Anthony Burgess est l'auteur du livre Orange mécanique publié en 1962. Neuf
ans plus tard, maître Stanley Kubrick l'adapte au cinéma. Aujourd'hui, il est
considéré comme un chef-d’œuvre, mais ça n'a pas toujours été le cas. Burgess,
qui a participé à la campagne de promotion de sa sortie au cinéma, a été la
cible d'injures et de menaces. C'est cette expérience qu'il relate dans "Le
Testament de l'orange".
Enderby, poète et professeur d'Université, a adapté au cinéma le scénario
du "Naufrage du Deutschland" du prêtre jésuite Gerard Manley Hopkins. Un poète
qui selon des critiques retranscrirait ses pulsions refrénées d'abstinent dans
ses oeuvres.
La version cinématographique hyperbolise ces allusions dont le point d'orgue
est une scène où une nonne se fait violer par des nazis. À sa sortie dans les
salles obscures, de nombreux criminels seraient passés aux actes après avoir
vionné le film. Enderby, va devenir le bouc émissaire et être accusé par la
vindicte populaire de prôner la violence.
Dans cet ouvrage Burgess nous raconte ce qu'il a vécu, ressenti. Même si les
personnages sont fictifs, ils ont été piochés dans la réalité. Il a vécu un
combat permanent entre le harcèlement et des "procès" publics lors de talk-show.
Il devait affronter un adversaire très puissant : la religion et ses
puritains.
La ligne de défense d'Enderby était que l'art était une retranscription de la
réalité et non un déclencheur de violence. Même si des cas isolés de personnes
en détresses psychologiques ont avoué s'être inspirés du film, il ne faut pas
les généraliser.
Cette histoire fait écho à notre époque. Il y a encore quelques années ont
accusait les jeux vidéos violents, Gran Thef Auto en tête de gondole, de
"pervertir" la jeunesse en les poussant à l'acte. Que dire des publications
littéraires dans les siècles passés soumises à la censure par leur caractère
"subversif". L'art irrévérencieux a toujours existé en faisant évoluer ses
supports de diffusion avec le temps.
Ces procès d'intentions sur le thème de l'art et la violence qui s'en dégage,
basés sur des sophismes ont de tout temps été orchestrés par la religion ou les
États, lorsqu'il s'agissait d’œuvres politisées.