Les Hassidim du Mile-End – Montréal

Félix et Meira de Maxime Giroux (Drame communautaire hassidique, 2015)
Source photo : famillemtv.blogspot.fr

Je vais vous présenter le quartier du Mile-End situé au nord de Montréal où vivent d'étranges individus (éteignez la lumière ça va être effrayant...). C'est dans ce quartier qu'est le plus grand studio de l'entreprise rennaise UbiSoft. Ce studio a réalisé les jeux Rayman, Splinter Cell, Prince of Persia, etc. C'est la plus importante société de jeu vidéo française.

Mais ce qui m'intéressait au Mile-End, c'était les Hassidim. C'est une communauté juive apparue au 18e en Ukraine. À cette époque, les juifs étaient persécutés et étaient de plus en plus pauvres. Ils n'avaient plus la possibilité d'étudier les textes sacrés et leur commentaire comme doit le faire un bon juif. L'hassidisme a rapidement trouvé des adeptes, car pour eux le juif le plus pauvre est égal à au plus cultivé et dans le contexte ça répondait à leurs besoins.

Les instruits, dont les rabbins n'approuvent pas cette pensée. En plus, les Hassidim prient dans la danse et le chant, alors que la prière doit être solennelle. Mais ce sera surtout le rebbe (ne pas confondre avec le rebeu) qui déclenchera une forte opposition. Chez les Hassidim, cet homme est l'interface entre Dieu et les hommes. Il a tous les pouvoirs de décision. Les rabbins craignent des dérives, les Hassidim sont alors excommuniés.

Après la Révolution française, mais aussi les conquêtes napoléoniennes, les juifs d'Europe obtiennent des droits. Influencés par le courant des Lumières, les juifs Haskalah créés un schisme chez les juifs. D'un côté les orthodoxes, ceux qui suivent à la lettre près le dogme religieux et de l'autre les juifs qui s'ouvrent au monde, qui ne pratique pas tous les devoirs du juif et même certains qui ne croient pas en Dieu.

Les Hassidim vont garder une ligne de conduite intransigeante. Ce sont eux qui pendant la Seconde Guerre mondiale vont être touchés en premier, car ils sont les juifs les plus facilement reconnaissables. Ceux qui arrivent à fuir s'exileront aux États-Unis ou à Montréal.

À Montréal, ils sont situés dans les quartiers du Mile-End, Outremont et Snowdon. Environ 12 000 juifs hassidiques y vivent reclus.

Ils ont un mode de vie qui leur est propre.

  • Leur tenue vestimentaire est ce qui se remarque le plus. Ils portent de longs manteaux noirs et de grands chapeaux en permanence. Ils sont très facilement reconnaissables dans la rue.

  • Les Hassidim vivent regroupés en communauté. Ils sont séparés avec l'extérieur : ils ont leurs écoles, des magasins adaptés et ont leur propre emploi.

  • Ils ne sont pas favorables à la démocratie.

  • Ils sont septiques vis-à-vis de la modernité. Ils rejettent la télévision. En revanche, ils utilisent Internet : http://www.loubavitch.fr

  • Ils rejettent en bloc la parité homme/femme

À Montréal, cette communauté grandi, puisque les familles ont souvent entre 7 et 10 enfants.

Un point positif à leur actif, ils sont septiques quant au sionisme, certains voulant même la destruction d'Israël. Selon les Hassidim, un État hébreu ne peut être reconstruit que par Dieu, que lui-même avait détruit.

Voilà pour le topo sur cette communauté qui se veut discrète, mais qui se remarque dans ses lieux de vie. En allant dans le Mile-End, c'est étonnant de voir leur tenue d'un autre temps. Même les plus jeunes portent une tenue noire et austère avec une kippa. Les femmes et les filles sont vêtues de robes vieillottes. Ça me fait penser à des amish « mieux » intégrés.

Ils ne semblent pas heureux de vivre : ils regardent droit devant eux ou le sol sans détourner le regard. Ça contraste avec les Québécois qui ont un léger rictus en permanence. Les Hassidim semblent éviter les artères de la Ville où il y a le plus de monde. Sur l'avenue du Parc, une rue commerçante qui traverse le Mile-End, je n'ai vu aucun Hassidique. Par contre sur les deux voies parallèles, c'étaient les seules personnes que je rencontrais. Ils essaient de s'isoler au maximum du monde pour ne pas être influencés et suivre à la lettre ce que leur demande de faire la religion.

De ce que j'ai pu entendre durant ma ballade, les Hassidim parlent soit hébreux soit anglais. Parler une autre langue que celle du millieu dans lequel ils vivent leur permet de se bannir plus facilement.

Il y a une situation qui m'a particulièrement troublé. Deux gamins non-Hassidim s'amusaient devant leur maison. Ils riaient et criaient. C'est le genre de bruit qui rend violent au bout d'un certain temps, mais qui prouve que l'enfant est heureux. Trois gamins juifs hassidiques de la maison voisine les regardaient silencieusement. Ils semblaient les envier. C'était une scène paradoxale...

En 2015 est sortie au Québec le film "Félix et Meira" évocant une femme hassidique qui voudrait s'émanciper.

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