Réserve autochtone de Kahnawake, Nation Mohawks

Beaucoup de gamins s'amusent à jouer aux cow-boys et aux Indiens. Ce jeu nous parvient des pionniers d'Amérique du Nord. Les visages pâles en pleines conquêtes des océans ont voulu s'approprier le continent américain, mais pour cela, il fallait chasser ceux qui étaient déjà là, les natifs.

Malgré les nombreux massacres perpétrés, les Européens n'ont pas pu éliminer toutes les tribus amérindiennes. Celles-ci se sont même parfois alliées et ont réussi à leur mettre quelques bonnes branlées. Devant cet état de fait, l'Homme blanc à "généreusement" laissé des bouts de terres aux Indiens : les réserves.

Ces réserves sont des endroits où les Indiens sont parqués au départ, mais qui a la suite de contestation sont devenues des zones presque autonomes. Elles sont protégées par la Loi fédérale sur les Indiens. « Cette loi permet au ministère des Affaires indiennes de régenter plusieurs aspects de la vie des Amérindiens telles les limites de leur territoire, l'éducation qu'ils reçoivent, leur appartenance à une communauté ainsi que leur fiscalité » (source : Wikipédia).

Au sud de Montréal, il existe la réserve autochtone de Kahnawake, où vivent plus de 8500 âmes d'une tribu Mohawk. Les Mohawks font parti d'une des Six-Nation Iroquoise.
Pour aller au travail, je devais traverser cette réserve pour me rendre à Saint-Rémy. L'endroit n'est pas bien différent d'une autre ville aux alentours : fini les tipis et les chevaux. Les peaux-rouge vivent dans une maison et possèdent eux aussi leur gros 4x4 puant.
Idem quand je suis allé visiter le centre-ville. Sauf les commerces qui mettaient des têtes d'Indiens sur leur devanture, il n'y avait rien de différent d'une autre ville. On est loin des Villes de Belfast et de Derry (la situation à des similitudes) où le côté identitaire est très largement affiché.

En revanche, j'ai vu un village reconstitué sur le chemin qui me ramenait à Montréal. Il y a aussi le site éducatif des Cinq Nations Mohawks qui semble intéressant à faire : introduction à la culture Mohawk, présentation de danses traditionnelles, démonstration d’artisanat avec la possibilité d’ateliers pratiques, des repas amérindiens traditionnels. Je pense que j'irais faire un tour. Il y a aussi le Pow Wow, rencontre interindienne avec danses, chants et visites où tout le monde est convié.

Malgré cela, leur culture a été largement avalée par l'ogre consumériste occidental. À quoi bon dans ce contexte être dans une réserve si on y vit comme partout ailleurs ?

Les avantages sont pourtant nombreux pour les Amérindiens. Ils ne paient pas d'impôt, ils ont accès gratuitement aux soins et ils peuvent vendre des produits détaxés. Ce dernier point est un des moyens de survie pour les Indiens. La vente de cigarettes et d'alcool à -50 % rencontre du succès auprès des Acadiens (les Canadiens français dont la majorité vit au Québec).
Les Indiens ont aussi le privilège d'avoir leur propre police. Celle du Québec n'a pas le droit d'y pénétrer. De nombreux trafics en tout genre ont lieu en toute impunité dans la réserve.
Enfin, une réserve permet aux tribus de garder leurs cultures. Les Indiens peuvent donc dicter les lois qu'ils veulent. Par exemple dans leur tradition, une femme blanche peut devenir Mohawk si elle se marie avec un membre de la tribu. En revanche, si une femme Mohawk se marie avec un blanc, elle en est exclue.
Aussi, il n'est pas permis à un blanc de jouir des droits de la tribu. Dans ce contexte, en février 2010, 26 personnes non mohawks ont été expulsées, même les conjoints. Pourtant, une association de femmes autochtones dénonce ces expulsions qui selon elle vont à l'encontre des traditions Mohawks et peuvent déstabiliser des familles entières.

Kahnawake est une des réserves les plus identitaires, c'est à cet endroit que la langue iroquoise est la plus parlée (sinon ils sont majoritairement anglophones). Ils continuent à se battre pour récupérer des terres qui leur appartiennent, car ils ne possèdent seulement qu'un quart des terres qui leur sont officiellement dues. C'est sans doute une des raisons de leur dureté puisque des conflits éclatent dès que leurs droits sont menacés.

Le plus important de ces dernières années demeure la Crise d'Oka. Le maire de la ville d'Oka avait voulu agrandir un terrain de golf sur un ancien cimetière indien. Les Amérindiens armés d'AK47 et de M16 se sont rebellés. Ils ont bloqué le pont Mercier qui relie Montréal et la réserve (c'est ce pont que j'emprunte pour aller à mon travail).

La police québécoise a tenté d'intervenir sans succès, un policier à même été tué. L'armée est alors intervenue. Sans violence les Indiens se sont rendus, le projet de golf avait de toute façon été abandonné.

La situation des réserves est très complexe puisqu'elles se sont très largement occidentalisées. Malgré des droits supplémentaires, les Indiens ne semblent pas avoir pu affirmer leur identité. Pire la misère les guette. Même si lors de ma visite à Kahnawake, je n'ai pas eu l'impression d'être dans un lieu de misère comme souvent les réserves sont dépeintes. Peut-être que la proximité avec Montréal y est pour beaucoup. Mais des signes ne trompent pas, l'alcoolisme est très important. Des affiches dans Kahnawake recommandent aux femmes enceintes de ne pas boire.

Les Cow-boys mettent du temps à éliminer les Natifs, mais petit à petit ils y arrivent...

Nations autochtones au Québec
Les différentes Nations autochtones au Québec (Source).
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