La prison ne suscite que très rarement le débat si ce n’est lors de l’application de réformes qui ont souvent pour objet de faire fluctuer le type de peines et leurs durées. Mais en dehors des milieux anti-autoritaires la question de l’existence des prisons semble acquise. Pourtant, les études menées sur le sujet montrent l’inefficacité du système pénitentiaire, et ce dans tous les pays et malgré les moyens investis. L’idée même de désocialisation est au cœur de l’échec.
La déshumanisation engendrée par la répression et la confiscation de liberté excluent davantage le sujet enclin alors à la récidive. La prison ne s’attaque pas aux problèmes qui ont amené un individu à l’acte. Elle est là dans le but de maintenir un ordre bourgeois inégalitaire dans lequel les possédants et leurs biens frustrent une partie des couches les moins fortunées de la population.
Cette bande dessinée relate l’histoire de Milan qui en 1985 a été condamné à 20 ans de prison pour vol. Il ne supporte pas les humiliations quotidiennes de certains matons, les privatisations élémentaires comme l'intimité, peu de parloirs... Milan devient ainsi l’instigateur de mouvements de révolte qui l’amèneront au quartier d’isolement. Les nombreux transferts par l’administration pour le briser rendront ses rapports avec sa petite-amie difficile. Car en plus du condamné lui-même, son entourage doit subir cette séparation.
L’histoire reprend des éléments de l’expérience carcérale de Miko, devenu président fondateur de l’association Bien Public qui travaille sur les prisons et l’incarcération en Europe.
Bien que les années 1985 soient lointaines maintenant, la problématique de l’incarcération demeure et ce n’est pas les modifications superficielles qui ont changé les choses. Au contraire, les nouvelles prisons françaises malgré leur modernité connaissent des émeutes et le taux de suicide est incroyablement élevé.
Cette Bd-témoignage nous fait réfléchir sur la prison et son utilité. Depuis des siècles, les prisons existent et la criminalité n’a pas disparu. Il est donc temps de se poser les bonnes questions.
En complément,
une fable expliquant la dite « surpopulation carcérale ».