Invité de l’émission BFMTV 2012-Le Point-RMC le dimanche 8 mai 2011, Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes, a dénoncé les «
dérives de l’assistanat » et a fait trois propositions :
1. « En contrepartie du RSA, il faut que chacun assume chaque semaine cinq heures de service social. »
2. « Plafonner le cumul de tous les minima sociaux à 75 % du SMIC, pas plus. »
3. Et suggère, pour les étrangers qui viennent en France « d’établir une durée minimale de travail — cinq ans — pour pouvoir y [système de protection social] prétendre. »
Voir l’entrevue :
Les propositions de Mr Wauquiez manquent d’originalité et de courage politique. Nous sommes habitués à ce que tous les acquis sociaux soient petits à petit croqués. Il n’y a donc pas de quoi s’offusquer puisque ces propositions sont de la même ligné que la réforme des retraites et toutes les coupes budgétaires du service public. Oui mesdames et messieurs, nous sommes en crise et nous avons une dette qui augmente chaque jour toujours plus. Il faut que chacun fasse des efforts pour la résorber.
Mais Mr Wauquiez manque d’expérience politique. D’après ce que disent les sondages, le gouvernement serait impopulaire. Après l’affrontement des retraites, une des causes de cette animosité, il n’est pas dans leur intérêt de repartir à l’assaut. Mr Fillon le sait bien. C’est pour ça qu’il a demandé à Mr Wauquiez de retourner jouer dans son bac à sable, où il aura plus d’utilité : « Il y a des limites au débat au sein du gouvernement ! J’ai exprimé la position du gouvernement… Nous revendiquons la réforme du RSA. Il faut corriger les excès du RSA, mais assumer la décision que nous avons prisée. [...] Il faut bien sûr lutter contre les fraudes, c’est ce que fait le gouvernement ! Je ne peux pas laisser dire des contre-vérités sur le RSA. Sur les conditions d’attribution, il faut cinq ans de présence en France pour pouvoir en être bénéficiaire. »
Mr Fillon a même évoqué la suppression du bouclier fiscale que l’UMP s’était enorgueilli de mettre en place et qu’il a supprimé ces dernières semaines : « Je ne suis pas sûr qu’il faille faire subir à toutes les réformes le sort qu’on a fait subir au bouclier fiscal. » Le volte-face du gouvernement sur le bouclier fiscal n’est que de la poudre aux yeux. Bien qu’il ait été retiré, l’Impôt sur la Fortune (ISF) est allégé. Il y aura dès cette année fiscale 560 000 riches qui ne paieront plus l’ISF. Les « dérives de l’assistanat » sont ici.
J’aurais trouvé Mr Wauquiez courageux s’il avait proposé de s’attaquer aux niches fiscales en revoyant par exemple la loi TEPA qui permet de parfaire l’optimisation fiscale. Ça, ça aurait été grandiose. Imaginez Wauquiez s’attaquant aux lois faites pour les riches. Il aurait certainement remplacé Mr Strauss-Kahn dans le coeur des socialistes et pourquoi pas jusqu’à devenir candidat à leurs primaires à sa place laissée vacante !
Mr Wauquiez ne semble pas avoir compris l’intérêt du RSA. Il s’agit d’une aide financière pour des personnes qui ne trouvent pas de travail afin qu’elles aient un moyen de subsistance. Il y a bien une modification qui pourrait être faite. Actuellement, dès la première heure de travail, l’indemnité est déduite du salaire perçu. C’est anti-incitatif, puisqu’en acceptant des missions courtes le bénéficiaire touche autant qu’en restant oisif (quand tu es au RSA, tu es par définition quelqu’un qui ne fait rien, un parasite en somme). C’est sur ce point que le RSA devrait être modifié en priorité. Mais admettons que la proposition de Mr Wauquiez se fasse. Que va-t-il se passer ? Des RSistes vont travailler bénévolement en prenant le travail de quelqu’un qui se retrouvera soit au chômage, soit au RSA. Pour ce dernier cas, il fera alors le même boulot bénévolement alors qu’avant il était payé.
Un tel manque de jugement en occupant de telles fonctions est inquiétant. Je conseillerais donc à Mr Wauquiez d’aller faire un bilan de son cerveau afin d’être sûr qu’il n’a pas de tumeur maligne qui nuise à ses capacités de réflexion.
