Dans "La République", Platon désigne cinq systèmes de gouvernements différents : la tyrannie, la timocratie, la royauté, l'oligarchie et enfin la démocratie. La France, depuis la Révolution française de 1789, fonctionne avec un régime de type démocratique. Cependant en observant les faits de la vie politique, on s'aperçoit que ce n'est qu'une démocratie de façade.
Dans une démocratie, le pouvoir est détenu par le peuple qui élit ses représentants. Ceux-ci sont alors chargés de s'occuper des affaires publiques. Dans l'Antiquité, tous les citoyens libres pouvaient s'occuper du bien public quelque soit leur statut social — les esclaves étaient hors de la vie politique. En France, en théorie, toutes les couches de la société peuvent être représentées. Cependant, la grande majorité des hauts fonctionnaires — ministres, députés... — viennent du même milieu social : les cadres et professions intellectuelles supérieures. Avec les années, ces "représentants" se sont mis à l'écart des citoyens. Le salaire prohibitif qu'ils perçoivent les a déconnectés des réalités de millions de français qui peine à boucler leur fin de mois. Il est loin le temps des débuts de la première République où les ministres et députés étaient juste indemnisés évitant ainsi tout carriérisme politique.
Par ailleurs, une forme de cooptation s'est mise en place entre nos représentants devenus entre-temps nos dirigeants incluant les sociaux-démocrates, les libéraux et les néo-libéraux. Lorsque l'on observe les différentes élections, le résultat ne reflète pas du tout les aspirations de la majorité des Français, qui, lassent de ne pas être écoutés, abandonnent massivement les urnes. En effet, nos dirigeants font des réformes à leur guise, allant à l'encontre du bien-être des citoyens (privation d'entreprises publiques, démantèlement des acquis sociaux). En revanche, elles profitent à de riches industriels qui s'enrichissent encore plus. L'exemple du référendum du Traité de Lisbonne illustre parfaitement ce que je viens de dire. Alors que la majorité des votants ont refusé ce nouveau traité européen, l'Assemblée nationale, quelques mois plus tard, l'a ratifiée en notre nom.
Le "vote utile" témoigne lui aussi de la distance et de l'incompréhension qui se sont immiscées entre le peuple et ses dirigeants. Au lieu de mettre en place un programme apprécié des Français, les partis du pouvoir préfèrent utiliser les extrêmes comme une Épée de Damoclès au-dessus de notre tête pour que l'on vote pour eux. Ces partis ont sans doute en tête le modèle américain. Là-bas, celui qui obtient le plus d'argent est élu tandis que les voix dissonantes s'expriment dans un vide médiatique. Il ne faut donc pas tomber dans ce subterfuge qu'est le "vote utile" qui, à terme, réduirait le champ politique français et donc les différentes aspirations des citoyens.
Petit à petit, la République française s'est transformée en une oligarchie, c'est-à-dire une cooptation d'individus, ploutocrate, c'est-à-dire composée de riches. Elle est visible avec le diner du Siècle, qui réunit chaque dernier mercredi du mois des journalistes, industriels, politiques et hauts fonctionnaires dans un lieu fermé aux citoyens et dont on ne sait pas vraiment ce dont ils discutent. Je n'oublierais pas d'évoquer les liens amicaux et familiaux entre nos dirigeants et les industriels. Le cas le plus intéressant à ce sujet est l'actuel président (nespote) de la République qui a pour amitié des personnalités tels Mr Bolloré ou Mr Bouygues, présidents et actionnaires des multinationales du même nom, ainsi que des liens de parenté avec Guillaume Sarkozy, délégué général du groupe Malakoff-Médéric, un groupe de retraite complémentaire et de prévoyance qui risque de tirer profit de la réforme des retraites.
Cette consanguinité est une menace pour la démocratie. Il appartient à chacun de se tenir vigilant pour qu'elle ne devienne pas infestée de lobbys comme c'est déjà le cas aux États-Unis, afin que le pouvoir régalien reste entre les mains des politiques et non dans celles des intérêts privés.
La démocratie française n'est plus... Vive l'oligarchie !