contestations contre le pouvoir en place. La Thaïlande est une monarchie constitutionnelle, les photos du roi sont partout y est les citoyens y sont globalement très attachés.
La fronde a débuté avec un projet de loi amnistiant l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra. En 2006, une junte militaire évince celui-ci du pouvoir après la découverte de plusieurs conflits d'intérêts. Après la remise du pouvoir par l'armée aux civils, trois premiers ministres vont se succéder jusqu'en 2010, deux seront démis de leurs fonctions pour corruption, le troisième mourra dans l'exercice.
En mars 2010, les chemises rouges de l'UDD (dont des partisans de Thaksin Shinawatra) manifestent pour des élections anticipées. La réponse de l'armée sera brutale avec censures des médias, répression des manifestants et usage de balles réelles.
Lors des élections législatives de juillet 2011, Yingluck Shinawatra la sœur de Thaksin Shinawatra, est élue largement. Le projet de loi d'amnistie de son frère de novembre 2013, bien qu'annulé depuis, a ouvert une nouvelle brèche dans laquelle se sont engouffrés les partisans de l'ancien Premier ministre Abhisit Vejjajiva (destitué pour corruption).
Pour tenter de reprendre le contrôle de la situation, Yingluck Shinawatra a mis en place des élections anticipées qui se sont déroulées le 2 février 2014, mais le résultat a été invalidé par la Cour constitutionnelle. Le mouvement « Bangkok Shutdown » consistant à bloquer les bureaux de vote a réussi. Le 6 mai, devant cette même Cour, Yingluck Shinawatra est destituée à son tour pour abus de pouvoir. Remplacé par son vice-premier ministre, cet événement va à nouveau embraser la rue avec les chemises jaunes voulant la démission du gouvernement et les chemises rouges le soutenant. Des violences faisant de nombreux morts s'ensuivent. La loi martiale est à nouveau instaurée le 20 mai 2014 par les militaires. Le 22 mai, le général Prayut Chan-Cocha prend le pouvoir organisant ainsi le 19e coup d’État depuis 1932. un couvre-feu est instauré et la constitution suspendue.
À suivre...
Voir le reportage photo des manifestations en février 2014 par Jérémie Lusseau.