Paru dans les années 30, le
Tintin au Congo de Hergé est aujourd’hui sujet à controverse pour son regard paternaliste et naïf de la colonisation, qui était une expression de la vision de la conquête du Congo propagé à Bruxelles. Une vision réductrice qui perdure encore lorsque l’on évoque la colonisation, cette
« grande œuvre civilisatrice [qui] a pour but premier le développement du territoire et l’émancipation des populations ».
C’est avec ces bons mots que le capitaine Korzeniowski s’engage dans l’entreprise coloniale où il aura le commandement d’un bateau qui devra transiter de la marchandise sur le fleuve Congo.
À la conférence de Berlin en 1884-1885, le roi Léopold II de Belgique s’arrogea un vaste territoire qui deviendra l’État du Congo qui lui appartiendra personnellement, personne d'autre en Belgique ne voulait se lancer dans l’aventure coloniale.
Dès ces premiers pas sur le sol africain, le candide Korzeniowski a dû affronter la réalité qui n’était pas aussi rose que les récits angéliques entendus en Belgique. Les aborigènes étaient toujours maintenus en état d’esclavage pourtant aboli par Léopold II au moment du récit (soit 1890). Déshumanisation et acte de tortures sont le lot quotidien des natifs et gare à eux s’ils osent se rebiffer ! Et c’est sans compter sur les massacres de masse perpétrés par des mercenaires peu scrupuleux dans divers villages.
Korzeniowski découvrira aussi la prévalence des intérêts commerciaux par rapport aux bien-êtres des populations. Tout y est édifié pour améliorer le transport des matières premières aux mépris des tribus locales. Avec le temps, le désenchantement de Korzeniowski grandira au contact des fonctionnaires blancs et des petits seigneurs de guerre dirigés par leurs instincts cupides, dictant leur loi d’une main de fer, loin de la métropole belge.
Cette découverte de la réalité coloniale illustrée par un dessin carbone écorne l’image d’Épinal de ce soi-disant « bienfait ».
Korzeniowski deviendra plus tard célèbre par sa plume sous le nom de Joseph Conrad