Rwanda 1994 de Cecile Grenier, Pat Masioni (Bande dessinée sur le génocide rwandais, 2005)

Rwanda 1994 de Cecile Grenier, Pat Masioni (Bande dessinée sur le génocide rwandais, 2005)
Cette bande dessinée illustre les évènements du génocide rwandais.

Le génocide Rwandais de 1994 a duré officiellement 100 Jours durant lesquels 1 074 000 personnes furent tuées dont 90 % de Tutsis. Cette animosité entre Tutsi et les Hutus a pour origine la colonisation belge, après la Première Guerre mondiale (le pays était auparavant propriété des allemands). L’idée des scientifiques a toujours été d’ethniciser les populations et celle du Rwanda n’y a pas échappé. Pourtant, les Rwandais ont les mêmes origines. Avant la colonisation, les Tutsis étaient un titre honorifique preuve de courage ou de fidélité à un roi.

À leur arrivé les Belges ont élitisé les Tutsis. Ce sont eux qui étaient chargés de la récolte des impôts, de faire respecter la loi imposée par les colons et avait accès à l’enseignement occidental. Ils sont alors devenus le symbole du pouvoir. Mais ces Tutsis avaient des velléités indépendantistes. Les Belges ont alors changé leur fusil d’épaule en émancipant les Hutus, la population majoritaire. Les premiers massacres contre les Tutsis ont eu lieu en 1959 et en 1961 un Hutu devient Président. Le Rwanda deviendra indépendant le 1er juillet 1962.

À leur tour, les Hutus stigmatisent les Tutsis qui dès lors n’auront plus accès à l’éducation supérieure ou aux emplois dans le service public. Les Belges vont même aller jusqu’à imposer la mention de « l’ethnie » sur les cartes d’identité. Un premier « petit » génocide a eu lieu en 1973. Les Tutsis étaient chassés des écoles, ce fut un deuxième exode après celui de 1959. En 1987 est créé par les exilés le Front patriotique rwandais (FPR).

Ce parti politique non reconnu par le gouvernement rwandais entre par les armes en 1990 au Rwanda, après que leur demande de retour eut été refusée. La France intervient pour la première fois au Rwanda en 1960. Les premières coopérations militaires se feront au début des années 70 et s’intensifieront en 1990 avec la formation des soldats rwandais, en remplacement des Belges. Le Rwanda a fait appel aux Français lorsque le FPR  est passé à l’attaque. L’opération Amarylis doit officiellement protéger les ressortissants étrangers, mais officieusement elle est là pour repousser les « rebelles » tutsis. Le gouvernement rwandais profite de la guerre civile pour massacrer des Tustis.

Finalement, un accord entre le Président et le FRP est conclu. Mais de hauts fonctionnaires de l’État ne l’acceptent pas et avec la contribution de la radio ils vont propager un discours haineux à l’égard des Tutsis. Le 6 avril 1994, l’avion du Président est abattu. La Garde nationale éliminera tous les témoins. Le génocide peut commencer.

Le récit de la BD débute lors de cet attentat et le rapatriement des ressortissants étrangers. Mathilde, une Tutsi, et ses enfants sont à la merci des Hutus qui ont carte blanche. Tortures et viols de femmes par des combattants sidéens pour éliminer la descendance tutsie sont des moyens utilisés pour semer la terreur. Mathilda doit survivre dans cet enfer.

Cette bande dessinée qui décrit les abominations commises au Rawanda en 1994 est composée de 2 tomes:

  • Descente aux enfers
  • Le camp de la vie

Le premier retrace les premiers jours après l’évacuation des étrangers, le second évoque les camps de réfugiés et n’est pas tendre avec le rôle des militaires français.

Il existe également deux bons films qui traitent du sujet : « Hotel Rwanda » et « Shooting Dogs ».

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Commentaires
1. ,

La thèse qui donne aux belges la responsabilité de l'ethnicisation du Rwanda provient d'intellectuels européens de gauche qui, pour la plupart, n'avaient jamais mis les pieds au Rwanda, et qui rejettent, dans son ensemble, l'idée de l'existence d'ethnies en Afrique. Le bassin du Congo est une région extrêmement tribale, tribalisation renforcée par des antagonismes qui trouvent souvent leur source dans la traite musulmane (tribus esclavagistes contre tribus victimes de la traite). C'est mépriser les rwandais que de cautionner l'idée qu'il suffit que les belges aient inventé des ethnies pour qu'ils en oublient aussitôt leur histoire millénaire. C'est aussi oublier que le Rwanda était jusque dans les années 90 un des états les plus stables de la région. Quant aux rôle des militaires français, la question est polémique mais rien ne prouve qu'ils se soient sali les mains. J'ai lu la BD a sa sortie il y a quelques années, je n'y ai vu qu'un brulot volontairement provocateur et culpabilisant. Les européens n'ont pas inventé la violence interethnique dans le bassin du Congo.

2. ,
Je dois avouer que je ne suis pas un spécialiste du Rwanda, mais pour m'être un peu documenté au  sujet du génocide, comme tu le dis le rôle de la France fait polémique. Dans le meilleur des cas, elle a laissé faire...

Quant à l'argument d'un pays "stable", il a également été évoqué pour le cas de la Tunisie et de l'Égypte justifiant ainsi les régimes répressifs en place. Le terme stable a plusieurs significations suivant celui qui l'emploie.
3. ,

Quand je dis stable je ne parle pas forcément de la nature du régime, mais en comparaison au Congo (près de dix ans de guerre après l'indépendance 1960-1968, suivi d'une des dictatures les plus sanglantes du coin) ou à l'Angola (1975-1995) pour ne citer que deux exemples, le Rwanda se présentait tout de même comme un modèle, les universités étaient parmi les meilleures d'Afrique, le tourisme florissant... La polémique autour du rôle de la France repose sur la présence, peu avant le génocide, de conseillers militaires en contre-insurrection (comme il y en avait à l'époque dans tout le "pré carré", à la demande des dirigeants), qui, pour les partisans de la thèse du génocide prémédité (discutable et discutée), prouve l'implication du gouvernement Mitterand.

4. ,

Cet album est indécent dans sa transcription des massacres, qui par son coté répétitif, écoeure, lasse au lieu d’émouvoir et sensibiliser. Sur ce plan là, c’est complètement raté.

La dénonciation des "crimes" des soldats français est grotesque et irresponsable. La France porte une très lourde responsabilité dans le génocide rwandais, c’est une évidence. Qu’elle le reconnaisse, serait une bonne chose. Mais,bien évidemment, ces soldats n’ont pas commis toutes les horreurs (viols, massacres, actes de racisme) "dénoncées" dans cet album. En particulier durant l’opération turquoise qui fourmillait de journalistes, d’humanitaires et qui s’est faite "au contact" des troupes du FPR (Front Patriotique Rwandais qui dirige le Rwanda actuel). Le fait que cette Bd reprenne les accusations d’une commission rwandaise qui vient de remettre en août son rapport à charge contre la France souligne la nécessité de prendre avec des pincettes ce genre d’accusations. Dans les relations franco-rwandaises, on nage en plein fantasme et manipulation. Que la France soit franchement coupable en ayant soutenu jusqu’au bout le régime génocidaire rwandais, est un fait, selon moi, quasi avéré. En rajouter outrageusement comme le fait cet album, c’est se tromper de cible. Comme l’a dit Stassen : quand les rwandais se sont massacrés, il n’y avait plus un blanc au Rwanda. Ce qui est vrai, l’armée française avait évacué les ressortissants étrangers trois jours avant le début du génocide. Leur présence à des barrages durant le génocide est impossible : ils ne sont tout simplement plus là !!! C’est bien d’ailleurs le principal reproche que les rwandais ont fait durant des années à la communauté internationale, en particulier à la France : "vous nous avez abandonné !" et non "vous nous avez massacrés !"

Que Cécile grenier se soit faite manipuler ou que sa sincère empathie envers le peuple rwandais l’ait amené à croire sur parole ce que des rescapés ont pu lui raconter, ne l’obligeait pas à en faire une bande dessinée. Il aurait mieux valu passer par un autre genre comme un récit de témoignages. Le public qui achète, dans ce cas là, sait à quoi s’attendre. Mais là, passer par une BD en spécifiant en avertissement que les faits sont véridiques, c’est se tromper de support.

Le choix de Pat Masioni est inconséquent. Congolais (RDC) réfugié en france, Pat ne pouvait refuser de dessiner un dyptique chez albin Michel. Mais cela aurait été plus intelligent de lui faire dessiner un autre album plutôt qu’une histoire qui fait la quasi-apologie du FPR et de son armée. Quand on sait ce que la RDC subit depuis près de 10 ans de la part du régime en place au Rwanda (4 millions de morts), faire dessiner cette histoire par lui est dangereux pour son intégrité physique si un jour il lui prend l’idée de revenir dans son pays. Ces deux albums lui colleront à la peau par la suite dans un pays où les esprits sont chauffés à blanc. Comme l’a écrit son compatriote Barly Baruti (Mandrill, Eva K.) : "C’est bien dommage qu’on se soit servi de la bande dessinée...et d’un dessinateur de BD CONGOLAIS (du reste très talentueux !) pour parler de la triste histoire du Rwanda. "

La fin de l’histoire avec ses raccourcis historiques (la fin complètement tronquée des camps de réfugiés de RDC (ex-Zaïre) alors que c’est d’une importance historique capitale) laisse planer un véritable malaise s’agissant d’un album qui se veut fidèle à la vérité.

Malheureusement, la post-face de Cécile grenier donne les clefs de tous ces manques et incohérences : en fait, sur un sujet aussi sensible, complexe et dangereux, Cécile grenier est sincère mais elle n’y connait tout simplement rien.... Son texte le démontre : elle écrit que le pouvoir rwandais est "démocratique mais fort" alors qu’il s’agit tout simplement d’une dictature militaire (il suffit de lire les rapports d’Amnesty), que les élections ont "légitimé le président" alors qu’il a été élu à 95% des voix et reconnu du plus petit bout du bout des lèvres par la communauté internationale, elle parle de miracle économique alors que plus de la moitié du budget est constitué d’aide internationale, parle des promoteurs du génocide toujours actifs, alors que 14 ans après, quand ils ne sont pas morts, les quelques groupes de hutus opposants cherchent tout juste à survivre dans la jungle, etc..... Et surtout, alors que le texte parle du Rwanda post 94, elle ne dit pas un mot, pas une virgule, pas une plus petite allusion à la guerre en RDC que le Rwanda mène depuis 10 ans et qui a, je le répère, causé la mort de 4 millions de personnes.

Je pourrai en écrire encore beaucoup tellement la lecture de ce 2ème tome m’a révulsé et stupéfait (et je passe sur la scène du pédophile européen cherchant sa proie dans une ville en plein pillage, au milieu des massacres, alors que Kigali avait été évacué de ses habitants occidentaux...).

Pardon mais n’est pas Stassen ou Spiegelman qui veut. Parfois il vaut mieux s’abstenir.

5. ,

C'est tout simplement scandaleux !!!!! une BD, non, un torchon d'injures. j'espère tout simplement que ces calomnies diffamatoires vont provoquer quelques réactions. Vous aviez des témoignages, si les sbires de Kagamé vous avez dit, les militaires français sont des cannibales, vous auriez dessiné un soldat entrain de manger un enfant tutsi, vous devriez avoir honte, vous dessinez "goma", j'y étais, je n'ai pas vu de planches montrant des soldats qui rassurent, qui soignent, qui sauvent des vies etc etc..... vous me donnez la nausée !!!

En tout cas on ne peut pas continuer à laisser dire tout et n'importe quoi sur les soldats de l'opération Turquoise ; le mandat de départ était très clair, la résolution 929 du conseil de sécurité ( 22 juin 1994) autorise la France à mener une action temporaire, à caractère strictement humanitaire et conformément au chapitre VII de la charte de l'ONU, il peut être fait usage des armes pour exécuter la mission. Une stricte neutralité vis à vis des factions ( FAR / FPR …) est impérative. Un simple rappel des faits me paraît nécessaire, suite à l'attentat contre le Falcon 50 ayant causé la mort des présidents burundais et rwandais (le 6 Avril 1994) , s'est déclenché un massacre généralisé de la population Tutsis et Hutus modérés par des extrémistes Hutus (milices, unités militaires, population….).

Les premier éléments français sont arrivés à Goma et Bukavu à partir du 22 juin 1994, date de l'autorisation du conseil de sécurité donc deux mois et demi après le déclenchement du génocide, certes, bien tard, mais qui a empêché une intervention plus rapide ? pourquoi ? qui voyait d'un mauvais œil l'intervention de l'armée française ? Sans entrer dans les détails, les français ont assuré d'emblée la protection du camp de réfugiés de Cyangugu, puis la création d'une zone humanitaire sure à la périphérie de laquelle tous les agresseurs sont repoussés et à l'intérieur tous les éléments hostiles sont neutralisés afin de protéger les populations et de permettre l'action humanitaire…..des milliers de vies ont été sauvées…. trop peu certes, mais une seule vie sauvée valait la peine d'intervenir, devant l'immobilisme international, la France a fait preuve, à travers ses soldats, de courage et d'abnégation.

Rappelons nous que fin 1993 , le FPR demandait comme préalable aux accords d'Arusha, le départ des troupes françaises, ce qui fût fait…. on connaît la suite….. La catastrophe humanitaire, provoquée par le flux de réfugiés fuyant vers le Zaïre, l'épidémie de choléra a transformé les soldats français en fossoyeurs, tout ça pour enrayer cette épidémie… Depuis toutes ces années, les soldats français doivent encaisser sans cesse des accusations de viols, assassinat etc etc , sans parler de la pire des accusations « complicité de génocide et crime contre l'humanité » rien que ça……que ceux qui ne connaissent pas notre action au Rwanda, au moins ne nous jugent pas, et s'ils nous jugent, qu'ils aillent voir un peu du côté du nord Kivu , qu'ils cherchent la réponse à tout ce drame dans les réserves minières de la RDC …le coltan ( tantale) par exemple !!!!!

A qui profite le crime ? Pas aux soldats de turquoise en tout cas, eux, ils n'ont pas à rougir, ils doivent garder la tête haute et se mobiliser pour que cesse la calomnie. j'étais un de ces soldats, où étiez vous, les donneurs de leçons, quand nous sauvions des vies ?