Attentat Sonore

Voici l’interview d’un des plus vieux groupes punks français en activité. Ils ne sortent pas souvent de disques, puisque à part plusieurs apparitions sur des compilations, et quelques EP, ils ont sorti qu’un 7" il y a quelque temps. Ce groupe reprend la flamme du Wunderbach avec un chant mixte et des textes très critiques et musicalement c’est tout aussi bon ! (Avril 2004)

1.Présentation du groupe. Pourquoi avez vous fait si peu de productions par rapport aux nombres important de compilations sur lesquelles vous figurez ?
Raf (gratte, balbutiements) : La réponse est simple, on est cinq, on travaille tou(te)s, on a d'autres occupations, et on n'est pas hyper rapides pour tout ce qui est compos et enregistrements…Après le split 7" avec Negative I.Q., on a attendu pas mal et changé de line-up, avec un nouveau batteur, puis un troisième. Du coup on a plus passé de temps à rebosser les titres qu'à en écrire d'autres. A ce jour on en a 6-7 nouveaux qu'on compte bien enregistrer rapido, plus une ou deux reprises qui traînent depuis longtemps. En projet, on aurait un 7" sur le label suisse STRONGLY OPPOSED et une compilation internationale avec 2 groupes brésiliens, SICK TERROR et F.D.S., et un hollandais, PCP. On souhaiterait aussi sortir le 10" en CD avec des titres bonus, mais le vinyle prime sur le CD.
Loulou (basse, testeur de bières, interprète) : En vrac et dans le désordre les raisons peuvent être parce que, contrairement à ce qui semble être la norme aujourd'hui, on ne ressent pas le besoin de sortir une prod pour prouver que l'on existe, parce qu'il y a eu de nombreux changements au sein du groupe et qu'à chaque fois il faut reprendre presque tout à zéro, parce qu'on est pas riches et que sortir un EP en autoprod ça coûte des thunes, etc…
Régis (chant, cuisine, roadie, tourbus fart provider) : Les compils sont pratiques pour diffuser rapidement des morceaux dans l’urgence. On a pas trop de temps pour les répètes, on compose pas vite et pas trop de thunes pour enregistrer tous les quatre matins. Les compils permettent de « rester à flot » et pas trop se faire oublier.

2.J'aurais aimé savoir d'où proviennent les extraits de films présents sur Social Headache.
Loulou : Toi, t'as pas bien lu l'insert… Y'a une (fausse) pub où les films sont mentionnés…
Raf : Pas mieux… ;-) Allez, un p'tit effort…

3.Le groupe existe maintenant depuis pas mal de temps. Trouvez-vous que le punk a bien évolué ? Avez- vous des regrets, de la lassitude, de la nostalgie par rapport aux débuts du groupe ?
Régis : Je n’étais pas dans le groupe à ses débuts, je n’y chante que depuis 1998. L’évolution du punk est nécessaire, avec la « démocratisation du style » il y a forcément beaucoup de trucs pas très intéressants qui prennent le train en marche. Heureusement il y a aussi des groupes géniaux anciens ou récents. Moi j’ai quand même la nostalgie des débuts ou des années 80 où c’était parfois dangereux pour ta gueule d’être punk, où les groupes y allaient à fond dans la nouveauté (toujours cette notion d’urgence), où surtout tout restait à faire. Je pense qu’on a une situation plus confortable aujourd’hui, c’est peut-être un peu plus facile pour faire un groupe, trouver des gens et des contacts. Ce qui est plus dur dans ce contexte c’est d’être original et savoir évoluer intelligemment.
Raf : Le punk a évolué bien sûr, plutôt en bien je trouve, quand il évite la merde élitiste et le piège démagogique. Les débuts du punk n'étaient pas si fantastiques, il faut arrêter de tripper sur un âge d'or qui n'a sans doute jamais existé. Ce qui compte, c'est maintenant, et l'avenir, en évitant les erreurs précédentes, non ? Des regrets concernant le groupe…non, pas vraiment, si ce n'est qu'aujourd'hui on pourrait jouer plus facilement et que nos emplois du temps ou occupations ne facilitent guère la tâche. Enfin, on joue tout de même plus souvent qu'avant et j'espère que ça continuera ainsi. C'est toujours cool de retrouver des potes ou de faire de nouvelles connaissances.
Loulou : S'il y avait de la lassitude, on serait plus là je pense… De la nostalgie pas vraiment : l'époque de la boite à rythmes tombant régulièrement en panne ne me manque pas trop… Pas de regrets non plus, je garde au contraire de bons souvenirs comme le concert chaotique qu'on avait fait à Paname dans une ancienne synagogue, le super accueil de Germain (depuis le temps, il est encore dans le top 3 de ceux qui nous ont reçus avec classe !!!), un concert en Creuse où on a eu un rappel comme jamais (tout ça parce qu'on jouait en dernier ce qui voulait dire que si on continuait le bar restait ouvert… C'était assez drôle parce que dès qu'on a recommencé à jouer les mecs se sont tous barrés picoler…) etc. Steph (batterie, gigantisme effréné) : Le punk en tant que musique a à mon sens bien évolué car on retrouve aujourd'hui beaucoup de variantes de punk rock et donc plus de monde y trouve son compte. De plus je trouve que le punk a pris avec les années un peu de fun ce qui n’est pas pour me déplaire. Le punk en tant que mouvement de par les effets de mode qu’il a subis est sûrement moins rebelle, moins engagé qu’autrefois... perso cela ne me gêne pas ! Sinon je n’ai pas de regret quant à l’évolution du groupe car étant le batteur, si le groupe n’avait pas évolué, je ne serais pas dedans !

4.Les cassettes étaient avant le meilleur moyen de diffuser la musique. Ne pensez vous pas qu'avec le CD et l'Internet le mot DIY n'a plus la même signification, que tout devient plus facile ?
Steph : Pour copier des k7, il fallait une k7 vierge et un enregistreur ...Pour copier des CD, il faut un CD vierge et un graveur. Le principe est le même. Internet, c'est différent et certes cela facilite les choses, mais bon, qui s’en plaindra ?? Régis : Avec le CD et Internet le DIY a pris une autre dimension. Tout est diffusé en temps réel, dans l’instant, je sais pas si on peut appeler ça de la communication. J’ai des doutes. Je préfère toujours le courrier classique aux emails (l’informatique me file des maux de crâne ! !). Je fais toujours des K7 compiles de presque tout ce que j’achète en CD et vinyle ! ! Le DIY n’en a pas pris un coup pourtant. C’est toujours le même but mais en utilisant la technologie moderne. L’ordinateur a remplacé en partie le phone ou la poste.
Loulou : A l'époque la K7 a rendu les choses plus faciles, maintenant c'est le CD… Les choses évoluent, le DIY aussi. On ne va quand même pas regretter que les choses deviennent plus faciles. Je ne pense pas que le DIY ait eu un jour la volonté d'être synonyme de difficulté même si dans les faits ça a souvent été ça. Il ne faut pas croire pour autant que parce que le CD est là, les groupes ne galèrent plus… Le net rend les choses à la fois plus faciles pour ce qui est de communiquer rapidement et faire passer les infos mais il les complique aussi : chaque groupe a son site fait parfois de façon super professionnelle. Le problème est ensuite de trouver quel groupe est un "vrai" groupe, lequel est musicalement intéressant, etc.

5.Ces moyens de diffusions vous ont-ils aidé ?
Raf : On a sorti 4 k7, et des tas de compiles sur le même format. Certaines ont été distribuées dans le monde entier, des Philippines à la Pologne, sans qu'on ait aucun contrôle dessus, certes, mais ça nous a permis de rencontrer des gens intéressants et de découvrir des scènes qui étaient vraiment, vraiment sous la pression des autorités ou de l'économie. Dans certains pays, aujourd'hui, une k7 ou un CD-R représentent une journée de salaire ! Je crois que le CD-R est un support physique supérieur à la bande magnétique en ce qui concerne les démos, les compiles, etc. Plus facile d'accès aujourd'hui que les k7, et moins cher, donc pas de regrets…Pour l'Internet, ça peut être un excellent outil, et aussi une belle perte de temps quand certains l'utilisent pour se faire mousser au détriment des autres, en oubliant toute solidarité et en balançant des rumeurs assassines. Quant aux formats de musique sur le web, que ce soient les mp3 ou les ogg, c'est une bonne chose et on continuera à laisser des titres à nous sur les sites en téléchargement libre.
Loulou : Pour le site, faut demander à Raf, c'est lui qui gère le truc de façon super-pro (héhéhé). Pour le CD, peut-être dans le sens où l'on s'est retrouvé sur pas mal de compiles CD bien que ce ne soit pas notre format de prédilection, et pas vraiment dans le sens où l'on ne vient de sortir un CD-R que maintenant…

6-Vous reprenez The Partisans, Oi Polloi, Kidnap ? ... Cela reflète vos influences ? Quels sont les groupes qui vous ont fait aimer le punk et donné envie de monter un groupe ?
Raf : Pour la majorité des membres du groupe, on peut répondre que oui, Steph n'étant pas tout à fait de la même génération ;-) Pour beaucoup de monde, le punk a succédé au rock, en apportant le petit plus qui rend ce style si différent des autres : l'esprit D.I.Y. ! Chacun peut le faire, on ne va pas attendre qu'un manager véreux nous trouve un nom ou un label…Et si les textes apportent quelque chose, c'est encore mieux, vu que si le punk a évolué, la société n'a fait que régresser !! Donc les groupes que tu cites nous conviennent parfaitement à ce niveau-là. Ceci dit on reprend parfois des morceaux moins typés "punk", comme Emergency de Girlschool. Et on reprend d'autres morceaux qu'on ne garde pas forcément dans le set, pour le fun.
Steph : Pour ma part, non, ce ne sont pas du tout mes influences, le punk m’est venu en fait grâce au heavy des années 80 et au mouvement punk alternatif de la même époque. Les groupes m’ayant donné envie de faire de la musique : Nirvana et la scène Grunge, NofX, puis 7Hate, Burning Heads, la scène française mélodique lancée par les BH.
Loulou : Bien sûr qu'on reprend des groupes qui nous ont plus ou moins influencés. Dans la liste des groupes auxquels nous nous sommes attaqués, il manque toujours Conflict. Pour moi c'est un groupe absolument essentiel. On n'a pas osé (pas encore ?) massacrer un de leurs titres. Certainement parce que leurs morceaux sont longs et donc trop durs à retenir pour nous. Et aussi peut-être parce qu'on ne veut pas commettre un tel sacrilège…
Régis : Il y a des tonnes de groupes qui m’ont donné envie de jouer. D’abord les vieux groupes métal comme BLACK SABBATH, VENOM... Puis le punk et le hard core old school (DRI, REAGAN YOUTH), les trucs rock’n’roll, psychobilly... Mes groupes ultimes ? MOTÖRHEAD, POISON IDEA, GG ALLIN, INFEST, NEGATIVE APPROACH... Plus récemment TURBONEGRO, ZEKE, HELLACOPTERS, TEMPLARS, OXBLOOD, WRETCHED ONES....Etc.

7-Comment se porte la scène limougeaude ?
Steph : ... trop peu de rapports entre les groupes, c’est assez fade.
Raf : C'est pas la grande folie, mais les groupes actifs se rencontrent toujours, et il y a une assez grande diversité : Undertakers (surf / punkrock), 55 Cheese ("emo" de grande classe, si si !), dGnRate (punk/ska), Come Crashin (emo), Negative I.Q. (entre Oi ! et HC), Unsafe (metal), Heat Seekers (punk'n'roll) pour ceux qu'on a pu voir récemment. Y'a aussi Bee Dee Kay & the Roller Coaster qui sont à cheval sur Limoges et Bourges, et les Ejectés qui tournent toujours énormément. J'ai dû en oublier.
Régis : Il y a toujours eu pas mal de groupes à Limoges dans des styles très différents et pas mal de super concerts dans les années 90. Aujourd’hui niveau concerts c’est très et trop calme, pour les groupes écoutez à fond BEE DEE KAY & THE ROLLERCOASTERS (excellent rock’n’roll) ce sera un bon début ! ! ! Cette ville est devenue vraiment trop calme ! ! !
Loulou : Pas mieux et pas plus mal qu'ailleurs je suppose… Au niveau des groupes, certains dans différents styles ont leur petite renommée (Les Ejectés, Bee Dee Kay & The Roller Coaster, Negative IQ) ce qui n'est pas si mal pour une ville comme la nôtre. Au niveau programmation, on a connu mieux il y a quelques années mais il y a une ou deux assos qui se démènent pour sortir Limoges de sa torpeur. Le gros problème ici c'est qu'il n'y a pas de salle pour faire passer un "petit" groupe. C'est malheureusement pas nouveau…

8-Vous avez un texte sur la violence lors des concerts. Trouvez-vous qu'il y en a beaucoup ? Y en a t-il toujours eu ?
Steph : Perso je trouve qu’il n'y a pas spécialement de violence dans le rock en général aujourd'hui, ce qui est cool. Par contre, je trouve assez fatigant certains individus pratiquant sans aucun respect pour autrui ce qu’ils appellent le « karaté style », notamment dans les concerts HxC New School.
Raf : Tout à fait…Les démonstrations de virilité abrutie ont tendance à nous gaver…Il en est de même pour les gaillards qui pogotent sans faire gaffe, des idiots pareils dissuadent sans doute beaucoup de personnes, en particulier des jeunes de s'approcher de la scène. Un bon concert peut se passer sans ces conneries là, un bon pogo dans le respect mutuel, ça arrive très souvent heureusement. Bien sûr, on n'est pas pour que les gens restent les bras croisés devant la scène, un minimum d'interaction c'est le plus cool. En ce qui concerne la violence aux concerts d'un point de vue "historique", ça tenait sans doute plus à la présence des fafs ou des bandes il y a quelques années.
Loulou : Il faut pas se leurrer, il y a quand même plus de chance qu'il y ait de la violence lors d'un concert punk ou oi! que dans un concert de jazz. Je suis pas pour autant certain que cette violence spécifique souvent gratuite doive être une source de fierté… Pas besoin d'imaginer une émeute en parlant de violence, il suffit souvent d'un seul mec voulant prouver à la salle qu'il a des couilles pour foutre une soirée en l'air…
Régis : Il y a toujours eu de la violence aux concerts. Honnêtement avec Attentat on a pas à se plaindre de ce côté là. Notre public a l’air raisonnable dans l’ensemble. Avec mon autre groupe NEGATIVE I.Q. on a vu des trucs de vrais connards dans des concerts punk / oi ! Notamment une fois en Bretagne où tu te demandais si t’étais pas tombé dans une compète de full contact ! ! Chez les rambopunks/ramboskins le poids du cerveau est inversement proportionnel à la taille des muscles. C’est une loi mathématique, à copier 100 fois pour demain ! !

9-Vous parlez des sectes et/ou des religions. Faites-vous la différence entre ces deux termes ?
Steph : Non, on ne peut pas faire l’amalgame entre secte et religion même si certaines religions mises dans le cerveau de certains tarés peuvent vite devenir plus dangereuses que les sectes.
Raf : Je pense au contraire que toute religion est une secte qui a réussi à prendre le dessus sur d'autres, et qu'il n'y a donc pas à respecter l'une plus que l'autre parce qu'elle est établie depuis des siècles. Les Mormons, dont on parle dans Salt Lake Nazis, sont une secte d'illuminés, qui ont été menés par un leader / manipulateur qui aurait fait fortune du temps des télévangélistes. Leurs valeurs sont celles d'une Amérique puritaine, raciste, homopho-be, et hypocrite. Le texte de notre chanson parle de cela mais sur un ton moins sérieux, ça tient plus de la satire. Ceci dit, les autres religions ne me sont pas plus sympathiques, elles ont toutes pour but de nier l'individu ou de l'amener à supporter sa condition en attendant d'hypothétiques jours meilleurs… Il y a des valeurs humaines qui sont plus importantes que celles récupérées par les religieux.
Loulou : Les sectes sont toutes d'inspiration religieuse donc… Je suppose que par religion tu sous-entends religions chrétienne, musulmane et juive par oppositions aux sectes. J'exècre l'endoctrinement qu'il soit sectaire ou religieux : au niveau de l'étroitesse d'esprit je fais pas de différence entre les raéliens ou des fanatiques qui au nom d'un bouquin lancent par exemple une fatwa ou culpabilisent des femmes se faisant avorter (comme si elles y allaient de gaieté de cœur…) Je déteste encore plus quand ces sectes ou religions cherchent à s'enrichir aux dépens de leurs fidèles. Je vois pas non plus de différence entre le Mandarom demandant une partie du salaire de ses adhérents et les deniers du culte des cathos. Je hais quand il y a une volonté de domination politique derrière ces croyances : le principe est le même entre la Scientologie infiltrant les milieux décisionnels pour étendre son pouvoir et les colons israéliens en Palestine… Par contre je respecte profondément les personnes vivant sereinement et tranquillement leur religion. Si c'est quelque chose qui leur est personnel, je ne vois pas de quel droit je pourrai les juger même si leur choix me paraît déconcertant dans le sens où je ne ressens pas le besoin de vivre en fonction d'une Bible ou d'un Coran. Je peux cependant comprendre qu'une personne puisse trouver son équilibre de cette manière. A cette tolérance de ma part, il y a deux exceptions : les témoins de Jéhovah et bien évidemment les Mormons !!! Régis : Je ne sais plus qui a dit une fois qu’une religion c’est une secte qui a réussi ! ! Pour moi c’est du pareil au même. Contrôle des masses, appât du gain, racisme, intolérance, homophobie, sexisme... sous couvert d’amour de son prochain et de paix. Je respecte les croyants et leurs croyances tant qu’ils n’essaient pas de m’endoctriner. Il n’existe que deux causes de guerre sur cette planète : la politique et la religion. Notez aussi qu’un parti politique est aussi pour moi une secte ! ! !

10-Pouvez vous parler des autres thèmes abordés dans vos textes ?
Régis : Dans nos textes nous parlons aussi du travail, de communication, des extrémistes lobotomisés (pléonasme ! !)... Loulou : J'ai déjà suffisamment de mal à jouer de la basse, c'est pas pour m'occuper en plus des textes…
Raf : Eh bien, sur le même disque, Bords de Vienne parle de notre ville, Limoges ; Mobile Assholes est encore une satire, des utilisateurs dépendants au téléphone portable ; Social Headache, Enchaîné et Better than Zero évoquent les conditions de travail, les régressions sociales, et l'action du patronat qui tente de diviser celles et ceux qui l'exploitent en leur trouvant de nouveaux boucs émissaires ; (More than) Boots & Braces évoque le sujet de la question 8 et l'infiltration des boneheads dans la scène. Dans nos nouveaux titres, il est question de différents sujets d'actualité, de la musique préfabriquée, de ces "rebelles" d'extrême droite qui servent si bien le système qu'ils disent combattre, mais il est rarement sujet d'amour et de fleurs…

11-Que pensez vous des groupes qui prônent la révolution et deviennent connus en peu de temps, alors que vous vous êtes depuis le début dans un "circuit fermé" ? Le show biz ne vous tente pas ?
Steph : Si, un pied dans le show biz, ce pourrait être drôle, mais sérieusement AS n’est pas un groupe pour le show Biz ; y a qu’à voir nos gueules ! ! Même si jouer en play-back juste après Lorie dans l’émission de Foucault ça doit être cool !
Régis : Les groupes qui prônent la révolution et qui deviennent très connus en peu de temps je les laisse aux mains de leur conscience. Je m’en fous complètement. S’ils portent la révolution à la télé et foutent un bordel monstre pour faire changer positivement les choses, ok ! ! Mais t’en connais toi des groupes comme ça ? On évolue pas en circuit fermé mais en circuit parallèle, on se sent pas coupés du monde. Le show biz, c’est pas une secte ça ?
Loulou : On a bien sûr un regard critique sur ce qui nous entoure mais je n'ai pas vraiment l'impression qu'on ait été un jour un groupe appelant à la révolution si c'est ce que tu veux dire… Pour les révolutionnaires devenus connus, je sais pas à qui tu fais allusion. A Manu Chao ? A la limite je préfère voir un mec comme lui qui reste assez fidèle à ses idées en continuant à faire des concerts contre la mondialisation plutôt qu'un groupe comme les Wampas se faisant des thunes en reprochant à Manu Chao d'avoir un gros portefeuille… On pourrait aussi disserter sur le cas Bérurier Noir. Quand on voit les raisons qu'ils ont données quand ils se sont sabordés et la manière dont leur reformation se passe aujourd'hui, il y a quand même un gouffre qui laisse songeur… A ce niveau là, ça n'a effectivement plus rien à voir avec le punk, c'est plus du marketing et du show-biz. Et ça, ça ne me tente vraiment pas. On n'a aucun plan de carrière, pas de manager, pas de coach, rien de tout ça. A la réflexion c'est peut-être aussi un élément de réponse à ta première question… Le punk n'est pas pour moi un métier avec l'ambition de monter dans la hiérarchie mais un état d'esprit, une passion. Effectivement c'est pas comme ça qu'on risque de s'enrichir financièrement…
Raf : Je ne vois pas trop de qui tu parles, en fait, là ? Je ne sais pas non plus si on est dans un "circuit fermé", je ne le ressens pas en tout cas, on joue dans des endroits divers, avec une préférence quand l'esprit D.I.Y. est là. Si on veut que la scène avance, ce n'est pas en fermant des portes qu'on y arrivera, mais en créant des liens et en tissant un réseau solide. Quant au showbiz, est-on certain qu'il existe ? Quelqu'un l'a-t-il déjà rencontré ou est-ce une illusion d'optique ?! En tout cas, on n'a jamais été payé en coke !!

12-Vous avez fait plusieurs apparitions dans Rocksound. Ce genre de media est-il bénéfique au punk ? N'est-ce pas en contradiction avec ce que vous dites dans vos textes ?
Raf : C'est dans Punk Rawk que l'on est passés, pas vraiment la même chose au niveau contenu même si ça reste un magazine professionnel. A partir du moment où l'image et les propos du groupe sont respectés, ça ne me pose pas de problème, ayant grandi avec pour seule lecture musicale Best ou R&F avant de découvrir les fanzines, je trouve ça plutôt positif que les gamins d'aujourd'hui puissent avoir sous les yeux autant de groupes, de labels, de zines... Le fait que les groupes de majors ou de gros indés soient plus mis en avant, évidemment, pourra en rebuter pas mal, mais quand on regarde le nombre de zines ou labels 100% D.I.Y. qui sont passés dans ce magazine, je trouve que l'équilibre n'est pas si défavorable pour un magazine pro ! Régis : A Rock Sound il y a des gens qui écoutent vraiment du punk et qui ont fait des fanzines pendant des années avant de passer au magazine. Ils ne sortent pas de nulle part en disant « je vais faire un journal punk parce que ça va marcher à fond ! ! » Je n’ai pas de problèmes avec les gens qui savent de quoi ils parlent.
Loulou : Là, la question se pose plus a priori étant donné que la boite dont dépendait Rocksound a déposé le bilan… J'sais pas si ce genre de média peut être bénéfique au punk. Bénéfique dans quel sens ? Si ça fait découvrir a des "djeuns" que le punk c'est pas Limp Bizkit alors c'est positif mais pour le reste je reste persuadé que ça ne vaut pas un zine (il faut quand même reconnaître à ce magazine qu'il s'intéressait aussi aux zines, ce qui n'est pas le cas de tous ses confrères…) Quand on a répondu aux interviews on savait à quoi s'attendre de la part du journal et on n'espérait pas que ces lignes nous ouvriraient les portes de la renommée… Comme on s'en doutait, nos réponses on été coupées et remontées sous forme d'article, on n'a pas été étonné plus que ça. Ensuite pour la notoriété, franchement je suis vraiment super sceptique parce que ce les fans ne se sont pas bousculés, c'est le moins qu'on puisse dire. Le punk est ce que tu en fais donc à partir de là je préfère qu'Attentat ou un autre groupe dans le style soit interviewé plutôt que les gros trucs ricains (genre Fat Wreck/Epitaph) dont je ne me sens absolument pas proche ni dans l'esprit ni dans la démarche… Steph : Oui à 100% Rock Sound est bénéfique au rock car c’est le seul magazine à grand tirage qui parle de toutes les tendances rock, de beaucoup de petits groupes ( la preuve on est passé dans RS, pas dans les Inrock, Rock & Folk...) ; de plus RS est un magazine fait par de vrais fans de rock et de punk qui viennent tous du circuit indépendant.

13-Des projets, un mot pour la route ?
Loulou : Vivre pas survivre me paraît être une bonne ambition... Le mot pour la route sera un merci sincère pour toi. Pour cette interview mais aussi pour ton soutien que tu m'as adressé dans d'autres circonstances…
Steph : Raf parlera mieux que moi des projets, un mot pour la route ? ..... Tom (c’est mon fils).
Régis : On voudrait sortir un nouveau 45 et jouer chez toi...
Raf : Pour les disques, je t'en ai parlé plus haut. On compte bien jouer ici ou là dans la mesure du possible… Merci pour l'interview !

Contact postal : Do It Yourself, B.P. 135, 87004 Limoges cedex 1 - Site internet

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