En 2007, Ségolène Royal avançait l'idée du "vote utile" qui consistait à
voter pour le candidat qui avait le plus de chance de battre la droite de
Sarkozy (elle-même). Cette idée n'était en fait qu'un cache-misère afin de
pallier le vide du programme du PS.
D'autres, de façon plus
marginale, avançaient l'idée du "vote du pire".
J'ai entendu pour la première de ce vote du pire par des anarchistes et leurs
sympathisants. C'était aussi lors de la campagne de l'élection présidentielle de
2007. Certains d'entre eux appelaient à voter Sarkozy. Leur idée était que sa
politique allait tellement frustrer les citoyens que ça allait former un terreau
favorable aux mouvements et idéaux révolutionnaires.
Nous voilà en 2010, cela fait un peu plus de trois ans que notre brave
président est à la tête du pays. Depuis,
sa politique a déçu une bonne partie des Français qui croyaient en
lui. La rupture martelée durant toute la campagne a bien eu lieu.
Sarkozy n'a eu aucun complexe à afficher ses amitiés avec les plus riches
personnalités et à faire des lois en leur faveur. D'ailleurs, d'autres membres
du gouvernement ne cachent pas leurs amitiés avec les grandes richesses du pays.
L'affaire Woerth a mis ce fricotage au grand jour. Nos "élus" se
démènent comme des petits diablotins pour plaire aux puissants riches
industriels et banquiers en mettant en place le bouclier fiscal, en
faisant des dons d'argent aux banques, en exonérant d'impôt ceux qui
financent les partis ou en cassant le système social avec la réforme
des retraites en "débat" actuellement.
Micropartis et bipartisme
Dans le champ politique français, on peut encore avoir un choix contrairement
au bipartisme des États-Unis. Il existe actuellement
en France 296 partis politiques. Mais la plupart sont des "micropartis"
créés par des
membres des grands Partis (principalement du PS et de l'UMP) et n'ont pas de
raisons politiques. Le panorama pluraliste n'existe donc pas dans les faits.
Pire, ils sont soupçonnés de contourner la Loi sur le financement privé des
partis politiques qui interdit un don privé supérieur à 7.500 euros par année.
En accumulant les dons faits à ces petits partis, les "Partis pères" peuvent
accumuler un capital plus important que ce que prévoit la loi en toute légalité,
mais loin de toute morale. On se rapproche donc de plus en plus d'un
bipartisme comme le témoigne la création en 2002 la création du Parti unique de
droite, l'UMP.
Pourtant, envers et contre tous, Domminique de Villepin, nouveau "dissident"
de l'UMP, tente de se refaire une virginité politique en montant son parti
gaulliste : République solidaire. En se tenant à l'écart des hautes sphères
politiques depuis trois ans et en se montrant comme une "victime" de
Sarkozy dans l'affaire Clearstream (bientôt le procès en appel), il ferait
presque oublier qu'il a été premier ministre et que ses réformes n'ont pas été
vraiment populaires : pendant le CPE c'est lui qui a tenu tête aux
Français.
Son parti pourrait diviser la droite et ainsi profiter au
Parti Socialiste. Mais j'en doute, puisqu'au dernier moment De Villepin se
ralliera à l'UMP, cela va de soit). Et puis quel intérêt ? Est-ce que le PS est
une réelle alternative à la droite ?
Sociaux-démocrates libéraux
Les Partis sociaux-démocrates libéraux sont des forces de gauche qui estiment
qu'il suffit de faire quelques menus changements au système pour que tout aille
bien, car globalement le capitalisme c'est une bonne chose. C'est l'idée du
Parti Socialiste qui devrait changer de nom, puisqu'il utilise à tort le terme
socialiste. Comme au Québec, le nom Parti Libéréral lui siérait à merveille. En
effet, il y a bien longtemps que les questions sociales ne sont plus une
priorité pour la seconde organisation politique de France. C'est sous l'ère
Mitterand que les premiers plans massifs de privatisation ont eu lieu.
Excusez-moi, je voudrais corriger ma phrase précédente. Je ne voulais pas parler
de privatisation, mais de "mise en concurrence", utilisons le même langage
que nos dirigeants sinon on ne va plus se comprendre...
Aujourd'hui, le PS est en petite forme. Bien que le Parti se soit refait une
santé en raflant presque toutes les régions aux dernières régionales.
Cependant, il faut plutôt y voir un désaveu de la politique gouvernemental de la
part des Français qu'une adhésion au projet des "socialistes". En avril dernier,
lors de son conseil national, le PS a pris une orientation plus à gauche que les années précédentes. Mais
ce changement de cap me parait difficilement imaginable quand le candidat le plus en vu dans les sondages pour les prochaines
élections présidentielles est Dominique Strauss-Kahn, l'actuel
président du Fond monétaire international (FMI).
En quelques mots, le FMI est une institution internationale dont le siège
social est aux États-Unis. Cette organisation a été fondée dans le but de réguler la finance internationale et d'aider
les pays du Sud à se développer. Pourtant le FMI à fait des bénéfices sur les pauvres en déguisant tout
cela en aide. Un bien bel exemple de la morale capitaliste. C'est donc Dominique Strauss-Kahn, un des candidats
"socialiste" potentiels à l'élection présidentielle de 2012 qui est à la tête de
cette organisation...
Il devient de plus en plus difficile de distinguer un membre du PS d'un
membre de l'UMP. Leurs politiques économiques et sociales convergent. De plus,
les personnalités de ces deux Partis proviennent de
milieux favorisés. Souvent, ils ont fait les mêmes écoles (ENA, sciences
politiques) et ont une vision identique et formatée du monde, c'est la "fabrication des maître". Voilà pourquoi les différences
idéologiques entre ces deux partis ne se voient pas beaucoup. Ils sont tous
deux dans une bulle distante du peuple. Ces personnalités, malgré ce
qu'elles prétendent, ne connaissent pas ce que vit la majorité de la
population au quotidien. Leur démagogique "politique de proximité " n'est
là que pour des raisons électorales. À part venir serrer la main dans les
marchés et faire un grand sourire devant les caméras, rien de concret n'est fait
réellement.
Une petite lueur subsiste dans la gauche sociale-démocrate française : les
partis écologistes qui ont le vent en poupe en ce moment. En deux élections
(européennes et régionales), Europe Écologie s'est placée comme troisième
force politique. Ce parti surf sur l'"économie verte", de plus en plus en vogue.
C'est un parti jeune, assez nébuleux, dans lequel diverses personnalités du
monde écologique se sont alliées. L'un des leaders est Daniel Cohn-Bendit,
ancien leader des manifestations de mai 68, aujourd'hui prostitué... je voulais
dire député européen. Europe Écologie est-elle un effet de mode ou sa notoriété
va-t-elle devenir croissante ?
Toujours est-il qu'il s'agit pour l'instant d'un parti d'opposition
réformiste (type social-démocratie). Ses alliances avec le PS lors des dernières
régionales ne laissent pas d'espoir de gros changement venant de leur part. Mais
c'est surtout la ligne idéologique libérale d'une partie qui ne laisse augurer
aucun changement. Des écolos capitalistes, c'est un peu antinomique pour
moi.
Les extrêmes
Il reste deux grandes forces politiques, les deux vilains canards. Tout
d'abord l'extrême gauche dans laquelle j'y inclus le Nouveau Parti
Anticapitaliste le PC et le parti radical de gauche (bien que ces deux
derniers soient des Partis socio démocrates, ils ont une volonté de
modifier l'État plus profondément que le PS). Ce sont des partis qui ont des
positions politiques soit révolutionnaires soit très réformatrices. Le
changement pourrait venir d'eux, car leurs idéaux humanistes font rêver (terme
injustement considéré comme péjoratif en politique). Besancenot, un des leaders
du NPA dans son livre "Révolution !" n'était pas contre l'idée de s'allier avec
les vrais partis de gauche réformistes, mais paradoxalement, ils font
toujours cavaliers seuls.
Le NPA est opposé à l'idée de réformes et veut absolument changer le système
immédiatement. L'ambivalence liée à la non-unité de cette gauche rendra
difficile la progression dans les urnes. Et si par miracle ces Partis
arrivaient ensemble à faire un bon score, ce ne serait qu'au prix de
compromis et de comportement contraire à leurs idéaux. La politique corrompt,
c'est le jeu démocratique actuel.
De toute façon, Besancenot le dit bien dans son livre, son Parti se présente
non pas dans l'idée d'être élu, mais pour participer au débat public pour faire
avancer ses idées. Selon lui, les élections sont aussi un thermomètre des forces
politiques permettant de faire pression sur les politiques
gouvernementales. Par les urnes, nous ne sommes pas près de voir un
mouvement de la vraie gauche grimper dans les sondages rapidement.
L'autre vilain canard de la politique française, c'est bien sûr l'extrême
droite avec à sa tête le Front National. Ces dernières années, le FN a poli son image pour mieux faire passer ses idées
nauséabondes dans le débat politique. Ce maquillage a été
efficace, puisque tout le monde se souvient du choc de 2002 et l'accession
au second tour de Le Pen. Le FN a un discours national socialiste : il est
contre les institutions qui ont engendré la crise et veut de meilleures
conditions pour les Français qui ont la nationalité depuis plusieurs
générations. Pourtant,le programme de toutes les factions d'extrême droite est le
même : casse de l'éducation, des retraites et du salariat, privilège accordé aux
patrons et aux plus riches, renforcement de la défense, renforcement sécuritaire
et bien sur xénophobie. C'est donc un modèle libéral. La différence avec l'UMP
et le PS, c'est leur xénophobie clairement affichée...
Malgré la politique antisociale de Sarkozy, le peuple garde pour l'instant
son sans-froid. Mais qu'adviendrait-il si le FN arrivait au pouvoir et exclurait
sans détour ni passe-passe politique toute une frange de la population ? Il est
vrai que l'on a eu un avant-goût récemment avec les expulsions des Roms. Mais si
une telle politique se généralisait à d'autres communautés, la France pourrait
(enfin) s'embraser...