Quand il entreprend de retranscrire en bande dessinée la vie de sa voisine prostituée, Mathias Picard est alors dans une école d’art à Strasbourg. D’abord parue en plusieurs Tomes dans la revue Lapin de l’Association, elle paraîtra chez le même éditeur en un seul livre en 2011.
Jeanine a grandi en Algérie. Elle y a vécu pendant la guerre d’indépendance et a participé à la marche des Pieds-Noirs réprimée par l’Armée française (69 morts). Un manque de confiance en elle et un père surprotecteur retardera l’exploration de sa sexualité avec en plus des premières expériences calamiteuses.
Après la guerre, ses parents quittent l’Algérie pour la Normandie et quelque temps après Jeanine part seule mener sa vie à Lausanne. Elle va pouvoir se libérer du carcan familial, mais aussi découvrir les vicissitudes de la vie, notamment au niveau sentimental. C’est à ce moment-là qu’elle fait ses premières passes, au départ pour aider ses parents financièrement. Jeanine participera plus tard, dans les années 70, aux premiers mouvements qui demandaient des statuts pour les prostitués.
C’est sous forme d’entretiens avec Jeanine, qui a alors 65 ans et exerce encore son métier, que Mathieu Picard raconte cette histoire. Ils reviennent ensemble sur les mouvements féministes et les premières revendications des prostituées, dans les années 70.