La ville d’Ho Chi Minh prit le nom du fondateur du Vietnam après la guerre du Vietnam en 1976, mais son ancien nom, Saigon, est encore très utilisé. La ville était la capitale de l’Indochine française puis celle du sud Vietnam durant la guerre. C’est la capitale économique du pays et la plus peuplée (plus de 7 millions d’habitants).
Son aéroport est plus austère que celui de Singapour. Après avoir passé l’immigration sans problème, nous demandons un taxi à l’un des bureaux du hall de l’aéroport : 12 euros pour 15 à 20 minutes de route. Pour le même trajet lors de notre départ nous avons payé 4 euros. Morale : il faut prendre les taxis sur le quai de l’aéroport et bien vérifier que le taxi mètre est bien en route.
Après s’être installé dans l’hôtel, dans le 12e arrondissement, notre première sortie a été dans une enseigne de restaurant qui ne sert que de la viande de bœuf du beefsteak avec un logo reprenant celui de la vache qui rit. Rien de sensationnel.
Le lendemain matin, nous sommes allés au Suoi Tien Theme Park. De notre quartier, il fallait prendre le bus numéro 8. Il y avait sans doute mieux, mais on a suivi les indications que l’on a eues des passants a qui nous nous adressions. La barrière de la langue n’a pas facilité les choses. Bref, ce bus circule vers le nord justement où se trouve le parc. Sur Internet les distances paraissent plus courtes. Nous sommes rassurés de voir l’usine Coca-Cola sur notre gauche qui était l’un de nos points de repère (que ferait-on sans les Américains ?), le parc n’était donc plus très loin.
À l’entrée, plusieurs options sont offertes : un forfait qui nous donne accès à toutes les attractions ou bien l’entrée de base qui nous permet de circuler dans les allées et quelques petits stands. N’ayant pas compris sur le moment ce que l’hôtesse nous disait dans son vietnamien natal, nous avons choisi le ticket de base (80 000 VND). L’entrée du parc est impressionnante : une grande arche aux décorations asiatiques accueille les visiteurs.
Lors de notre visite, il s’agissait plutôt de quelques visiteurs. Le parc était vide ce qui en faisait un endroit relaxant avec une musique asiatique zen qui nous accompagnait dans notre parcours aux couleurs des représentations du folklore asiatique (monstres, dragons, etc.). Une partie est consacrée au bouddhisme avec des temples et des statues de bouddha. Une partie des attractions étaient en rénovation pour la saison (qui doit être Noël), d’où le faible nombre de visiteurs. C’est sympa à faire et ça doit être mieux en faisant toutes les attractions (montagne russe, parc aquatique, etc.). Quelques restaurants sont accessibles et ne sont pas prohibitifs comme ils pourraient l’être dans ce genre d’endroit. Petit bémol, sur la fin de notre promenade nous avons assisté au repas d’un tigre. Amaigri, seul dans un espace d’environ 15 m◊ ça faisait peine à voir... Les pays asiatiques ne sont pas réputés pour prendre soin des animaux en voici un exemple de plus.
En fin d’après-midi, nous avons pris la direction du centre-ville d’Ho Chi Minh. Pour nous rendre à l’arrêt de bus, nous avons dû emprunter un pont pour piéton. S’y trouvaient deux mendiants ; c’était la première fois que j’en voyais au Vietnam, où pourtant la pauvreté est partout. Deux explications possibles à cela. Soit une politique de l’autruche de la part des autorités qui chassent ces « indésirables » des lieux où ils seraient trop visibles soit l’économie de proximité existante encore au Vietnam qui, bien que la majorité de la population n’a pas encore accès au confort matériel, leur permet au moins de subvenir à leurs besoins vitaux. Beaucoup de monde vit de petit commerce ambulant qui n’a pas d’existence légale, mais tolérée. Cependant cette activité est de plus en plus soumise à réglementation (interdiction d’y opérer dans certains endroits) rendant sa pratique plus difficile. Nous verrons d’autres mendiants plus tard à différents endroits de la ville, mais rien de comparable à une ville comme Paris.
C’est donc toujours en bus que nous souhaitions nous rendre à Ho Chi Minh. Pour cela il nous fallait connaître le numéro qui nous y emmènerait. Nous voyant hésiter, une femme est venue nous renseigner spontanément. Contrairement à ce que j’ai pu lire, quand ils parviennent à nous comprendre les Vietnamiens nous renseignent sans rechigner.
C’est près du vieux Saigon que nous nous sommes arrêtés. C’est le quartier huppé : moderne, riche, propre, sans trop de deux roues ; ce lieu contraste avec ce que j’ai pu voir du Vietnam pour le moment.
Le jour suivant, nous avons pris la direction de Ben Thran une autre partie du centre-ville. Nous nous y sommes rendus par bus (numéro 65) dans lequel nous faisons figure d’OVNI. Généralement, les touristes préfèrent utiliser les taxis ou les compagnies de bus privées. Le réseau de bus est plutôt fonctionnel. Il y en a régulièrement et la ville entière semble être bien fournie. Le paiement est simple : on entre dans le bus et un agent vous vend le ticket. Cette personne pallie le manque d’informations et est utile pour nous indiquer l’endroit où nous devons descendre (avoir une carte ou le nom écrit est plus que pratique pour se faire comprendre). Avec la pratique, nous découvririons que l’on peut s’arrêter pratiquement où l’on veut tant que le lieu reste sur le trajet du bus.
Le trafic routier est difficile à Ho Chi Minh avec l’expansion du marché de l’automobile qui empêche le flux de circulation d’être toujours en mouvement. La plupart des voitures sont imposantes et rares sont les celles de plus de cinq ans d’âge, exception faite des fourgonnettes et surtout des bus. Bien que les deux roues soient le mode de transport le plus utilisé et le plus rapide, les voitures ont maintenant investi en nombre les rues et il en suffit de quelques-unes pour perturber tout le trafic routier. Impropre à la circulation, la voiture est un marqueur de valorisation du statut social.
Donc Ben Thran est un marché couvert permanent où l’on trouve de tout : nourritures, vêtements, fleurs, valises, objets de décoration en tout genre, bijoux, lunettes, etc. La liste est longue. L’idée est de négocier les prix d’autant que la concurrence est rude avec de nombreux magasins qui vendent exactement les mêmes produits et au même prix. On peut y passer beaucoup de temps tant les prix sont attractifs, mais la largeur des allées et les centaines de touristes (dont beaucoup de gros qui obstruent le passage) rendent le lieu étouffant.
La suite de notre programme était de marcher dans les environs de ce marché jusqu’à ce que la pluie se soit invitée. À cette époque de l’année, il ne pleut pas beaucoup, mais parfois surviennent quelques grosses averses. Pendant les deux heures d’une pluie battante nous nous sommes réfugiés dans un restaurant et savouré la très bonne bière locale : la Saigon. Quand la pluie nous libère, nous continuons notre marche interrompue jusqu’à ce que nous apercevions un supermarché. C’est avec curiosité que nous y sommes allés. On y trouve la même chose que dans les nôtres avec quelques spécificités locales notamment le rayon fruits et légumes bien plus exotique. On retrouve quelques produits laitiers comme « la vache qui rit » ou du beurre « président » dont les prix sont proches des nôtres. Ces supermarchés sont avant tout destinés à la classe moyenne émergente... Les produits de base sont au-dessus du prix des marchés et des marchands ambulants. Nous avons goûté un vin de Dalat. Ce n'était pas mauvais, malheureusement nous l’avons bu chaud, le desservant.
Après avoir été au restaurant AIYA ! qui sera numéro un dans notre classement (nourriture très bonne et pas chère), une triste aventure va nous arriver. En nous rendant à l’échangeur de bus de Ben Thran, nous avons eu la surprise d’apprendre que le réseau de bus s’arrêtait à 20 h. Pris au dépourvu nous restons béatement sur place, isolés, la nuit (une fête avec pour thème la Hollande avait lieue à 200 m).
D’abord, deux filles à moto se sont arrêtées pas très de notre hauteur. Elles ont retenu notre attention et c’est par surprise qu’une autre moto avec deux individus surgit par l’arrière. Le passager a agrippé la sacoche de Claudia qui s’est retrouvée à terre et trainé quelques mètres avant qu’il ne lâche prise. Les deux filles viennent vers nous et interpellent un taxi. C’est un peu la confusion. Nous n’aurions pas dû leur faire confiance puisque des doutes subsistent sur leurs complicités. Toujours est-il qu’elles demandent au taxi de ce rendre dans un hôpital de proximité. Heureusement, ce n’était pas une entourloupe.
L’endroit fait peur. Le drap du brancard que l’on nous indique n’est pas des plus blanc. Juste à côté, un type subit un lavage d’estomac et régurgite par terre. Après avoir désinfecté les plaies, l’infirmier nous conseille d’aller dans un hôpital équipé pour passer un scanner par précaution puisque la tête de Claudia a heurté le sol.
Là-bas on lui demande son passeport et on lui désinfecte à nouveau les plaies. On me demande d’aller payer pour faire passer le scanner (l’équivalent de 25 euros), puis on nous fait patienter. L’endroit ressemble à un dortoir. Juste à côté de notre brancard se trouvait la salle d’opération et/ou de soins intensifs. Parmi les patients qui attendent à côté de nous, l’un d’entre eux hurle, attaché à son brancard, la tête bandée et en sang.
Assez rapidement, un infirmier vient prendre en charge Claudia. Il me montre un numéro qui n’est pas celui de Claudia. Il ne me comprend pas et l’emmène. Sur l’écran de son ordinateur, je lui fais la remarque que ce n’est pas la même personne. Il va chercher un collègue. Après quelques palabres, ils en rigolent. Retour à notre brancard que Claudia partagera un peu plus tard avec un enfant. L’attente est longue. Le cadrant de l’horloge tourne au ralenti, personne ne vient nous informer.
Après plus d’une heure, un infirmier nous demande de le suivre. Il pousse l’excité attaché à son brancard. Puis, l’attente des résultats sera bien longue. Un cafard s’aventure dans le couloir. Les blessés et malades se sont succédé. Finalement rien de grave d’après ce qu’on nous dit. Nous n’avons pas pu vérifier les résultats, mais la seule chose qui nous importait était de disparaître de cet endroit.
Avant de partir, on me fait signer un papier qui indique que je dois payer 158 000 dongs. Je comprendrais plus tard qu’il s’agit de la somme pour la désinfection des plaies, enfin je crois. La femme du guichet me demande 200 000 dongs. Je lui fais remarquer que ce n’est pas la somme indiquée sur le papier. Une sorte de grognement sort de sa bouche. L’infirmier qui m’accompagne lui dit de ne pas insister.
En quittant le guichet, un couple de vietnamien âgé parlant anglais et un peu français vient m’adresser la parole. Le mari me dit que sa fille est malade et qu’il patiente en attendant de savoir ce qu’elle a. Je lui souhaite bon courage. Pour nous, il est temps de quitter cet hôpital avec une ordonnance prescrivant un antidouleur et un antibiotique.