Georges Orwell - 1984

Georges Orwell - 1984

« Big Brother n’existe pas, mais son poids se fait de plus en plus sentir... »

Ce livre est une critique virulente des états totalitaires, stalinisme en tête — le portrait fait de Big Brother pourrait être celui de Staline et le livre a été écrit au début de la guerre froide. Mais le nazisme n'est pas oublié, avec l'organisation des espions juniors rappelant les jeunesses hitlériennes, le socialisme anglais ressemblant au national-socialisme ou la lobotomie afin que les personnes changent leur comportement.

Bien que ce livre ait été écrit en 1948, on remarque que sur beaucoup de points l'auteur a été visionnaire : caméras dans des lieux publics, fichages récurrents (transports en commun, permis de conduire, passeports...). Et cela se passe dans nos "démocraties"...

Le monde dans lequel l'histoire se déroule est un monde totalitaire où la liberté n'existe plus.

Cela se passe aux alentours de 1984. Winston Smith est un employé du Parti. Un jour, il prend le risque d'écrire un journal dans un coin où le télécran ne peut l'observer. Ce geste est considéré comme un crime de la pensée. Il le fait, parce qu'il croit qu'O'Brien, un membre du Parti intérieur — haut fonctionnaire — est en lutte contre celui-ci. Depuis peu, il remarque qu'une fille le suit. Il est persuadé qu'elle l'espionne. Elle arrive à lui transmettre un bout de papier sur lequel est écrit « Je vous aime ». Julia et Smith vont alors devenir amants.

Ils vont se voir à l’abri des regards, car avoir des relations avec d'autres membres du Parti est grave. Ils se rejoignent régulièrement dans une chambre au-dessus de l'antiquaire chez qui Smith a acheté le carnet où il écrit son journal, un endroit sans télécrans. Il arrive ensuite à rencontrer O'Brien, qui lui donne à lire le livre de Goldstein (ennemi personnifié et pure création du parti). Au bout de quelque temps, les deux amants sont dénoncés et arrêtés par l'antiquaire qui s'est révélé être un des dirigeants de la police de la pensée.

En prison, il découvre qu'O'Brien n'est pas un résistant, mais à la solde du Parti. Celui-ci lui fait subir une torture mentale de plus en plus forte au fil des interrogatoires pour qu'il se mette à adorer Big Brother et le parti. Pour cela, il doit oublier tout ce qui va à l'encontre de la vérité du parti, c'est la double pensée. À sa sortie, il est devenu comme tout le monde, un adorateur du Parti, mais comme tous ceux qui ont commis un crime, il doit disparaître...

L'auteur

G. Orwell, de son vrai nom Éric Arthur Blair, est né en Inde le 25 juin 1903. Après un court séjour en Angleterre, il y retourne et puis s'engage dans la police impériale en Birmanie. Il démissionne cinq ans plus tard, car il s'oppose à la politique anglaise d'oppression aux Indes. Il passe une période difficile à Paris durant laquelle il fera différents petits travaux. Cette période sera le sujet de son premier récit, « Dans la dèche à Paris et à Londres ».

Fin 1936, il part pour l'Espagne. Il participe à la guerre contre le soulèvement antirépublicain mené par Franco. Blessé à la gorge, il survit et est démobilisé (il racontera cette période de sa vie dans « Hommage à la Catalogne) ».

Contrariant le désir qu'il avait de s'engager durant la Seconde Guerre mondiale, sa blessure à la gorge le fait réformer. Malgré celle-ci, il réussit en 1940 à se faire engager comme speaker à la BBC. En 1943, il devient directeur de l'hebdomadaire The Tribune, puis en 1945 envoyé spécial de The Observer en Allemagne et en France, où il est chargé d'observer la vie politique.

À côté de sa carrière de journaliste, il continue d'écrire. En 1945, il publie « la Ferme des animaux », une satire du système stalinien qu'il a pris en horreur. Ce livre a eu un retentissement énorme d'autant plus qu'il est apparu au début de la Guerre froide.

Mais c'est en 1949, avec la publication de « 1984 » (écrit en 1948, alors qu'il était atteint de tuberculose), roman terrifiant d'une société totalitaire, qu'il connaît une gloire mondiale.

Il meurt à Londres le 21 janvier 1950 des suites de sa tuberculose.

La situation du monde en 1984

Le monde est divisé en trois gros blocs :

— l’Océania, où l'histoire se déroule, comprend les Amériques, les îles de l’Atlantique, y compris les îles Britanniques, l’Australie et le sud de l’Afrique.

— l’Eurasia comprend toute la partie nord du continent européen et asiatique, du Portugal au détroit de Behring.

— l’Estasia, plus petite que les autres et avec une frontière occidentale moins nette, comprend la Chine et les contrées méridionales de la Chine, les îles du Japon et une portion importante, mais variable, de la Mandchourie, de la Mongolie et du Tibet.

Le reste des territoires est disputé entre les trois.

Deux de ces trois grands Continents s'allient pour attaquer le troisième, mais ces alliances changent très souvent et l'ami du jour peut-être l'ennemie de demain. Cette guerre permanente n'a pas pour but d'acquérir des territoires, mais pour conserver la flamme patriotique du peuple.

Les trois blocs ont un système politique très similaire, c'est-à-dire un système où la liberté n'existe pas.

Le Parti en détail

Les ministères

Le Parti est partagé en quatre ministères :

— le ministère de la Vérité qui s’occupe des divertissements, de l’information, de l’éducation et des beaux-arts. C'est là où Winston travaille. Il est en permanence à changer les écrits ou récits du passé selon la situation politique ou économique du moment, afin de toujours montrer le Parti sous un beau jour. « Qui détient le passé détient l’avenir », dit-il.

— le ministère de la Paix, qui s’occupe de la guerre.

— le ministère de l’Amour qui veille au respect de la loi et de l’ordre.

— le ministère de l’Abondance qui était responsable des affaires économiques.

Les classes sociales

La population est divisée en trois classes. Il y a les prolétaires qui forment 85 % de la population. Ils ont plus de liberté que les autres, ils n'ont pas de télécrans chez eux. On les endoctrine que très peu, le Parti considérant que les travaux physiques épuisants, le football, la bière ne leur laissent pas beaucoup de temps pour se révolter. Leur manque de coordination n’étant pas soutenu par des idées générales, ils n'auraient pas de réel impact s'ils étaient tentés de se rassembler, toujours selon le Parti. De plus, ils sont méprisés par les membres du Parti. Les deux autres classes sont les membres du Parti — classes moyennes — et les membres du Parti intérieur — hauts fonctionnaires et décideurs. Les premiers s'occupent des tâches administratives, les seconds occupent de hautes fonctions (c'est le cas d'O'Brien).

Les télécrans

Il y en a dans chaque domicile et dans les centres-villes. Ils permettent de surveiller les moindres faits et gestes de chaque personne. Si un individu emprunte un chemin différent que celui qu'il prend d'habitude, ou s’il a un sourire quand il est seul, il sera particulièrement suivit. Les télécrans diffusent aussi des images servant de propagande notamment lors des deux minutes de haine. C'est un message où apparaît le « traite » Goldstein dénonçant la dictature du Parti, exigeant la paix avec l’Eurasia, défendant la liberté de parler, la liberté de la presse, la liberté de réunion, la liberté de pensée... Mais les gens tellement endoctrinés par le Parti qu'ils deviennent hystériques devant ces propos censés. Ils hurlent, l'insultent. Ces deux minutes de haine permettent d'extérioriser les frustrations de chacun, afin d'éviter qu'elles soient dirigées sur le Parti.

La propagande

Il y en a dans chaque domicile et dans les centres-villes. Ils permettent de surveiller les moindres faits et gestes de chaque personne. Si un individu emprunte un chemin différent que celui qu'il prend d'habitude, ou s’il a un sourire quand il est seul, il sera particulièrement suivit. Les télécrans diffusent aussi des images servant de propagande notamment lors des deux minutes de haine — les scènes de joie aux États-Unis lors de l'annonce de la mort de Ban Laden étaient du même acabit. C'est un message où apparaît le « traite » Goldstein qui dénonce la dictature du Parti, exigeant la paix avec l’Eurasia, défendant la liberté de parler, la liberté de la presse, la liberté de réunion, la liberté de pensée... Mais la population est tellement endoctrinée par le Parti qu'elle devient hystérique devant ces propos censés. Ils hurlent, insultent Goldstein. Ces deux minutes de haine permettent d'extérioriser les frustrations de chacun, afin d'éviter qu'elles soient dirigées sur le Parti.

La novlangue

La langue anglaise est encore essentiellement utilisée, mais le Parti la remplace progressivement par la novlangue, pour, à terme, la remplacer définitivement. Le but est d'appauvrir la langue afin de rendre impossible tout autre mode de pensée. Les mots sont créés à partir de la contraction de deux autres mots déjà existants ; par exemple, « nouveau langage » va devenir novlangue ou « socialisme anglais » va devenir angsoc. Le nombre de mots est très petit, mais certains peuvent avoir une double interprétation selon son utilisation. S’il est appliqué à un ennemi, il aura une connotation péjorative, mais s’il est appliqué à un membre du Parti, il changera de sens.

La délation

Tout système totalitaire fonctionne sur la peur et notamment celle du voisin. La dénonciation a donc toute son importance, parce qu'elle permet d'éviter des complots. Le Parti attache une grande importance à ce que les enfants puissent dénoncer leurs parents. Ils sont éduqués chez les espions juniors où ils sont conditionnés afin qu'ils vénèrent le Parti et qu'ils n'aient pas de scrupules à dénoncer qui que ce soit.

La double pensée

Elle consiste à croire de bonnes fois à deux opinions contradictoires, tout en ayant conscience qu'elles le sont. Par exemple, croire en même temps que la démocratie est impossible et que le Parti est gardien de la démocratie. Il faut choisir la bonne opinion selon le contexte.

Le Parti utilise la double pensée dans ses slogans :

« La guerre, c’est la paix »

« La liberté, c’est l’esclavage »

« L’ignorance, c’est la force »

Les crimes

Le fait d'avoir un sourire, d'emprunter un chemin différent que d'habitude, avoir des relations avec d'autres membres du Parti peut être considéré comme un crime. Les télécrans et les espions sont là pour aider la police de la pensée à surveiller la population. Une fois un crime avéré, c'est l'emprisonnement. On y torture les individus jusqu'à ce qu'ils adoptent la double pensée. Pour cela, les prisonniers sont mis face à leurs peurs les plus profondes. Une fois la lobotomie effectuée, les prisonniers sont relâchés. Ils seront tous assassinés au bout de quelque temps.

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