Can Tho
Après sept jours passés à Phan Thiet, nous avons repris un bus avec la même compagnie pour nous rendre cette fois dans le Delta du Mékong. Arrivée à Ho Chi Minh cette compagnie nous fait faire des va et viens en taxi-van entre le bureau pour acheter les tickets et les stations du bus pour nous rendre à la gare principale. De retour dans la rue Phạm Ngu Lao nous avons aperçus des animaleries avec des chiots en cages qui tournent sur eux-mêmes (signe d'un début de démence à force de resté dans un si petit espace). J'espère au moins qu'on leur offre plus d'espace la nuit...
Donc direction le sud-est de Ho Chi Minh. La région du Delta du Mékong a subi de nombreuses transformations. Il y a une dizaine d'années, il existait encore un trafic maritime dense qui a disparu suite à l'édification de gigantesques ponts qui permettent aujourd'hui de rejoindre rapidement les villes de la région, désenclavée.
Le Mékong est le dixième plus grand fleuve du monde et finit sa course dans cette région du Vietnam en se séparant en plusieurs branches rendant la zone propice aux inondations. Un peu avant Can Tho, le bus a traversé une ville aux routes inondées. Bilan : les sacs à dos en soute avaient pris l'eau.
Lors de notre première marche en ville le lendemain, nous sommes témoins d'un accident de circulation où deux motos se sont percutées. Rien de bien méchant puisque les deux protagonistes de l'histoire se sont relevés. Ce qui nous a surpris le plus dans cette histoire c'est qu'il s'agissait de premier accident que nous vivions en tant que témoins alors que la circulation est folle. Le Vietnam est le second pays au monde en terme d'accident de la route après la Thaïlande (bien que la Libye et l'Érythrée aient un pourcentage plus important, leur situation politique et économique est complètement différente).
Un peu plus loin, notre escapade nous a mené dans un quartier résidentiel au sud de la ville avec ses dédales de ruelles sinueuses et interminables qui nous ont conduits finalement sur la rue Nguyễn Thị Minh Khai. Nous remontons par la Hai Bà Trưng avec ses quais et son marché grand alimentaire. Plus haut se trouve le marché central (Chợ Cần Thơ), fondé il y a 150 ans et rénové en 2005 avec une vocation plus touristique. Aux abords se trouvent des jardins en faisant une place relaxante.
Le jour suivant, après un bon repas indien le midi au New Delhi Halal India Food (quoiqu'un peu cher) sur la rue Hai Bà Trưng et un autre vagabondage dans la ville, les marchants montaient leurs stands à la tombée de la nuit pour le marché quotidien sur l'avenue Nguyễn An Ninh en prolongement du Chợ Cần Thơ. Ce marché propose de la street food, mais aussi des objets (orientés touristes pour beaucoup d'entre eux) du style bijoux). Encore une fois, beaucoup de marchands vendent les mêmes pièces et la négociation est de rigueur.
Pour dîner nous découvrons le Quan Com 16 un restaurant où viennent manger les locaux. Une bonne adresse.
Les marchés Flottants
Le lendemain matin, on rencontre notre guide qui nous attend à l'entrée de notre hôtel à 5h30 du matin. Nous allons consacrer notre journée aux marchés flottants l'"attraction" du Delta du Mékong. Il y a deux solutions pour s'y rendre. Soit il faut joindre les quais et on négocie le prix d'un bateau avec son conducteur pour s'y rendre, soit il faut prendre un circuit tout compris. Dans le premier cas, il peut s'avérer décevant. Même si c'est moins cher certains guides vont vite et on ne profite pas trop de l'endroit. Nous avons opté pour un circuit assez complet et au final nous n'avons pas été déçus. Ce fut sans doute un des meilleurs moments au Vietnam.
Comme je le disais, nous devions être prêts à 5h30. L'idée était de pouvoir assister au lever du soleil. Au Vietnam l'aube et le crépuscule ne sont pas très spectaculaires puisqu'il y a en permanence un voile nuageux gris. Mais de toute façon, le marché commençant très tôt, il faut y aller de bonne heure (il a lieu jusqu'à 8-9 h). Nous embarquons sur une barque motorisée où nous sommes seuls, au moins nous ne sommes pas dans une embarcation pour bétails (euh pour touristes). Le parcours n'est pas des plus idylliques avec à droite comme à gauche des baraquements primaires situés au niveau de l'eau (qui est marron dû à la composition rocheuse), mais c'est aussi le charme de l'endroit. Au bout d'un moment, nous arrivons à Cai Rang (à 7 km) où se trouve le principal marché flottant local. Les paysans du coin ont remonté la rivière avec leur sampan rempli de fruits ou de légumes. Des bateaux plus grands sont aussi de la partie et ceux-là semble être la résidence de leur propriétaire. Certains bateaux font de la restauration à emporter. C'est animé.
Nous continuons notre route plus loin. Notre guide nous a acheté sur le marché un ananas à chacun qu'il nous présente de fort belle manière. Un peu plus loin, nous bifurquons sur la droite, dans un plus petit bras de rivière où il nous demandera de mettre pied à terre. N'ayant pas trop suivi l'itinéraire, nous ne savions pas trop où notre guide nous emmenait. À quelques encablures, il y avait une fabrication de galette et de nouille de riz perdue au milieu de nulle part comme il en fourmille un peu partout. Une partie de la production du Vietnam n'est pas encore industrialisée, mais cela ne veut pas dire que les conditions de travail dans ces petites structures soient bonnes, même si notre courte visite ne nous a pas montré grand-chose.
Nous rembarquons dans notre speed boat jusqu'à Phong Diên (20 km) et son marché flottant. Plus petit que celui de Cai Rang, il n'y a pas de gros bateau, juste des petites embarcations qui échangent des victuailles de la main à la main. Sur différents sites, il est indiqué qu'il y a moins de touristes, ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas, mais au moins l'afflux en groupe ne se fait pas. Ce marché est digne d'une carte postale ! Nous achetons des mangues que l'on offre à notre guide.
Après quelques minutes nous remontons le fleuve par où nous sommes arrivés, puis nous prenons un embranchement sur notre gauche. Nous nous enfonçons dès lors dans un paysage plus naturel et reculé, propre aux images que l'on se fait du Mékong et sa végétation luxuriante. Beaucoup d'habitants de la zone ont des bateaux qu'ils garent sous des abris en bois le long de la rive.
Notre guide nous dépose dans un endroit où se trouvent quelques habitations et nous fait comprendre qu'il nous récupérera un peu plus loin. La seule route longe la rivière donc il sera dur de se perdre. Nous voilà donc laissés à nous-mêmes quelques instants au milieu de nulle part entre Phong Diên et My Khanh. La circulation ne peut se faire ici qu'en bateau, vélo et bien sur moto.
Ce qui nous a intrigués c'est une tombe dans le jardin d'une maison. Nous apprendrons plus tard à Ben Tre que dans les petites localités, c'est une pratique courante d'enterrer les morts sur le terrain de leur maison. En revanche, personne ne peut y venir habiter par la suite.
Nous retrouvons plus loin notre guide qui nous rembarque sur son yacht. Il nous a emmenés jusqu'au Mỹ Thuận Homestay à My Khanh où nous avons déjeuné un pot-au-feu de fruit de mer. A cet endroit, on peut dormir chez l'habitant et il existe un jardin avec diverses variétés de plantes et de fruits, mais nous ne sommes pas allés à la bonne saison pour voir la végétation en floraison à part quelques lotus.
Après la visite du jardin, nous avons continué notre route pour faire une boucle et revenir sur Can Tho et son aire urbaine. Le soir nous retournons dîner au Com 16 qui nous avait bien plus la veille.
Ben Tre et ses cocotiers
Petite frayeur avant d'arriver à Ben Tre. La veille nous avions demandé à la réception de l'hôtel de nous réserver un bus. Ce matin-là donc, le taxi nous emmène à la station de bus et arrivé sur place on s'est jeté sur la voiture, pris nos sacs sans nous le demander pour les mettre dans la soute à bagages d'un bus. On essaie de communiquer avec le conducteur de taxi qui nous a confirmé que ce bus se rendait à Ben Tre. La manière dont on nous a fait monter dans le bus n'était pas très commode. Nous avons ensuite attendu une heure dans le bus avant de partir. Pendant ce temps on s'aperçoit qu'il existait des Bus Futa qui s'y rendaient alors que je n'avais rien trouvé sur le web. Notre bus était vieux et pour le même prix nous aurions pu monter dans les gros bus neuf de cette compagnie.
Pendant notre attende une conversation entre le chauffeur de bus et une passagère a tourné à l'engueulade, celle-ci semblait se plaindre des prix du billet. Comme quoi notre impression était la même chez les locaux. Le bus est finalement parti, bien rempli. Au milieu du trajet, lors d'un arrêt, nous avons vu des types prendre nos sacs. Donc nous descendons et nous les voyons les mettre dans un autre bus que nous devions prendre finalement. Nous voulions avoir confirmation de la destination, mais nous n'avons pas eu de réponse. Nous nous sommes rassurés en voyant indiqué sur le bus que Ben Tre faisait partie d'une des localités desservies. C'est un peu stressant de savoir qu'à n'importe quel moment on peut changer de bus sans explication et que l'on peut prendre nos sacs sans nous demander notre avis. Je pense que c'est une question d'habitude...
Sur la route, nous devons passer par My Tho où l'on traverse un nouveau pont gigantesque. À Ben Tre nous posons nos sacs au Chalet suisse Guest House où la gérante avait vécu en Suisse avant de revenir au Vietnam pour monter sa chambre d'hôte où chaque bungalow est bâti comme un chalet suisse. C'était un endroit vraiment chouette.
La région de Ben Tre est considérée comme la capitale nationale de la noix de coco. C'est elle qui en produit le plus au Vietnam. La chaire est transformée en coco séchée, fibres, bonbons... et la coque en produits artisanaux. Nous avons emprunté des vélos pour nous balader aux alentours, au milieu des cocotiers. C'était un endroit très agréable loin de brouhaha ambiant de la ville. Après le délicieux repas de la veille préparé par la famille qui habite aux chalets, nous repartons en vélo explorer les lieux, un peu plus loin cette fois. Les chemins sont cimentés, mais seules les motos peuvent passer. C'est un gros décalage avec les villes où la voiture prend de plus en plus d'importance. Ici les routes ne sont pas adaptées et rendent les lieux impraticables aux quatre roues.
C'est à cet endroit qu'on redécouvre des tombes devant des maisons abandonnées, la gérante de la chambre d'hôte nous expliquant que le gouvernement incitait de plus en plus les familles à enterrer les morts dans les cimetières qu'il mettait à disposition.
La saison des noix de coco était aussi terminée lors de notre passage. Nous avons vu plusieurs tas de leur coque aux pieds des arbres.
Après avoir mangé une soupe de bœuf dans un petit resto au bord de la route, il fallait nous préparer et attendre le bus qui devait nous emmener à Ho Chi Minh, après un changement à My Tho.
Le Delta du Mékong, sa ballade sur le fleuve et les déambulations dans Ben Tre resteront un de mes meilleurs souvenirs du Vietnam.