Paragraphes repris de mon article sur "Une histoire populaire de l'empire américain de Howard Zinn, Mike Konopacki, Paul Buhle (Bande dessinée historique, 2009)" :
En 1912, les Britanniques contrôlaient le pétrole [Iranien] par l’intermédiaire de la Société Anglo-Iranienne du Pétrôle (SAIP). Afin de stabiliser ce contrôle, le gouvernement anglais renversa le Shah Reza Khan en 1941 et installa son fils Mohamed Reza Pahlvi. Le 1er mai 1951, Mossageh fut le premier ministre élu par le parlement iranien. Dès le 11 juin, il nationalise le pétrole du pays. Mécontents, les Anglais mettent en place un embargo. En représailles, l'Iran expulse les dirigeants britanniques du pétrole. Truman, le président étasunien, va convaincre les Anglais de ne pas attaquer l’Iran de peur de perdre un allié au profit de l’URSS.
Avec l’élection en 1953 du général Eisenhower à la tête des États-Unis, la Grande-Bretagne va gagner deux alliées avec les frères Dulles, nommés Secrétaire d’État et directeur de la CIA, qui avaient des intérêts dans la SAIP. La CIA exécuta l’opération AJAX qui avait pour but de renverser Mossageh. Après ce coup d’État, la SPAI sera rebaptisée British Petroleum. Le Shah arrêtera et exécutera les partisans de Mossageh et accroîtra son pouvoir d’année en année.
En 1963, avec sa révolution blanche le Shah rendit furieux les musulmans avec des mesures comme le droit de vote pour les femmes. L’ayatollah Ruhollah Khometny le considérait comme un pantin de l’occident. Ses diatribes contre le pouvoir iranien l’emmenèrent en prison où il sera torturé puis en exile en Irak. Les services secrets, dont les méthodes de torture ont été enseignées par la CIA, exaspèrent la population qui critique un progressisme de façade qui n’enrichit que les riches. À partir de janvier 1978, des manifestations ont lieu partout dans le pays obligeant le Shah à s’enfuir et le retour en janvier 1979 de Khometny en Iran. Par le référendum du 1er avril 1979, il devint dirigeant suprême et établit une République islamique. Le Shah malade a été autorisé par les États-Unis à venir sur leur sol provocant une vague de contestation et la prise d’otage du 4 novembre 1979.
Ce film relate les événements liés à cette prise d'otage durant laquelle 12 Étasuniens ont été capturés. Cependant, six d'entre eux avaient réussi à s'enfuir et se réfugier dans le domicile d'un diplomate canadien. La CIA décide alors de monter une opération pour les exfiltrer du pays. L'idée était d'envoyer un agent à leur rencontre, puis de quitter le pays en se faisant passer pour une fausse équipe de tournage grâce à de faux passeports canadiens.
Pour faire les choses bien et parce que la CIA en a les moyens la production d'un film fictif a été mise en place avec la complicité de John Chambers, oscarisé pour le maquillage réalisé sur le tournage de la planète des singes. Un thriller impeccable, avec son lot de suspense. Derrière la caméra, Ben Affleck se débrouille bien et a reçu la récompense du meilleur film dans de nombreux festivals prestigieux.
Je reprocherais un discours complaisant qui partait pourtant d'un postulat qui dénonçait le cynisme réel des Américains. Mais le propos change rapidement et les Iraniens deviennent des bêtes ivres de revanches et les américains les sauveurs de l'humanité.
Je voulais que mes amis républicains aussi bien que mes amis démocrates puissent apprécier le film de la même façon
, dira Ben Afflek.
Il exprime bien là le leitmotiv Hollywood, l'art de vider une œuvre de sa substance politique pour en faire un vulgaire divertissement et engranger le plus d'argent.
Voir la bande-annonce :