«
Nous ne sommes ni les seuls, ni les meilleurs. Nous n'avons pas
la vérité ni réponse à tout. Pourvu qu'on suscite les bonnes
questions ». Ces phrases du commandant Marcos résument l'esprit
de cet ouvrage, continuité de Garduno, en temps de paix, s'attaquant à
l'ordre néo-libéral.
ATTAC : taxation et éducation populaire
L'Association pour la taxation des transactions financières et pour
l'action citoyenne a pour origine le texte d'Ignacio Ramonet "Désarmer les marchés" paru dans le numéro du Monde Diplomatique de décembre 1997 : « Le désarmement du pouvoir financier doit devenir un chantier civique ». Il relançait l'idée de la Taxe Tobin : « Il
s’agit de taxer, de manière modique, toutes les transactions sur les
marchés des changes [...] Au taux de 0,1 %, la taxe Tobin procurerait,
par an, quelque 166 milliards de dollars, deux fois plus que la somme
annuelle nécessaire pour éradiquer la pauvreté extrême d’ici au début
du siècle ».
Nait tout naturellement ATTAC en 1998 avec pour objectifs d'« Initier
une critique puissante de la doctrine néolibérale et une renaissance
de la contestation ; l'éducation populaire comme instrument de
subversion politique [...] L'idée d'ATTAC est d'introduire des taxes
globales pour réduire les effets pervers du libéralisme, projeter
l'impôt à l'échelle internationale c'est en faire un instrument de
maîtrise de la mondialisation et de partage des richesses ».
Selon la banque des règlements internationaux, « si les pays
développés consacraient 0,7 % de leur PIB à l'aide publique au
développement, on pourrait récolter 150 milliards de dollars pour les
pays du Sud. Un impôt sur les investissements directs à l'étranger,
qui sont souvent un moyen d'aller polluer les pays du tiers monde,
générerait 193 milliards de dollars chaque année. En taxant à 50 % les
1000 premières entreprises multinationales, on récolterait 423
milliards de dollars. Et la mise en place de taxes écologiques,
notamment sur le dioxyde de carbone, rapporterait encore 126 milliards
de dollars. En imposant à 50 % les 225 plus grandes fortunes du
monde, on obtiendrait encore 500 milliards de dollars ». L'argent est facile à trouver...
Dans les années 80, Ronald Reagan et Margaret Thatcher abaissent le
contrôle des mouvements de capitaux faisant augmenter le nombre de
paradis fiscaux ces dernières années où « on y propose toute une
gamme de services : secret bancaire, absence de contrôle des changes,
constitution de société fictive, anonymat, exonération fiscale,
coopération internationale nulle » couvrant « drogue, racket,
proxénétisme, contrebande, fausse monnaie, argent du sport,
spéculation, évasion fiscale, financement des partis politiques,
corruption ». Par ce biais, le crime organisé atteint jusqu'à 20 %
du commerce international. On y retrouve aussi les banques françaises
par le biais de filiales ou de succursales.
Seuls 3 % de la population n'a pas d'intérêt à voir la situation
changer. Dans ces condition, l'information est capitale, car la vie
politique vise à désapprendre d'où l'intérêt d'une participation plus
active des citoyens dans leur destin. Aristote disait : « Est citoyen quelqu'un qui est capable de gouverner et d'être gouverné ».
Le progrès
En s'alliant, le capital et la science ont discrédité la notion de
progrès. Par exemple, au moment de l'écriture du livre, le paludisme
tuait plus d'individus que 30 ans auparavant et était plus mortel que
le sida. La recherche s'investit plus dans la recherche d'un vaccin
pour traiter ce dernier. La raison ? Le paludisme touche que les pays
du sud où la population n'est pas solvable. Les progrès de la
trithérapie ne sont quasiment accessibles qu'au Nord et il est interdit
au Sud de produire des produits génériques. Il y a 300 ans, l'âge
moyen était de 30 ans partout dans le monde. En 2003, il était de 75
ans au Nord et 53 ans au Sud.
Outre une santé inégalitaire, le progrès génère des catastrophes écologiques. « Il
y a eu ces dernières années environ 1 000 marées noires, plus de 180
accidents chimiques qui ont tué 8 000 personnes et tous les ans plus
de 6 000 espèces sont rayés de la planète. [Il y a eu] 4 millions de
personnes irradiés à Tchernobyl en 1986, 60 millions sous la menace
d'inondations en Inde et au Bengale, 200 millions menacés par la
montée du niveau de l'océan. [...] Six millions de terres arables
disparaissent chaque année. Les quantités d'eau douce disponible ont
diminué de 40 %. 13 des 15 zones de pêche sont en déclin dans le monde".
L'alimentation
Les industriels de l'agroalimentaire affirment que les OGM sont la
seule solution pour combattre la faim dans le monde. En fait, leur
objectif est de vendre leurs produits aux agriculteurs, car en réalité
le monde dispose suffisamment de ressource nécessaire pour nourrir la
planète sans modification génétique. « Toute l'histoire de la
génétique agricole consiste à déposséder l'humanité des facultés de
reproduction et de multiplication du vivant pour la conférer aux
investisseurs ». J.P. Berlan, chercheur à l'INRA.
Le problème alimentaire provient du partage du système alimentaire
mondial en seulement six sociétés transcontinentales qui fixent le prix
des aliments et vendent uniquement aux plus solvables. De plus, les
pays du Sud ont peu de contrôle sur leur production agricole qu'ils
fournissent au Nord.
Les États-Unis
Le cinéma étatsunien incarne des valeurs de solidarité, de générosité
et d'abnégation pourtant loin des véritables valeurs du pays. Les
États-Unis exercent un contrôle sur la planète depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale. À cette époque, détenant environ 50 % de la
richesse mondiale, ils mettent en place le système du "libre échange".
Système promouvant la concurrence libre et non faussée. Pourtant, le
pays subventionne massivement ses entreprises clés, étant donc en
contradiction avec leurs exigences..
Par contre, les pays qui n'ont pas mis pas en place des politiques
favorables aux entreprises étatsuniennes sur leur territoire ont vu
leur gouvernement remplacé par des dictatures (Iran en 53, Brésil en
64, Chili en 73, Indonésie en 65, Grenade en 83), puis administré via
le FMI qui imposait l'ouverture aux économies étrangères. Enfin, les
États-Unis s'occupaient de former les militaires locaux pour contrôler
la population. Cette période a été facilitée par la création d'un
ennemi commun, le communiste. Depuis la chute du mur de Berlin en
1989, le terroriste l'a remplacé.
D'autres sujets sont abordés comme les retraites, les guerres
humanitaires, les fonds de pension, la françafrique, la Tunisie du
général président Ben Ali répressive et restructurée par le FMI. À
nouveau, ce livre trace un bilan peu élogieux du libéralisme et du
mode de vie occidental qui n'est pas approprié pour notre
environnement. En fil rouge, en guise d'espoir, la lutte des Indiens du
Chiapas et l'émergence de mouvements comme ATTAC dont l'auteur est
membre.