Après l'escapade à Derry il me fallait quitter le centre de Belfast afin de découvrir une tout autre facette de la Ville. Malheureusement, mon plan des rues n'est pas très étendu.
Cependant, je décide d'allé à Shankill road, le quartier loyaliste puisque je peux l'apercevoir sur ma carte.
En chemin, je passe par le quartier Sandy Row, avec une fresque représentant un paramilitaire me "souhaitant" la bienvenue. Il s'agit d'un quartier ouvrier probritannique.
Je suis à ce moment du côté anglais. Les maisons en face de ce mur sont entourées d'un petit grillage. Une porte est entrouverte et je m'y insère. Dès lors, je quitte la "zone touristes". Je m'avance dans les rues du quartier. Toutes les maisons sont en briques rouges, collées les unes aux autres et identiques. Ça ne doit pas être évident d'être facteur ici !
Une rue est complètement à l'abandon. Je m'étonne de la voir dans un tel état de délabrement. L'intérieur des maisons est complètement détruit. On trouve encore quelques affaires dans certaines d'entre elles, comme si leurs propriétaires les avaient du les abandonner en catastrophe. Un habitant du coin m'interpelle et commence à me parler. Il m'explique que cette rue va être rasée et sera complètement reconstruite. Le mec était sympa et n'en avait rien à faire que je fasse mon touriste.
En traversant ce quartier, j'arrive sur Shankill roads, devant un mémorial d'une troupe anglaise d'Ulster (l'Irlande du Nord) qui a perdu de nombreux soldats lors de la bataille de la Somme pendant la Première Guerre mondiale. À Derry il y avait aussi une association commémorant cette unité.
Je continue mon chemin un peu plus loin et je me retrouve à nouveau dans un quartier résidentiel. Une nouvelle fois un anglaise m'interpelle. Cette fois il veut que je le prenne en photo pendant que son pote change la roue de la voiture et pendant que lui mime une fellation. Un humour délicat !
Une pensée m'envahit subitement. Les Anglais seraient-ils des hommes sympa ? Toute mon existence serait alors bouleversée.
Ces quartiers résidentiels sont de vrai labyrinthe, toutes les maisons se ressemblent et la plupart du temps les voies sont sans issues. Ce n'est pas évident pour en sortir.
Peut de temps après ma rencontre avec les deux mécaniciens, j'arrive à un point de passage entre les deux communautés, aujourd'hui ouvert en permanence. Malgré tout, les portes sont toujours présentes. En traversant ce "check point", me voilà du côté irlandais.
Le côté esthétique change. Comme en Irlande, chaque maison a une couleur différente sauf quelque une, mais ce quartier semblait embourgeoisé. L'hostilité envers la communauté britannique est très présente. La phrase de Bobby Sands (membre de l'IRA et mort pendant une grève de la faim) présente sur le mémorial des victimes de la guérilla est éloquente : "Notre revanche sera sur le sourire de nos enfants".
On retrouve assez souvent des IRA tagué sur les murs et même encore des "Britanique dehors".
Depuis le 10 avril 1998 un accord entre les différents gouvernements, partis politiques et les groupes paramilitaires dont l'IRA a été conclu. Le Sinn Fein branche politique de l'IRA, accède au pouvoir. En 2005 l'IRA annonce son désarmement total et en 2007 les troupes britanniques quittent l'Irlande du Nord. Cependant des groupes dissidents continus à mettre la pression sur le gouvernement, notamment en mars 2009 avec le meurtre de deux soldats britanniques à Belfast.
La population, en particulier la communauté irlandaise est partagée entre la paix qui règne enfin après toutes ces années de tueries et le sentiment d'appartenir à un autre pays que celui qui leur est imposé. Aujourd'hui, la seule force qui permettrait de modifier les frontières est la Sinn Fein, mais peut d'exemples dans le monde ont permis une modification de territoire par la voie diplomatique...
Après cette ballade dans les quartiers des deux communautés je termine mon voyage à l'Ulster Muséum qui synthétise l'histoire de l'Irlande depuis la fin de l'époque Viking, ainsi qu’exposition consacrée au conflit. D'autres thématiques sont présentes dans ce musée, mais je n'avais pas suffisamment de temps à m'y consacrer. Il faut que je retourne en Irlande.
Cette seconde visite de Belfast à complètement changer mon opinion sur la Ville. Une ville qu'il faut visiter pas pour son centre, mais pour ses habitants qu'ils soient Irlandais ou Anglais.