Ce film raconte la vie de Didier Fortin (Dédé), chanteur du groupe québécois les Colocs, qui a tragiquement mis fin à ses jours en se faisant "Hara-Kiri" en 1999.
Ce groupe, très populaire au Québec, a permis l'émergence de la chanson
francophone dans la Province. Il a également œuvré en faveur de la souveraineté
du Québec, notamment lors du référendum de 1995 qui a vu le non le remporter une
nouvelle fois, mais de justesse (50,58%).
La personnalité de Dédé est assez complexe. C'est un idéaliste. Pourtant, il
fait preuve parfois d'autoritarisme et d'égoïsme, surtout lorsqu'il s'agit des
Colocs. Petit à petit, il sombre dans une forme d'angoisses existentielles qui
le pousseront à se suicider.
Du point de vu de la France, le cinéma québécois fait figure de cinéma du pauvre. On retrouve très souvent
les mêmes acteurs à l'affiche. Pourtant, on y trouve quelques belles réussites
(qui se font avec un casting moins connu) par exemple Crazy de Jean-Marc Vallée, 10 1/2 de Daniel Grou, 1981 de Ricardo Trogi, , Incendies de Denis Villeneuve et bien d'autres encore.
Suite à la sortie du film, l'ex-petite amie de Dédé apporte un commentaire
différent sur le personnage :
Dédé récupéré
Au milieu de l’énorme battage publicitaire et promotionnel fait autour du
film Dédé à travers les brumes, il serait peut-être bon d’écouter la voix du
principal intéressé. Pas la voix du Dédé tout propre, tout beau, plus
socialement acceptable, plus sortable (comprendre exportable) qu’on nous
présente dans le film. Pas la voix du Dédé dépouillé de son accent du
Lac-Saint-Jean et qui lave plus blanc qu’on entend dans la bande originale, mais
celles du vrai Dédé. Le Dédé brillant, énervé, énervant, rebelle et
contestataire; celui qui parlait pour les pauvres, les pas beaux, les
différents; le Dédé qui a existé dans la vie réelle, qui a planté un couteau
dans son vrai coeur et qui est mort au bout de son vrai sang.
“Maudit que le monde est beau
Dans les films de Jean-Claude Lauzon
En
Harley-Davidson
Pas de casque, pas de tête, pas de pantalon
Câline qu’le monde est beau
Dans notre dernier vidéoclip
Hé que le
monde est donc beau
Avec sa chirurgie plastique.”
(...)
“Maudit que le
monde est beau
Quand y va chercher son oscar
Maudit que le monde est
beau
Dans un décapotable de char” 1
Non Dédé, il n’est pas beau le
monde. Il est plus factice et plus menteur qu’au temps où tu l’as quitté. Il n’y
a plus de sincérité ni d’humanité dans grand-chose. On ne respecte plus la mort
ni le chagrin du deuil. On exploite et récupère sans scrupule tout ce qui peut
rapporter pour nourrir d’insatiables monstres avec la complicité tranquille d’un
public assoiffé d’émotions.
“Aujourd’hui la télévision est v’nu nous voir
Pour constater l’état du
désespoir.
Une coup’e de sans-abri à la veille de Noël
Ça c’est un beau
sujet pour le show des nouvelles”
(...)
La caméra dans ‘face, j’y faisais
des grimaces
Mais que c’est qui font là à filmer ma carcasse” 2
Je ne le sais pas Dédé... Je peux seulement souhaiter que tu reposes en paix
dans ton éternité et que tu n’entendes pas les marchands du temple quand ils
viendront danser sur ta tombe en se partageant le butin.
Nicole Bélanger,
Écrivaine, scénariste et ex-blonde de Dédé
1 Maudit que le Monde est beau! Les Colocs. Paroles d’André Fortin.
2
Passe-moé la puck,. Les Colocs. Paroles d’André Fortin.
Voir la bande annonce :