Ce livre est un récit illustré de Lamia Ziade sur la Guerre civile du Liban
qui sévit entre 1975 et 1989. À son commencement, elle avait sept ans et
connaitra l'état de guerre permanent jusqu'à ses vingt-deux ans. Les origines de
ce conflit proviennent d'une forte corruption dans la vie politique du pays et
surtout du conflit israélo-palestinien voisin. Depuis la Nakba de 1948 et la
guerre de six jours en 1967, de nombreux Palestiniens sont partis en exil dans
les pays alentours, dont le Liban. De nombreux Fedayin, combattants contre la
colonisation israélienne, se sont réfugiés dans les camps palestiniens et y
menaient des actions armées à la frontière contre Israël. Les conditions de vie
dans les camps étaient moins confortables qu'un bunker de Kadafhi. Les tensions
entre la population et les réfugiés provoquaient déjà quelques heurts. Mais
c'est le 13 avril 1975 que la guerre civile éclate, lorsque des membres du Parti
social nationaliste syrien (partisans d'une Syrie réunissant les pays arabes des
alentours, morcelés par la France lors de la mise en autonomie du Liban en 1920,
sous la pression des chrétiens maronites, puis de son indépendance en 1926),
tuent Pierre Gemayel du parti Kataeb (parti phalangiste, chrétien).
Avant de commencer à entrer dans le vif du sujet, le livre commence par une
description des accessoires utilisés par les différents acteurs de la tragédie
allant du célèbre AK47 au Tank M48, les troupes en présence, c'est-à-dire
chrétiennes, Syriennes, Palestiniennes ainsi que leur chef respectif. Les
Israéliens n'interviendront que brièvement en 1978 avec l'Opération Litani et
surtout en juin 1982 avec l'opération Paix en Galilée qui aboutira à la mort de
17 825 Arabes (civiles et militaires) contre 670 soldats israéliens. Le nom de
l'opération, c'est de l'humour juif, on ne peut pas comprendre...
À cette époque, le Liban était à cette époque là une des régions arabes les
plus occidentalisées avec de nombreux biens de consommation en provenance
d'Europe et des États-Unis. Le mandat français qui administrait le Liban entre
1920 et 1926, puis son influence toujours très présente après son indépendance à
beaucoup aider le pays a adopté cette culture.
Le conflit a fait disparaitre
toutes traces de cet occidentalisme. Lamia relate des accords entre les
différentes milices pour des cessez-le-feu de quelques heures afin de piller les
bâtiments aux alentours avant de reprendre le combat. La violence va s'amplifier
le 6 décembre 1975, lors du premier massacre de musulmans, Libanais et
Palestiniens perpétrés par des phalangistes. Ce jour est connu sous le nom de
samedi noir. Les victimes vont ensuite devenir bourreaux, puis de nouveau
victimes, ainsi de suite jusqu'à la fin de la guerre.
Au milieu se trouvent les premiers touchés, les civils, qu'ils soient
chrétiens, musulmans, libanais ou palestiniens. Lamia décrit ce qu'elle a vu
avec son regard de petite fille naïve, mais qui avait déjà conscience du
désordre contrairement à ce que s'imaginaient ses proches. Son quotidien était
fait de peurs, d'angoisses et d'interrogations si bien que le moindre
cessez-le-feu était un espace de liberté et qu'il fallait en profiter.
Malheureusement, Beyrouth, puis d'autres villes libanaises ont été ravagées par
les combats. Le moindre déplacement était dangereux. Il y avait des zones de
combats et des tireurs embusqués un peu partout. Il valait mieux contourner
certaines pièces des maisons ou certaines rues plutôt que s'y aventurer.
Une vision du conflit raconté par une personne qui l'a vécu, qui l'explique
avec ses mots, ses émotions et de façon plus humaine que la dialectique austère
des experts.