C’est en avance que le Japon a célébré le 25e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. Le 26 avril 1986, à 1 h 24, le réacteur nº 4 de la centrale nucléaire explose provoquant une fusion du cœur du réacteur. Le lendemain, une zone d’exclusion nucléaire est mise en place dans un périmètre de 30km. Tous les habitants de cette zone ont dû quitter leurs habitations. Les autorités de l’époque avaient estimé qu’ils seraient de retour au bout de trois jours. 25 ans plus tard, on sait qu’ils n’y reviendront jamais. On estime à 48 000 années le temps qu’il faudra pour que cette zone soit de nouveau habitable, sans danger.
Les conséquences humaines ont été terribles. 250 000 personnes ont abandonné leurs foyers pour se retrouver pour les plus chanceux dans de la famille ou chez des amis ou dans des abris de fortune le temps de résoudre leur situation. Les chiffres sur les conséquences sanitaires sont différents selon les parties. Sur les 600 000 liquidateurs venus sur la zone, on en compte entre 25 000 à 125 000 morts et plus de 200 000 invalides. Quant à la population, on estime entre 14 000 à 560 000 morts de cancers.
De nombreux récits décrivent la zone interdite. La nature reprend petit à petit ses droits. La végétation se mélange avec les bâtiments laissés à l’abandon. Les animaux circulent librement dans la ville fantôme. C’est aujourd’hui devenu un « no man’s land », mais cette quiétude devrait bientôt cesser. Alors que, pour des raisons de sécurité, le théâtre de la catastrophe ne pouvait être approchés que par des journalistes, ingénieurs/techniciens, « aventuriers clandestins » et quelques visites guidées, l’Ukraine envisage de mettre en place des parcours touristiques à l’occasion de l’EURO 2016 qui se déroulera en Russie. Le taux de radiation aux abords de la centrale reste pourtant 10 fois plus élevé que la norme autorisée.
De nouveaux travaux sont également prévus. Le sarcophage construit dans l’urgence est toujours en place. Par manque d’argent, la conception d’une nouvelle structure a été retardée. Mais il y a urgence. Le sarcophage est ouvert et laisse entrer l’eau de pluie qui, contaminée, s’écoule ensuite dans les sols. En 2007, le consortium français Novarka (VINCI Construction Grands Projets et Bouygues Travaux Publics) obtient le marché du nouveau sarcophage. Une entreprise qui sera longue puisqu’il va falloir démanteler les structures déjà existantes avant d’installer les nouvelles.
En 1985, les États du camp capitalistes accusaient la mauvaise gestion des autorités soviétiques. Ils essayaient d’amadouer les sceptiques sur la question du nucléaire en affirmant que leurs centrales étaient mieux administrées et surveillées. La catastrophe de Fukushima a prouvé que l’on n’était pas mieux loti en terme de sécurité. Le gouvernement japonais a longtemps essayé de minimiser l’ampleur de la catastrophe — on se souvient qu’en 1985 on avait sciemment caché aux Français l’arrivée du « nuage de Tchernobyl » – et des falsifications de rapports émanant de Tokyo Electric Power Company (TEPCO), gérant de la centrale de Fukushima, ont été révélées.
En France, divers accidents sont passés sous silence. L’observatoire du nucléaire nous a appris qu’« EDF a falsifié des données sismiques pour économiser sur la sûreté ». On peut aussi s’inquiéter sur la décision inopinée de faire une vérification des plus anciennes centrales françaises. Cela voudrait-il dire qu’elles n’étaient pas faites correctement et de façons régulières ? Espérons que nous tirerons toutes les leçons de cette nouvelle catastrophe nucléaire en agissant en conséquence…
Emission Midi 2 du 30 avril 1986 :