Hannah Arendt est une philosophe juive allemande de théorie politique qui s'est installée aux États-Unis après s'être échappée du camp de Gurs (France) durant la Seconde Guerre mondiale. Sa principale oeuvre est "les origines du totalitarisme" qui décompose les systèmes hitlérien et stalinien. Elle y met en exergue le contrôle par la police, la dénaturation des populations en une masse informe et une volonté hégémonie sur l'extérieur. Un livre qui a reçu de son vivant de bonnes critiques.
C'est avec cette reconnaissance que le New Yorker accepte qu'elle couvre le procès de l'officier SS Eichmann à Jérusalem. Dans l'article qu'elle écrit, elle prend tout le monde à contrepied. Au lieu de faire un simple report du procès, elle y établit une théorie, celle de la "banalité du mal". Elle ne voit pas en Eichmann l'horrible monstre nazi que tout le monde dépeint, mais un fonctionnaire banal soumit à l'autorité qui n'est pas capable de distinguer le bien du mal, incapable de penser. Elle ne le blanchit pas de ses actes qu'elle considère bien sûr comme monstrueux (il était à la tête d'un des bureaux de l'office central de la sécurité du Reich dont l'une des prérogatives était l'organisation des transports vers les camps de concentration et d'extermination).
L’article du New Yorker a provoqué une grosse polémique en Israël et aux États-Unis. On reprochait à Hannah Arendt de ne pas avoir d'émotions. Mais ce qui l'intéressait ce n'était pas les larmes des témoins, ni le verdict du procès dont l'issue était connue d'avance. Elle voulait comprendre ce qui a permis une atrocité telle la Shoa et en a conclu que cela a été possible parce que de nombreux individus comme Eichmann ont arrêté de penser. Comme ceux qui l'ont insultée en somme.
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