Le débat, organisé par RMC / BFMTV, avec Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon a été le lancement des Présidentielles de 2012 dans les médias. Les deux protagonistes ont tenté de s’entre-tuer à coups de citations de bons mots. Rien n’a pu les rassembler.
Pourtant, le premier numéro de « Portraits de campagne », un magazine politique de la chaîne Direct 8, montre un comportement bien différent de Mélenchon hors débat. On le voit croiser la présidente du FN et lui serrer la main. Il lui parle d’un ton mielleux. Un chaton inoffensif en face de LA représentante de l’extrême droite française. Quelques instants plus tard, il croise Rachida Dati avec qui il raconte sa rencontre avec Le Pen et son ton redevient plus agressif vis-à-vis de celle-ci.
Hypocrite Mélenchon ? Oui, mais il n’est pas seul. Lors d’un discours devant les jeunes socialistes, Martine Aubry cite les paroles du rappeur Kool Shen : « Ces vies qui te rappellent que chaque jour, c’est les play off ». Cette évocation erronée — la phrase exacte est « C’est la vie qui te rappelle que chaque jour c’est les play off » — d’un artiste écouté par la jeunesse est un bon coup et lui confère un statut de « in », de « branché » ou d’esprit jeune tout simplement. Mais l’équipe du petit journal de Canal + va poser à la fille de Jacques Delors la question qui dérange : « Quelle est votre chanson préférée de Kool Shen ? » Elle ne va pas être capable de répondre immédiatement. Le journaliste va revenir vers elle plusieurs fois et elle n’aura comme seule excuse qu’elle veut souffler un peu et qu’elle répondra plus tard.
Finalement, elle ne répondra pas directement à la question et la contournera en citant, avec beaucoup d’hésitations d’autres artistes de rap. Son comportement est extrêmement méprisant envers ces jeunes et naïfs militants socialistes. Par respect, elle aurait pu prendre la peine d’en savoir un peu plus sur l’œuvre d’un individu qu’elle cite au lieu de reprendre une phrase sans doute écrite pas des conseillers…
Ces deux exemples parmi de nombreux autres montrent le jeu d’acteur des politiques lors des discours et des débats. Rien d’étonnant de voir que la bête monte, monte, monte…
Zabriskie Point – la bête (1998) :
Bête immonde
Ordure du monde
On ne parle que de ça
Repaire de tortionnaires
De légionnaires
Sue le FN on ne tarit pas
Mais y aurait il pas genre quelques fascinations
Dans tant de dénominations?
C’est à voir
Gros porc, gros con de borgne
On ne parle que de lui
Pustule, trou du cul
Sur lui on bave mais ne serait-ce pas d’envie?
D’ailleurs c’est tout vu
Suffit de vous voir
Etrangement émus
Quand apparaît la bête noir
Fascinés vous êtes
Hébétés vous êtes
Par la bête
Et pendant ce temps là
La petite bête monte monte monte
Cette bête la nommons la
Une bonne fois
Et qu’on n’en parle plus
Nommons la fasciste
Résidu capitaliste
Et finissons là dessus cette sale fascination
Et toutes ces dénominations
Et pendant ce temps la
La petite bête
Monte monte monte