Aux États-Unis, où cette pratique est légale, une population appauvrie vend son sang aux grandes multinationales, qui le commercialisent en Europe. Une enquête passionnante sur une industrie en pleine croissance.
Aujourd'hui, le plasma, un composant du sang très recherché pour ses protéines, vaut plus cher que le pétrole. Utilisé par des sociétés pharmaceutiques pour fabriquer des médicaments coûteux, ce précieux liquide, indispensable aux malades, est devenu une marchandise rentable. Avec des bénéfices s'élevant à plus d'un milliard d'euros, la société suisse Octapharma est l'un des quatre acteurs principaux de ce marché florissant. Ses centres de collecte, implantés principalement aux États-Unis, où le prélèvement rémunéré, interdit en Europe, est légal, attirent les habitants des quartiers défavorisés. Pour cette population appauvrie, notamment depuis la crise de 2008, le don de sang est parfois l'unique source de revenus. L’entreprise tire profit de la situation pour revendre à prix d’or ses produits – plasma simple ou transformé – aux hôpitaux européens. Cette marchandisation du corps pourrait présenter des risques sanitaires accrus, car le don rémunéré n'est pas sans danger : il incite les donneurs à mentir sur leur état de santé et attire une population à risques. Elle pose également de sérieuses questions morales. Est-il admissible que le sang des pauvres gonfle les profits des multinationales ?
Filière cachée
Des trottoirs de Cleveland à la Suisse, cette enquête alarmante remonte la filière complexe et cachée du plasma humain. Grâce aux témoignages de donneurs américains, les journalistes François Pilet et Marie Maurisse révèlent les failles d'un système industriel déshumanisant. En dénonçant ces pratiques douteuses, leur documentaire éclaire aussi sur les dangers d'une libéralisation progressive du secteur de la santé en Europe.
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