Durant les années 1990, l'Algérie est en proie à une guerre civile.
Elle voit s'affronter l'armée nationale populaire et des groupes
islamistes. En 1989, la Constitution algérienne abandonnait l'idée de
Parti unique (le FLN). Des Partis islamiques se forment comme le Front
islamique du salut (FIS), le plus important. Ce Parti politique,
militant pour un état islamique, remportera haut la main les élections
algériennes à l'Assemblée nationale en décembre 1991. Mais l'armée
n'accepte pas les résultats et en janvier 1992, elle annule les
élections. Des centaines de membres du FIS (voir des milliers d'après le
Parti) sont arrêtés de façon arbitraire et Amnesty International a
évoqué des actes de torture de la part du gouvernement mis en place par
les militaires.
Les activistes du FIS vont alors mener une
guerre contre le gouvernement en ciblant dans un premier temps les
policiers et les militaires en créant une branche armée : l'AIS. Des
groupes extrémistes non affiliés au FSI se forment, dont le plus
important est le Mouvement islamique armé (MIA). Les différents groupes
vont commencer à s'en prendre également aux intellectuels qui
soutiennent le pouvoir, certains s'en prendront délibérément aux civils,
propageant la terreur dans les villages.
En octobre 1992, le
MIA et le Mouvement pour un État islamique (MEI) fusionnent pour
devenir le Groupe islamique armé (GIA) qui comportera jusqu'à plusieurs
milliers de combattants. L'AIS et le GIA vont employer les mêmes
méthodes d'actions, pourtant ils ne s'allieront jamais. Le FSI et sa
branche politique sont plus modérés et condamnent les actes commis par
le GIA, dont les massacres de civils. Celui-ci est aussi accusé d'être
manipulé par le gouvernement algérien, thèse soutenue par le
politologue britannique Nafeez Mosaddeq Ahmed.
L'histoire du
film "Des hommes et des dieux" de Xavier Beauvois commence en 1993,
lorsque douze ouvriers chrétiens d'origine croate se font tuer par un
commando islamiste près du monastère de Tibhirine. Les groupes armés
s'en prenaient au religieux chrétien et demandaient aux Français de
partir. Malgré tout, les moines ont refusé de quitter l'Algérie, ainsi
qu'une protection de l'armée. Ce monastère, érigé en 1938, rendait des
services aux habitants des alentours comme de l'aide pour les
formalités administratives ou pour la santé.
Lors de la nuit du
Noël 1994, les moines reçoivent la visite de ce commando dirigé par
Sayah Attia. Le Frère Christian parvient à les convaincre que le
monastère est neutre. Le commando les laissera célébrer la naissance
d'Issa — Jésus. Les moines discuteront par la suite de leur avenir dans
le monastère et décideront de rester.
Dans la nuit du 26 au 27
mars 1996, le GIA enlève sept des neuf moines. Près d'un mois plus
tard, le groupe armé annonce la mort des moines. Aujourd'hui, le
monastère est toujours entretenu : la bergerie, le vergé, même la messe à
lieux certains jours de la semaine, mais il n'est plus habité. L'État
d'urgence en Algérie, toujours en vigueur il y a peu, rendait l'accès à
Tibhirine difficile, car il était entravé par de nombreux barrages
militaires.
Aujourd'hui, la plupart des groupes armés sont
dissous. Les nombreux massacres de civils commis par le GIA, jugés trop
barbares par certains membres, vont mener en 1998 à la fondation du
Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui deviendra
en janvier 2007 Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). AQMI cible les
policiers, les militaires ainsi que certains touristes étrangers. Le
GIA va se dissoudre de l'intérieur à petit feu, tandis que l'AIS
ordonne un cessez-le-feu le premier octobre 1997 et est dissous
officiellement en 2000 grâce à une loi d'amnistie du gouvernement de
Bouteflika.
Suite aux manifestations de ces derniers mois en
Algérie, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a levé l'état
d'urgence qui était en vigueur depuis 1992. AQMI est toujours présent,
mais les massacres aveugles de civils ont stoppé depuis la disparition
des autres groupes armés.
Pour ce qui est du film, c'est assez ennuyeux. On croit regarder
l'émission "le jour du Seigneur" sur France 2. La narration est lente.
On ne fait que suivre la vie des moines qui n'est pas pleine de
péripéties. Selon mois, il aurait été opportun de contextualiser un
peu mieux l'histoire, pour donner plus de matière et donc d'intérêt au
récit.